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A priori d’a priori (1)

Les rapports humains sont-ils encore possibles ?
Des compétitions olympiques à la compétitivité dans les entreprises, qui ne voit le rapport ?
Peut-il y avoir encore une relation d’intériorité entre des concurrents sachant que le podium n’a qu’une marche pour le titre, et une chaise de bureau pour un emploi ? Les critères pour les patrons et les employés sont simples : fournir le meilleur travail au meilleur prix.
Comment communiquer dans cet affrontement permanent ?
Enfin, jusqu’à un certain niveau, puisque dans la classe supérieure les règles ne sont plus les mêmes, indépendamment d’être en possession d’un titre à une profession libérale (2), une rente par héritage ou une entreprise familiale n’entre pas dans la compétitivité de base pour le pain quotidien, mais dans des compétitivités qui s’apparentent plus à des jeux qui n’ont rien d’olympique.
Rien de plus effrayant qu’un siècle qui s’ouvre sur une perspective pessimiste malgré les progrès des sciences humaines, mais à côté un naufrage d’une société qui ne lit plus, qui ne s’éduque plus et dont l’abêtissement se nourrit des religions et des amusements, ces derniers passe-temps profondément imbéciles des secteurs de loisirs (en pleine expansion), entre deux macérations.
Qu’y a-t-il de plus déconcertant de savoir que déjà plus des huit dixièmes des lecteurs du journal La Meuse sont incapables de lire autre chose de plus élaboré ? Pourtant, nous disposons tous de la faculté d’intégrer les mots appropriés dans les raisonnements que nous poursuivons, puisqu’ils se trouvent à portée dans tous les dictionnaires.
Il n’y a pas encore si longtemps, des ouvriers lisaient Istrati, Zola, Dostoïevski, Caldwell, Balzac, comme en atteste les fonds de bibliothèques populaires. Ils étaient à armes égales devant quiconque, bourgeois, avocats, charlatans d’une société de classes.
La démocratie finirait-elle par s’apprendre sur moins de mille mots, les autres devenant hors de portée au fur-et-à-mesure que s’éteignent peu à peu les parties du cerveau qui ne commandent pas aux réflexes ? (3)
Rien de plus vertigineux que de voir le mal et le malheur au fond de ce gouffre prospérer dans le dernier enthousiasme encore possible : l’asservissement par le travail, grâce aux formules modernes, tellement formidables qu’elles sont aujourd’hui mondialisées.
Si bien que le pauvre Hedebouw n’a pas de mal de concentrer sur lui l’ire d’une majorité assottée qui conteste le principe de lutte des classes qui justement cloue la leur dans les basses-eaux de la société dite de consommation.
Et le plus inquiétant dans tout cela, c’est une autre petite frange qui manie encore le raisonnement tenir pour absolu la fin de la lutte des classes, à savoir des libéraux aux socialistes de gouvernement !
C’est dire où on en est !
Mais rassurez-vous, pour parler de la nature humaine, il faudrait n’être de nulle part et sans toucher le sol posséder une clairvoyance que nul préjugé n’obscurcit. Bref, pour être juste, il faudrait être placé au-dessus et observer les êtres et les choses du dehors.
Ce n’est pas mon cas.
Alors, ce que j’en dis…

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1. Ça me rappelle Pierre Bourdieu. « …parmi les présupposés que le sociologue doit au fait qu’il est un sujet social, le plus fondamental est sans doute le présupposé de l’absence de présupposés."
2. La populaire Maggy De Block (il paraît que les Wallons sont énamourés de la Flamande) est contre la concurrence des prix dans certains cas, notamment en contingentant les diplômes en médecine par rapport aux numéros INAMI attribués. Cela ne la gêne pas du tout que certaines régions rurales, dans ces conditions, soient désertées par le corps médical. Il y a les conventionnés qui arrondissent la consultation à 25 € et les autres qui se sucrent à la tête du client et qui établissent leurs carnets de rendez-vous en fonction des patients qui peuvent se payer « une urgence » et les autres qui pour une simple visite ORL attendent de deux à trois mois.
3. Valable également pour des diplômés d’écoles supérieures.

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