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Une belle idée !

L’allocation universelle n’est une nouveauté pour personne. Au fil des années, ce thème a été abordé dans ce blog plus d’une fois. Depuis l’aggravation de la concentration des richesses, il revient comme une réponse au tour extravagant que prend l’argent, dans un système économique que plus aucune démocratie ne maîtrise.
L’allocation universelle n’est en aucune manière une façon d’échapper à la finalité épouvantable des fruits de la richesse dans seulement quelques mains, mais une redistribution partielle touchant aux inégalités, évitant la guerre civile. Rien qu’à ce titre, elle mérite qu’on s’y intéresse.
On s’y intéresse déjà à titre expérimental, au Canada, en Alaska, en Inde, en Namibie, aux Pays-Bas, comme il me souvient l’avoir déjà écrit. Une des formes de cette redistribution aura cours de façon provisoire en Finlande à partir de 2017. Un référendum en Suisse est, en principe, arrivé presque au stade de l’exécution.
Seulement voilà, c’est le genre d’idée que l’on peut avoir à gauche comme à droite, mais l’allocation universelle peut s’avérer n’être pas si généreuse que ça.
Pour la droite, l’allocation universelle simplifierait l’administration et la gestion des aides de sorte qu’elle pourrait faire des malades, des chômeurs et des pensionnés, les assistés à part d’une société active. Le but serait de réduire massivement le rôle de l’État et ouvrirait la voie à une privatisation à tout va, éducation, santé, protection, gestion des pensions, etc. Les actifs financeraient leur existence selon leurs besoins. L’État providence créé par les luttes ouvrières sur deux siècles de syndicalisme aurait disparu.
La liberté pour tous, principe même de l’allocation universelle, n’entre pas dans ce concept. Les gauches y verraient plutôt de garantir à la personne une autonomie propice à l’épanouissement par la création. Le travail se ferait par consentement mutuel et s’accomplirait sans la lancinante recherche du pain quotidien dans la soumission au propriétaire des outils et du lieu de travail. Un contrat d’égal à égal lierait les parties. Les citoyens acquerraient le respect de soi et des autres. On atteindrait ainsi un âge d’or sans égal.
Utopie, rêve éveillé ou cauchemar d’un capitalisme sans limite, tout paraît possible de prime abord.
Économiquement, elle n’est pas si ridicule qu’elle paraît. Cet accès à une redistribution pour tous lutterait contre la récession. Il y a même dans le jargon financier un terme «argent hélicoptère» qui ne dit pas autre chose. Selon le système des banques centrales qui alimentent les banques en liquidité, on pourrait verser une somme à chacun sur un compte bancaire, que l’on chiffre entre 700 et 1000 € par mois. Elle serait financée par l’impôt. La création monétaire ne serait pas une bonne solution, car elle conduirait à l’inflation très rapidement.
Si l’idée fait son chemin dans certains pays, il ne faut pas compter sur une initiative de Charles Michel. Il a bien une conduite trop pusillanime dans un gouvernement trop orienté à droite pour oser quoi que ce soit en la matière. Ce type n’a qu’une idée en tête : durer !
Comment aborder la question sans hâte et dans la réflexion ?
L’impôt négatif a toujours échoué. Pour une fois, Jacques Attali a raison « On perdrait l’impact spécifique de toutes les aides existantes, qui n’ont pas été inventées pour rien: on finirait alors par les recréer et l’allocation universelle deviendrait juste une aide de plus. »
Idem, si, de bonne foi, ce ne serait que pour relever les minimas des plus pauvres d’entre nous, l’offre du travail s’effondrerait. Le moindre employeur se verrait traité de négrier, ce qu’il n’est pas toujours.

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Il faudrait imaginer un moyen qui fait qu’un caddie d’un super marché rentre après chaque usage dans sa logette, le client y récupère sa pièce de monnaie, parce qu’il a intérêt à le faire. Sinon, puisqu’on survivrait sans rien produire, quel serait l’intérêt d’aller bosser ?
Jacques Attali imagine un système de coupons réservés aux plus faibles en complément de leurs revenus. « Chaque coupon aurait une validité de trois mois et qui le recevrait en paiement pourrait le transformer en monnaie auprès de l’administration du Trésor. L’impact sur la croissance et l’emploi serait sûrement très significatif. Cela vaut la peine d’essayer, au moins pour trois mois… ».
Attali oublie une chose, la valeur du coupon ajoutée aux autres formes d’aide ou aux pensions les plus basses reviendraient à dépasser le salaire minimum dans presque toutes les industries.
Mais son idée de coupon est à creuser.
En Belgique, on récupérerait facilement les milliards nécessaires en refondant les rouages de l’État en grand surnombre de citoyens élus dans cinq gouvernements et cinq parlements, surpayés et protégés jusque dans leur retraite.
Mais pour ce faire, une canonnade dans le parc de Bruxelles, comme en 1830, serait largement insuffisante !

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