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Hanouna, pire que Zika.

Charlie Hebdo s’est attaché à un sacré morceau : se défendre du goût des autres.
D’habitude c’est « l’élite » qui fait la fine bouche et dicte le bon et le mauvais genre. Les snobs embrayent, le bon public ricane, mais on voit rarement un magazine hebdomadaire s’en prendre à une icône du showbiz.
Les parangons du rire délicat n’ont garde de s’immiscer dans le rire populaire vu par les spécialistes de l’audimat, car ils partagent un fond de vulgarité avec ceux qu’ils méprisent sans l’oser pouvoir dire.
L’illustratrice Coco montre ici qu’elle a du cran. Dessiner ce qu’on pense est un plaisir très vif. Il est difficile à un être libre d’y résister.
Les faits :
En kiosque depuis ce matin, à la Une de Charlie Hebdo, l'illustratrice Coco, met en scène Cyril Hanouna déguisé en moustique, en train d’aspirer le cerveau d’un téléspectateur, le tout accompagné du titre : "Pire que Zika, Hanouna le virus qui rend con".
C’est bien vu, sauf qu’elle se met à dos quelques millions de gens qui n’ont que cet amuseur pour éviter de s’aller foutre à l’eau et quelques millions d’autres qui tuent le temps comme ils le peuvent.
Je suis du côté du public qui zappe l’émission de Hanouna plus souvent qu’il ne s’y attarde.
En réalité l’animateur le mieux payé du PAF fait rire de temps à autre, à d’autres moments il désole plus d’un en confondant bagout et humour. Sa performance n’est étonnante que par l’esprit de l’escalier dont il n’est pas dépourvu et sa capacité d’enchaîner deux heures de loufoqueries sans reprendre du souffle, mais est-ce suffisant ?
Depuis un certain temps, sur Europe, il multiplie les jeux. Hanouna s’essouffle. On dirait que le virus Zika l’a rendu con le premier.
Sa cour est insupportable, surtout cette « animatrice » qui rit sans arrêt, quand son mentor en mal d’une vanne en sort une qu’on n’espérait plus.
Hanouna est le symptôme d’une époque dont on peut dire qu’elle n’est pas folichonne. Qu’il faille un esprit fort pour enterrer les morts et que cet esprit ait besoin de puiser dans la matière grasse du verbe quelques plaisanteries, c’est ainsi que le peuple s’en contente et « que votre fille est muette » dixit Molière.
Que Coco de Charlie-Hebdo ne soit pas muette, j’en suis ravi.

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Le plus savoureux est de savoir que l’esprit Charlie n’est pas si éloigné que ça de Hanouna, et voilà que Coco s’en démarque ! On aura ainsi un débat intéressant et qui promet son pesant de conneries.
Pourquoi Hanouna est-il un personnage de bande dessinée dépassé, parce que son humour date d’avant 2006 (1), quand le héros de bande dessinée ne faisait pas de politique et surtout pas d’économie politique. Le rire de cette émission est garanti grand public, le gros du public est resté fidèle à l’avant 2006 aussi.
L'animateur-producteur, la poule aux œufs d'or de la chaîne D8, la star de Touche pas à mon poste va sans doute répliquer.
Tout ça va faire de l’audimat et ce n’est pas Coco qui touchera des royalties.
Sur Twitter, la polémique est déjà là. Si certains internautes défendent la liberté d'expression et prennent le dessin de Charlie Hebdo au second degré, d'autres s'insurgent contre le journal.
On est tellement descendu bas dans la manière de faire rire les gens, que la pauvre Coco n’aura que ceux qui ont la comprenette subtile de son côté, soit peu de monde.
Il n’en reste pas moins que le décervelage n’est pas une entreprise réservée aux seuls journaux télévisés. L’entreprise Hanouna fait partie d’un ensemble. Il est bon que Coco nous le rappelle. Merci à elle.
En dernière minute, Patrick Sébastien estime avoir plus de qualités qu’Hanouna pour faire la Une de Charlie. Coco devrait y penser une prochaine fois.
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1. C'est véritablement en 2006 que naît la première bande dessinée politique avec « La Face karchée de Sarkozy », les ventes dépassant les 200 000 exemplaires. Vient ensuite « Quai d'Orsay », qui raconte la vie d'un ministre des Affaires étrangères, librement inspiré de Dominique de Villepin.

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