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Le Sphinx dévoilé.

Ce jeudi 13 octobre, quelque 1.200 lettres de François Mitterrand à Anne Pingeot seront en librairie. Publiées chez Gallimard, la presse en a fait lire de larges extraits à ses lecteurs. Slate Magazine publie simultanément un autre échantillon, de forme moins épistolaire de Tonton. Le lecteur peut se faire une idée générale de cette « nouveauté » bien parisienne.
Lettres et brouillons sont du pipi de marcou marquant son territoire ! Gallimard aurait mis le tout à la poubelle, si ça n’avait pas été Mitterrand. Loin de Sévigné et encore plus loin du Flaubert amoureux de Louise Collet, cette correspondance, si j’avais été madame Pingeot, je ne l’aurais montrée à personne.
La pauvre, qu’est-ce qu’il lui a pris ?
À moins, que toujours folle amoureuse, elle considère que les traces de son amant ne doivent pas être perdues, puisque Danielle, l’épouse officielle, n’est plus.
Que la maison d’éditions de la Pléiade s’évertue à publier de telles bluettes démontre bien pourquoi tant de bons textes sont refusés et tant de nanars publiés.
C’est que l’éditeur espère faire du tirage ! Il n’a pas tort, quand des critiques connus sur la place de Paris mettent aux nues les branlettes de François !
Est-on tombé si bas dans le genre, que ces échanges de Tonton à sa Suzette, relookée pour le salon de l’érotisme, émeuvent à ce point les prétendants du jugement infaillible ?
Dans ce style suave et mielleux, que l’on dirait sorti de la bouche des portraits officiels de Mitterrand, l’amant « éternel » exhibe ses trucs verbaux pour redresser sa libido émoussée du cinquantenaire à la recherche d’érections. En 2016, cet érotisme ne fait plus bander que les bobos rive-gauche.
Qu’importe, Gallimard sait y faire, mais gare aux dégâts des sorties de cellule de dégrisement. La lettre datée du 16 juillet 1970 : "Brisons si tu le veux les faux-semblants: j'aime ton corps, la joie qui coule en moi quand je détiens ta bouche, la possession qui me brûle de tous les feux du monde, le jaillissement de mon sang au fond de toi, ton plaisir qui surgit du volcan de nos corps, flamme dans l'espace, embrasement". Né le 26 octobre 1916 à Jarnac, c’est à 54 piges que le « grand homme » a écrit ces fadaises que j’avais déjà honte d’écrire à seize ans pour ma voisine Adrienne, qui me les renvoyait en soulignant en rouge les fautes d’orthographe et en vert les fautes de style. Il faut dire qu’elle était plus âgée que moi et déjà prof dans un lycée.
La pauvre Anne née en 43 n’avait que 27 ans ! Elle trouvait son pied avec ce vieux barbon au point d’avoir serré toutes les lettres (c’était son droit) dans un tiroir jusqu’à cette année. D’avoir l’audace de faire publier, c’est prendre le risque des moqueries. Et il y a de quoi !

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Slate magazine publie en contre-champ des lettres qui ne figurent pas dans le catalogue extatique d’Anne Pingeot. Elles éclairent cette liaison romanesque d'un jour nouveau, écrit cet excellent magazine. En voici un aperçu :
Lettre à Danielle M., 1962 (l’épouse) «Impossible rentrer ce soir. Suis retenu par une réunion de dernière minute à Hossegor. T'embrasse.»
Lettre RAR à Gleeden (agence extra-matrimoniale, 1963) «Messieurs… J'ai souscrit un abonnement illimité à vos services pour un montant de 300 francs Rueff, d'une durée de six mois. Ayant rencontré une maîtresse qui me sied, je souhaite résilier cet abonnement, pour la durée restant à couvrir, soit deux mois et quinze jours, c’est-à-dire 125 francs. Merci de virer cette somme sur mon compte du Crédit agricole de la Nièvre. Avec tous mes remerciements pour la qualité de vos services. François (je vous rappelle mon pseudonyme: Observatoire59)»
Les petits malins de chez Gallimard ont une excuse, Mitterrand, c’est de l’Histoire ! Ces informations auraient donc un intérêt public, mieux serait d’utilité publique !
Tonton le fin diseur de ces dames, le stratège des agences matrimoniales, celui qui connut Anne Pingeot lorsqu’elle avait dix-neuf ans et avec elle beaucoup d’autres, avant et pendant son envolée lyrique pour la demoiselle, cela ne nous regarde pas. Ce n’est pas de notre faute si Gallimard nous les met sous le nez. De son caveau à Jarnac, comment voulez-vous que François s’insurge ?
D’autant que la malheureuse Pingeot a cru faire un acte d’amour et remplir une mission historique en publiant les petites choses du « grand homme », espérant leur donner une autre dimension. Rares sont les réputations qui survivent au dévoilement de l’intime.
Je n’aimais guère Mitterrand pour son passé politique opportuniste, l’hypocrisie sur son visage. Je l’aime encore moins après ce déballage. Comment ce don Juan de province a-t-il pu en mettre plein la vue à tant de femmes en amour et les tromper toutes en même temps ?
Peut-être faudrait-il demander la recette à MM. Hollande et Sarkozy ?

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