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Des primaires en Belgique ?

Beaucoup d’électeurs belges seraient plutôt tentés par la réalisation chez nous de primaires dans les partis. C’est le nouveau sport national français.
En effet, la classe politique belge n’est renouvelable que par jet d’éponge des plus vieux. Entretemps, les enfants de la balle, entendez par là les enfants des vedettes et ceux qui du sérail en connaissent les détours, comme dirait Jean Racine (1639-1699), ont déjà tellement été mis en avant par les pères et les relations, qu’ils font déjà « vieux » avant de débuter au premier rang des estrades.
Voyez Charles Michel à quoi il ressemble déjà à pas encore cinquante ans ?
Comme les primaires à la française se multiplient et qu’elles suscitent un engouement surtout journalistique, le grand public méprisé des politiques et des médias se demande s’il n’y a pas là une manière adroite d’y avoir un mot à dire.
Séduisante à première vue, l’idée l’est moins après réflexion.
Heureusement que le modèle français n’offre pas un show à l’américaine. Le goût de ce genre de foire où s’agitent Donald Trump et Hillary Clinton ne leur est pas encore tombé dessus !.
Cependant, l’idée des primaires brouille au lieu de simplifier l’offre électorale. Elle dévoile trop souvent l’intimité des personnages dans l’arène des médias, au détriment du sens et des programmes. Enfin, on en reviendrait à la case départ avec un vote avant le vote, le jour des urnes.
Il n’y a qu’à voir le choix désastreux des primaires socialistes qui ont poussé François Hollande à la tête de l’État français, pour s’imaginer que ce n’est pas la panacée.
Pourtant, comme il n’est pas question de voter en Belgique pour élire un président, ce serait peut-être l’occasion de le faire pour des emplois de chef de parti ou de membres de bureaux exécutifs. Tout serait dans la difficulté d’une procédure juste avec des moyens identiques des candidats à se faire connaître des affiliés. Il est évident que la notoriété des anciens, le coup de pouce aux petits derniers de la grande famille, etc. réduiraient peut-être à néant les efforts pour un renouvellement jugé par tous et dans tous les partis nécessaire.
En France, les journalistes politiques sont très favorables aux primaires. La raison principale tient dans l’abondance des infos qui en découlent et, peu à peu, des notoriétés de presse émergent à côté des personnages interviewés, qui parfois sont plus connus que le politique lui-même.
En Belgique, il faudrait tenir compte du peu d’adhérents des partis politiques et donc du nombre restreint de militants qui voteraient pour des primaires. Cela équivaudrait à « cet entre nous » que détestent tant de citoyens aujourd’hui, quand ils voient les complaisances, les copinages et les regroupements par famille politique dans les plus hautes sphères de l’administration, Justice et Armée comprises.

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Mais diront les présidents et leurs séides des partis wallons et bruxellois, il y a déjà des assemblées et des élections. Sauf, que tout le monde sait bien que ces assemblées ne sont que des réunions d’entérinement des décisions prises ailleurs et que les votes ne sont que mascarades.
Lutgen succède à Milquet parce qu’il en a été décidé ainsi dans les instances dirigeantes, Di Rupo se succède à lui-même et on a vu le tollé que cela a fait lorsqu’un téméraire carolo s’était présenté contre lui lors d’une élection où le mage de Mons était en pétard avec les socialistes communaux à Charleroi. Enfin, le MR doit à la seule nomination de Charles Michel à la tête du gouvernement d’asseoir dans le fauteuil présidentiel le petit Chastel, de façon tout à fait provisoire, le siège étant traditionnellement disputé entre Reynders et les Michel, bataille entre compères.
Il est inadmissible dans une démocratie, que seul le président du parti, parfois avec quelques conseillers à sa botte, désigne les militants qu’il souhaite voir élus, comme il écarte de fait ceux qui mathématiquement ne pourront pas l’être.
Si les partis pouvaient reprendre cette liste lors de primaires et la mettre à jour selon la volonté de tous les affiliés, ce serait, en effet, peut-être sortir de la fatalité des carrières longues dans des mandats politiques et rendre du goût au lieu du dégoût actuel des électeurs. Ce serait un peu de démocratie dans un pays qui en manque singulièrement.

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