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Vues du Carré.

Il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste de l’Histoire du XXme siècle, ni un petit vieux qui a accompli les trois quarts de sa vie avant le troisième millénaire pour s’apercevoir des profondes modifications de tous les centres villes des grandes cités européennes.
Ce n’est pas en nostalgique qu’il faut se représenter le passé et le présent et juxtaposer les deux images, mais en sociologue.
Non, ce n’était pas mieux avant. Mais, aujourd’hui l’évolution est pire que tout ce que l’on pouvait imaginer.
L’appauvrissement est visible et général.
La gentrification des quartiers périphériques à certes fait fuir une certaine population, par exemple à Liège plutôt vers la vallée de l’Ourthe ou les hauteurs de Tinlot, mais c’est encore à la dégradation des façades commerciales et du genre d’articles proposés que l’on perçoit le mieux que quelque chose se passe.
Au-delà des faillites, des magasins de seconde main et des fringues tape-à-l’œil, c’est toute une harmonie entre les badauds et les commerces qui a fichu le camp.
N’entre pas en cause la foule bigarrée et cosmopolite parmi laquelle l’autochtone s’est fondu et c’est très bien ainsi, mais de cette impression d’appauvrissement général et de misère non résolue qui finit par ne plus surprendre personne.
De toute cette impression se décante un concept sociétal devenu complètement obsolète : celui d’une lente mais sûre ascension d’une cité en train de s’enrichir. Et c’est bien du contraire qu’il s’agit.
Il n’y a pas trente six responsables de ce désastre, mais deux.
Le système libéral lui-même, en train d’appauvrir les populations, tandis que court encore le leurre d’une société de consommation qui attend son second souffle.
Et le système politique, complètement à côté d’une mission confiée démocratiquement par le peuple et dénaturée par l’entêtement des leaders à ne pas voir où nous conduit le système libéral.
Que dire de plus, sinon que la catastrophe programmée se trouve dans les non-critiques des journaux qui ne voient rien venir, des électeurs eux-mêmes trop travaillés par la propagande de l’establishment et de ce fatalisme qui revient à dire « Nous n’y pouvons rien. La mondialisation nous est tombée dessus. Nous ne pouvons que suivre en limitant les dégâts. »
Jusqu’où cette erreur collective nous conduira-t-elle ?

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La différence avec les villes champignons qui reculent les zones de bidonvilles au fur et à mesure de l’expansion et de la modernisation des centres, des vieilles villes comme Liège se débattent entre déclin et sursaut. C’est tout un quartier qui renaît en compensation d’un autre qui meurt. Mais, c’est finalement le déclin qui finit par avoir raison des deux, puisque la moyenne des revenus est en baisse et finit par rattraper la nouveauté.
Les forces manquent. Les gens perdent tous les jours un peu de ressources par rapport aux années précédentes. La Commune se défend de cette lente descente par l’augmentation des taxes communales ce qui accélère les déperditions financières.
L’histoire du tram et de l’exposition avortée sont deux symboles.
Pour le moyen de transport, on attend des subsides. On fait et on défait son parcours, de toute manière, tellement attendu que personne ne voit pas que le plus utile serait de joindre Ans à Fléron par un parcours aérien ou souterrain. L’exposition internationale allait transformer Bressoux et Coronmeuse en petites merveilles. C’était un beau projet. Que ne le fait-on sans le prétexte de l’expo ?
On ne le fait pas parce que nous n’en avons plus le ressort, ni l’envie. L’enthousiasme fait défaut.
Parce que le système libéral a poussé le plus grand nombre dans la recherche des élémentaires besoins et que ceux qui se sont enrichis du travail des populations de la vallée mosane coulent des jours heureux ailleurs.
Seules nos élites politiques sont restées et c’est tant pis, puisque c’est pour nous pomper nos dernières réserves.
Ce n’est pas une consolation, mais si c’est fichu à Liège, c’est fichu ailleurs aussi.

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