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La lutte des classes n’a jamais cessé !

Une des plus grandes mystifications de ces cinquante dernières année a été de commun accord, entre les dirigeants de droite et les dirigeants de gauche des partis de gouvernement, de mettre en évidence la théorie de la fin de la lutte des classes.
Aujourd’hui encore, cette théorie prévaut toujours dans les cercles officiels d’où les économistes se congratulent entre eux pour l’excellence de leur jugement.
Tout cela a été réaffirmé par un livre de l’OCDE (la gouvernance au XXIme siècle).
« Naguère la société occidentale s’articulait autour de la notion de classe sociale essentiellement. L’État providence a été la solution au clivage détenteur du capital/ travailleurs. Dans la nouvelle société mondiale l’instabilité provient de la redistribution du capital qui menace de rouvrir les plaies causées par les anciens clivages ethniques, religieux et culturels et d’en infliger de nouvelles, dont le fossé numérique. »
Tout est dans ce texte : l’État providence solution au clivage de la lutte des classes donc sa disparition. Et pour éviter le spectre d’une rechute dans l’analyse marxiste, l’OCDE nous prévient que ce sont les clivages ethniques, etc. et non pas la lutte des classes proprement dite qui donnent aux relations capital/travail ce petit air de revenez-y de « lutte des classes. »
Or, depuis 1945, ce n’est pas faute d’avoir protesté contre cette idée que le problème de l’ordre social avait été résolu, sur le temps que les hommes de partis de gouvernement poursuivaient l’idée que le capitalisme tempéré de l’État providence était la solution.
Les Trente Glorieuses allaient emporter l’adhésion populaire et réduire à rien les partis de gauche hors compétition gouvernementale.
Les faits sont en train de donner raison à la ténacité d’une gauche qui revient en force à l’extérieur de la gauche au pouvoir. L’État providence, sous les coups de la droite libérale avec la complicité des socialistes, est en train de disparaître sous nos yeux avec l’administration des entreprises de grandes nécessités collectives, la poste, les chemins de fer, les énergies gaz et électricité, etc.

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La droite libérale rêve la fin de l’Etat en tant qu’autorité de redistribution. Comment persuader que la lutte des classes relève aujourd’hui d’un mythe, alors que la classe dirigeante supprime, étape par étape, cet État providence qui pouvait leurrer les populations ?
« Il n’est pas de société fondée sur la division du travail et l’exploitation qui n’ait d’elle-même une idée objective, mais fausse, en particulier quand celle-ci se produit au niveau des classes dirigeantes, comme leur autojustification et comme la mystification édifiante qu’il faut faire avaler aux classes exploitées. Cette totalité, irréelle, mais rigoureusement construite, on l’appelle idéologie. » J.P. Sartre, L’Idiot de la famille, T. III, page 36.
Combien de temps encore les partis politiques censés défendre les intérêts des travailleurs poursuivront-ils l’idéologie libérale dans une société qui a montré les limites du capitalisme, perçu son déclin et qui redoute déjà les soubresauts de la bête ?
On peut même se demander si l’épisode de Daech, dans toute l’abjection de sa collection d’assassins, n’est pas l’épisode « tombé du ciel » pour faire durer un peu plus longtemps cet autre mythe de la non-lutte des classes ?

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