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Le club des consternés

Ils sont atterrés, nos braves de la presse écrite ! En pleine sidération après le coup des Américains de Caterpillar, la clé sous le paillasson, se sauvant avec les bénéfices, propriété des Fonds de pension, disent-ils, de l’autre côté de l’Atlantique.
Nos Quatremer à nous décrivent tout au long de l’année le petit miracle d’efficacité du capitalisme mondial dans lequel, avec de l’ambition, tous les bons travailleurs ont leur place. Les voilà obligés de s’aligner derrière « les rouges », tout au moins jusqu’à ce que l’émotion retombe et que les gens oublient le carnage dans les familles.
Que les patrons de presse se rassurent : l’ataraxie renaîtra aussitôt que les Réformateurs auront repris de l’ascendant sur les populations, dans deux ou trois jours.
Reste à couvrir l’évènement de leurs enthousiasmes momentanés pour la cause ouvrière. Il ne faut surtout pas perdre de vue que Caterpillar a encore deux crèmeries en activité en Flandre et que la moitié flamande du pays est partagée entre la commisération vis-à-vis des collègues wallons et l’instinct de survie qui au Nord se confond avec la politique de Bart De Wever : courbettes devant les puissants et lacets d’étranglement pour les chômeurs.
Un qui a rejoint tout de suite le camp des populistes par la façon de dire les mots, c’est Paul Magnette avec son «…ce sont des voyous ». Béatrice Delvaux n’aurait jamais osé dans ses éditos. « Thug », traduction littérale de voyou en amerloque signifie plutôt assassin, étrangleur que gamin des rues (street kid fait gentillet).
Bon d’accord, les capitalistes américains du genre Trump, ceux qui nous ont délégué le porte flingue avec ses deux gardes du corps pour dire que les patrons retiraient leurs billes à Charleroi, c’est plutôt Thug que voyou. Mais qui s’intéresse encore à la sémantique de nos jours ?
Le casino namurois donne le ton « on refuse la résignation ». Quant à dessiner l’avenir industriel de la Wallonie, je ne mets pas quinze jours pour qu’on reparle des intérêts notionnels et que la sœur du roi – si elle est réconciliée avec Mathilde – ne reparte en mission économique avec notre tressautant ministre des Affaires étrangères, afin de rencontrer des homologues de Caterpillar partout où il y a des Fonds de pension qui cherchent des placements juteux.
Pensée pessimiste ? Non, réalité d’une économie de marché qui en a vu d’autres et qui a ses officiants ministrables dans les partis.
Vous ne voudriez tout de même pas que les curés de l’ordre capitaliste changent de religion ?
Dire la messe chez Caterpillar ou ailleurs nécessite vingt ans d’expérience d’économie classique. Ils veulent bien que sainte Theresa soit dans les Caterpillar, mais pas au point de changer l’économie en « Das Kapital. Kritik der politischen Ökonomie » de Marx.

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Ce n’est pas que Caterpillar qui veut tout jusqu’à la couenne, mais le système tout entier. Pour nos élites aussi, sucer n’est pas tromper, comme dirait Ardisson.
Ce midi Deborsu, le caquetant mirliflore du dimanche RTL, réunissait une brochette de sacrés branleurs, exception d’une employée, d’un syndicaliste de Caterpillar et de Hedebouw (il est bien ce type là). On avait plutôt le désir de botter le cul de ces gens qui sur leur lancée se gaussaient de la réduction du temps de travail en reprenant mot pour mot l’argumentation de concurrence pour faire demain comme si de rien n’était après Caterpillar. On a entendu Deborsu sous-entendre devant l’employée Caterpillar que certains licenciés retrouveront du travail tout de suite, la prime de fermeture en poche. Ils feront une bonne affaire, s’est délecté Deborsu, admiratif pour tout qui ramasse du pognon de deux ou trois côtés. C’est du vécu chez lui.
Béatrice Delvaux écrit dans Le Soir que ce drame social doit servir d'électrochoc pour les sphères économique et politique belges. C’est tout juste si elle ne remet pas en activité la gégène de Jean-Marie Le Pen, pour griller les couilles de l’émissaire yankee.
La presse soudain d’extrême gauche ?
Pas si vite.
C’est juste le temps d’un spectacle. Lénine, 1916, le voyage en train et la révolution bolchévique, c’est à l’affiche pour une semaine seulement au Théâtre des galeries.

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