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Calais recycle...

Ça chauffe déjà à Calais avant lundi, date du démantèlement de la « Jungle » dans laquelle vivent aujourd’hui plus de 6.500 personnes. On craint le pire avec l’arrivée des « No border » ces manifestants qui sont pour l’abolition des frontières, des activistes d’associations plus pacifiques, et d’autres moins, comme des Zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Ils entendent bien protester contre une action qui va sans doute disperser tous ces migrants, mais qui ne résoudra pas le problème.
Justement, notre ministre de l’intérieur, Jan Jambon, qui est lui pour des frontières même entre Belges, comment sa police du littoral va-t-elle réagir lors de la dispersion ? Il y a des chances qu’une certaine partie des gens en attente d’un départ pour l’Angleterre tenteront de ne pas quitter le littoral de la Manche, donc s’approcheront de la terre flamande !
Ils vont faire quoi, nos argousins ? Refouler vers la France tous ceux qu’ils auront rattrapés à travers champs et à travers dunes ? Il y a un fameux « no man’s land » entre La Panne et Leffrinckoucke (Dunkerque).
Ce n’est pas une partie de plaisir. Traquer des gens ce n’est pas faire la chasse aux papillons.
Et les enfants ? Que va-t-on faire des enfants, errant et sans adulte pour les accompagner ?
Je suis effrayé par les propos que j’entends concernant le sort de ces pauvres gens. La société de consommation nous aurait-elle aussi profondément rendus insensibles à la détresse humaine ?
Voilà ce qui arrive quand on laisse pourrir la situation. Les petits saupoudrages d’intentions parfois respectables se sont toujours avérés insuffisants et mal compris. La France paie aussi le pacte honteux fait avec la Grande Bretagne pour retenir sur le sol français et moyennant argent, tous ceux qui dans la jungle de Calais veulent la rejoindre.
À côté de cette détresse humaine qui va trouver son point d’orgue lundi, des bénévoles fantastiques de dévouement et de don de soi vont être coincés entre deux feux, celui de la police et celui des gens qui viennent pour la castagne !
Les premiers vont essayer d’embarquer le plus possible de monde dans des cars massés à proximité, les seconds vont tenter d’échauffer les esprits, comme s’il n’y en avait pas déjà suffisamment résolus à défendre ce bout de terrain jonché de tentes et de détritus, qui leur semblait un dernier refuge et un tremplin de départ, un « chez eux » en quelque sorte, même si cette expression paraît bizarre pour un tel lieu et à un tel moment.
L’Etat français s’est donné une semaine pour parvenir à rendre la sérénité aux habitants de cette partie du littoral que les estivants de La Panne connaissent bien, quoiqu’il y ait 60 kilomètres entre Calais et La Panne.
L’organisation de ce déplacement de masse inédit depuis la fin de la seconde guerre mondiale se fera par la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, à la tête des opérations.
Le but étant de répartir les migrants de Calais à travers la France, il s’avère déjà que beaucoup de maires ont refusé les clés de répartition et que l’on a même vu des démissions dans les mairies.

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Personne ne sait prédire si la résistance au départ sera forte ou insignifiante. 1.250 policiers et 2.100 agents déjà présents à Calais sont mobilisés. Ils auraient ordre de laisser sortir les migrants qui veulent quitter la jungle par leurs propres moyens. Cette dernière possibilité inquiète Jan Jambon.
Au pire, pour éviter un nouveau Calais, des conteneurs, recevant d’abord les enfants en priorité, seront aménagés ; puis ils seront affectés au CAP pour offrir un lit aux migrants.
Les autorités sont déterminées à ne pas laisser les squats se reformer.
On reste dubitatif de la manière dont vont se dérouler les opérations. Ici, on ne traite pas des marchandises, mais des êtres humains.
Que les habitants de ces communes perturbées et ceux des entités qui recevront des migrants, selon leur capacité d’accueil, ne l’oublient jamais.
Ce n’est pas parce que l’économie mondialisée se perd dans ses combines productivistes, qu’il faut que les Européens en fassent autant, dans ces circonstances.

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