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Devoir de vacances

On se souvient de Claude Rolin, remplaçant Josly Piette à la tête du syndicat chrétien, puis préféré par Benoit Lütgen à Anne Delvaux pour entrer au parlement européen. Défaiseur ou créateur de carrières dans son parti, le président du CDH a favorisé un pensionné du syndicat en lieu et place d’une femme encore jeune et qui avait reçu des éloges de ses pairs pour son travail au parlement européen, voilà qui est extraordinaire.
Que ces petits tyranneaux de Région manipulent et jouent avec le devenir des membres de leurs partis, c’est l’affaire des affiliés.
Mais quand les mêmes semblent à cul et chemise avec des syndicalistes comme ce fut le cas de Benoît Lutgen et comme cela l’a été également pour le PS et probablement le MR, mais dans un autre domaine, les travailleurs syndiqués ont quand même le droit de se poser des questions sur l’indépendance des syndicats par rapport aux partis politiques.
Par exemple que tous les postes importants de la FGTB soient détenus par des membres du PS, voilà qui est troublant. J’ai été trop souvent « invité » dans les étages de la Place Saint-Paul, pour en connaître un bout.
Ceux qui pensent qu’il n’y a aucun lien entre les syndicalistes et les hommes politiques, en dépit des déclarations des uns et des autres, sont des naïfs ou des affidés à des comités fantômes qui vont directement chercher des instructions dans des bureaux qui ne sont pas des Fédérations professionnelles.
Le travail syndical empiète sur le travail politique et vice versa. Des relations, parfois anciennes, se sont tissées au fil des événements. Quand madame Ska et Marc Goblet prennent des décisions importantes sur des conflits d’entreprises ou de l’Etat, quelle est leur part d’indépendance ?
C’est toute la question des contre-pouvoirs, leur efficacité n’est-elle pas d’abord dans la capacité critique d’un libre arbitre ?

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Quand on appartient à la même sphère que le pouvoir, on peut imaginer qu’une certaine connivence existe. La professionnalisation du permanent syndical est plus tardive que celle du militant politique (avant la guerre de 40-45). Le syndicaliste le fut sur la fin des années cinquante, quand les travailleurs échangèrent le syndicalisme révolutionnaire contre les Trente Glorieuses. Ils font dorénavant carrière comme peuvent le faire les hommes politiques, avec des salaires bien supérieurs à ceux d’ouvriers qualifiés dans leur branche d’activité professionnelle. Un des arguments de l’époque fut la rémunération du diplôme, au moment où des universitaires rejoignirent le syndicalisme professionnalisé.
Parfois des contretemps, des carrières incomplètes, des aléas d’élections ratées, qui sont autant de drames dans le secteur privé, sont plus faciles à surmonter grâce au carnet d’adresses. Quand les hauts placés dans la hiérarchie syndicale arrêtent leur carrière, les portes de sortie ne sont pas nombreuses. C’est alors que jouent les relations interpersonnelles. Les « élites » de la société s’entraident dans les moments difficiles.
Ce n’est pas une bonne image pour le syndicalisme. D’autant qu’on a déjà vu des entrepreneurs du privé secourir discrètement des carriéristes syndicaux en difficulté.
En France, l’ex leader de la CGT, Thierry Lepaon, est recasé par Manuel Valls dans une institution de promotion « de la langue française » ! Alors que ce syndicat vient de passer trois mois et demi à lutter contre la loi Travail !
La Belgique est loin d’être isolée avec la France dans ce domaine. Les pays scandinaves, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont des pratiques de copinages entre partis et syndicats quasiment au vu de tout le monde, sans que cela fasse scandale. Et pourtant, cela le devrait…

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