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Le règne du médiocre.

Le mime Marceau le tenait à la perfection, son mouvement de la « marche contre le vent » est l'origine du moonwalk de Michael Jackson. L’art de faire croire qu’on marche sans bouger a trouvé un successeur : Charles Michel !
Son inaction/action touche à l’application du bon élève. Chez lui la moyenne devient une norme, le compromis domine : idées et hommes sont interchangeables. Voici le règne de la médiocratie, la révolution anesthésiante en Europe, c’est du Belge !
La « révolution anesthésiante » nous invite à tenir au centre, comme sur la Foire quand le disque tourne de plus en plus vite et que les badauds glissent contre la paroi extérieure. Plus on tourne, plus on pense mou, sans conviction, juste une envie de vomir et à désirer devenir interchangeables avec ceux qui rient derrière la balustrade. Il ne faut surtout pas inventer ce qui pourrait remettre en cause l'ordre économique et social.
Les médiocres ont pris le pouvoir.
On affiche des posters géants de Bacquelaine dans les homes de Chaudfontaine. C’est en somme une quintessence cet homme là !
Médiocrité désigne ce qui est moyen. Un élève médiocre ne signifie pas pour autant qu’il n’ait pas réussi à décocher un diplôme.
La médiocratie désigne un régime où la moyenne devient une norme impérieuse qu'il s'agit de respecter. Il ne casse rien, c’est ça qui rassure. Il atteint au modèle.
Être médiocre est un impératif de réussite. L’ennui, c’est que tout le monde n’a pas la vocation.
Tout nous force à l’être, d'abord la division et l'industrialisation du travail ont transformé les métiers en emplois et les emplois en corvées. Dans le travail, le travailleur a un coût parfois considérable. Il faut abaisser les tâches jusqu’à ce qu’elles soient tellement partielles que le premier idiot venu peut faire l’affaire. Mais voilà, faire l’idiot quand on ne l’est pas donne de la souffrance. Les trois quarts des travailleurs souffrent d’abord de ça.
Les métiers se sont progressivement perdus de cette manière. Le travail s’est désincarné. Les salariés qui passent d'un bout de la chaîne à l’autre font un travail dont le seul intérêt est d’être un moyen de subsistance.

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L'objectif est de rendre les gens interchangeables avant les robots qui les remplaceront un jour. La production échappe à la conscience. Exception faite des ingénieurs et des propriétaires, tout le monde s’emmerde. L’abrutissement est bon à la médiocrité. Le manuel rejoint l’intellectuel par le bas. Charles Michel se frotte les mains, encore une couche de médiocrité et on sera bientôt dans les normes des gagneurs du marché européen.
Le versant politique de la médiocratie est à peu de choses près identiques. Margaret Thatcher en a imaginé les principes sous couvert de saine gestion des institutions publiques. Appliquer à l'Etat ce qui marche, à savoir les méthodes des entreprises privées.
L'adaptation des institutions aux besoins des entreprises, voilà la mission de nos médiocres nationaux, mélangeant hardiment démocratie et économie, confondant l’une et l’autre, permutant les genres et maquillant les contraires en parents proches.
Le système encourage l'ascension des moyennement compétents au détriment des super compétents ou des parfaits incompétents. Ils risquent les uns et les autres de remettre en cause les conventions du système. On a besoin que le médiocre ait juste la connaissance utile. L'esprit critique est redouté puisqu’il est ouvert au doute. Il fait usage d’un esprit curieux dont le médiocre est dépourvu.
Drôle d’économie qui ne tient pas compte des hommes qu’elle utilise !

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