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Monsieur Bricolage.

Quel gâchis ! Remaniement inutile, bruit assourdissant dans un château des vanités qui ne tient plus debout que par l’habitude d’une démocratie dont on ne sait plus à quoi elle sert, François Hollande, Monsieur Bricolage, a presque clos son quinquennat un an et demi avant son terme.
Et ce pitoyable ralliement des dissidents de l’écologie rejoints par Emmanuelle Cosse, ex-patronne d'Europe Ecologie-Les Verts, dans sa soif d’un portefeuille, vraiment si le parti veut avoir une chance de survivre, c’est d’exclure au plus vite cette secrétaire nationale, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili avaient eux claqué la porte dans l’espoir que le bruit porte l’attention du président sur eux. C’est fait.
Ce dernier caprice du château a son pesant de mesquinerie. Les règlements de compte côtoient les copinages récompensés. Ainsi, Macron, le seul qu’on le veuille ou non, qu’on l’aime ou le déteste, est le seul ministre à s’être montré volontaire dans la définition de son rôle. Pour avoir fait de l’ombre à Manuel Valls, celui-ci l’a relégué à la 14me place dans l’ordre hiérarchique du gouvernement. Marie-Lise Lebranchu, proche de Martine Aubry, licenciée en raison du refus de la maire de Lille de participer à ce gouvernement de la dernière ligne droite. Le plus criant du népotisme de Hollande a été la nomination d’Audrey Azoulay, conseillère personnelle du président, au ministère de la culture.
Elle ne saurait faire mentir cet alexandrin de Racine « Nourri(e) dans le sérail, j’en connais les détours. », 43 ans, bien balancée, avec Hollande toutes les suppositions sont permises.
Elle remplace Fleur Pellerin, peut-être la plus sincère des ministres, virée par téléphone, 45 minutes avant la déclaration officielle.

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Je rejoins tout à fait Jean-Marc Proust sur Slate magazine qui finit son article par « Bien sûr, vous avez été virée pour cela. Faites-en votre Légion d’honneur. Fleur Pellerin, je vous aime. »
Et moi aussi, s’il fallait faire un tri parmi les prétendantes aux tabourets des duchesses de l’Élysée, c’est Fleur Pellerin que je choisirais.
Jack Lang qui passe pour le meilleur ministre de la culture de ces 50 dernières années personnifie en fait la caricature de la fonction. Certes, il ne rata aucune première, se fit voir et admirer partout. Il fut surtout le plus conventionnel des ministres dans ses choix, flattant jusqu’à la Roche de Solutré un François Mitterrand qui était loin d’être dans le domaine de l’art aussi cultivé que Pompidou.
Aujourd’hui le ministère de la culture en France est un peu à l’image de ce qu’on fait pour les artistes et l’art en Belgique, c’est-à-dire que sans argent, on n’innove plus, on est incapable d’ouvrir un mécénat ailleurs que dans les orchestres et théâtres subventionnés. Par exemple la Région Wallonne vient de supprimer des subventions ou réduit le montant dans un tas de petites manifestations culturelles, musiques et théâtres, abandonnant ainsi tout espoir de création parmi les artistes d’origine modeste.
Fleur Pellerin avait au moins le mérite de n’être pas dupe du rôle d’ouvreuse de spectacles qu’on lui faisait jouer. Sa présence ne coûtait rien à l’État qui avait l’air de s’intéresser à ce que François Hollande s’est toujours foutu : les artistes et la difficulté de vivre de leur art.
Comme a écrit Proust « Dans une représentation où tout le monde s’emmerde, la seule présence de la locataire de la rue de Valois rend la soirée inoubliable. Il faut avoir vu Jack Lang tout sourire au Festival d’Aix-en-Provence pour comprendre ce qu’est un ministre de la Culture en représentation. »
Elle ne savait pas, Fleur Pellerin, combien sa fonction n’était rien d’autre qu’un bel étalage d’un magasin vide et comme elle devait y faire mannequin pour plaire au gouvernement de fausses valeurs, afin de masquer les vides.
Ma qualité de Belge me permet quand même de vous regretter, pour toutes ces raisons puisque nous parlons la même langue et que votre non-conformisme nous faisait presque croire à une culture revisitée et puis aussi parce qu’en Belgique les ministres de la culture sont tellement nombreux et ont tellement peu marqué leur passage de leur personnalité, que Charles Michel, s’il était intelligent (hélas, il n’en a que l’apparence), devrait pouvoir vous convaincre de venir chez nous.
On échangerait volontiers dix Fadila Laanan et dix Joëlle Milquet contre une Fleur Pellerin.

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