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Magnétisme et magnettisme !

Qui n’a pas appris la psychologie des foules ne sait pas bien faire de la politique comme on l’entend dans les partis. Les grandes carrières dans le métier : celle d’Hermann De Croo, de Laurette Onkelinx, de Louis Michel, de Didier Reynders, de Di Rupo, etc. se sont construites moins par conviction et idéal, que par l’intuition du futur et l’immobilisme du présent, le tout mixé pour répondre à l’irrationalité des foules.
La foule doit tomber amoureuse de son meneur. Et pour cela, il faut l’y amener.
Parfois une occasion fortuite propulse au-delà de toute espérance quelqu’un qui le jour avant n’avait pas l’oreille du nombre. C’est le cas de Paul Magnette actuellement, connu pour sa résistance au CETA. Quelque soit l’issue de ce conflit, le voilà assuré d’au moins dix ans de réélection sans problème. Pour autant, est-il meilleur qu’avant son coup d’éclat ? Non. Mais, sa position, exécrable selon les uns ou excellente de l’avis des autres, a au moins permis de lui donner une stature supérieure à la moyenne des solliciteurs d’adhésion publique.
Le tout est de choisir la voie pour décevoir le moins de monde. Car un homme politique déçoit toujours sur son parcours. Magnette est un socialiste de gouvernement, il ne faut pas l’oublier. La conviction collaborationniste au système prévalant sur la négation dudit système, il était donc normal pour un carriériste de choisir le CETA, quitte à faire croire que magnettisé, il est bien meilleur. Il valait mieux pour lui, décevoir les Ecolos et l’extrême gauche, que les centristes dont le PS se veut le plus beau fleuron. Ne sont-ils pas le nombre, jusqu’à nouvel ordre ? L’homme est intrinsèquement d’accord sur la mondialisation et ses conséquences. Pour son image de marque, il a eu raison. C’est un coup de com.
Freud a traduit cet état d’esprit « la foule est aussi autoritaire qu’intolérante. Elle respecte la force et est médiocrement impressionnée par la bonté, souvent considérée comme une forme de faiblesse. Ce que la foule exige de ses héros, c’est la force, voire la violence. Elle veut être dominée, subjuguée et craindre son maître ». Magnette a montré une certaine forme de résistance qui plaît. Il peut demain, faire le contraire de sa politique, qu’importe, dans l’esprit du peuple, sa force de résistance restera.
Le psychologue rejoint le philosophe quand on sait ce que Nietzsche pensait de la foule et du surhomme.

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C’est sans doute une des raisons principales de la faiblesse des extrêmes gauches qui veulent démontrer que la foule n’a pas besoin d’un maître, tout en étant obligées pour exister dans exhiber quelques-uns. Contrairement à l’opinion du genre « blogueur à deux balles », les « vipères lubriques » sont des naïfs et leurs militants bien trop sincères et convaincus pour rallier de forts pourcentages électoraux. Rares sont les politiciens qui séduisent une majorité par originalité et conviction. Les foules n’ont jamais eu soif de vérité. Elles demandent des illusions, auxquelles elles ne peuvent renoncer sans être brusquement saisies par le vide de l’existence, surtout quand on n’a pas les moyens de s’en nourrir personnellement.
L’analyse de Jacobsen est évidente « il y aura autant de foules que d’opinions ou de sentiments suggérés. Ceci veut dire que les foules n’ont pas d’identité propre ». Elle est assez proche de la pensée de Platon lorsqu’il comparaît l’âme du peuple à l’âme animale. Il entendait par là l’âme concupiscente, évidemment, et non pas l’animalité de la bête.
Cela n’étonnera personne que les plus doués dans la classe politique sont ceux qui ont compris cela, mais qui en ont fait un tabou duquel ils ne disent rien, sous peine de déchoir.
Tout au plus infatué, le parvenu dira se croyant hors norme et hors écoute « les sans dents » pour désigner ceux que sa politique a conduit à se priver d’un dentiste. Ce mépris exprimé est exceptionnel. Le « casse-toi-pauv’ con » de Sarkozy s’attachait à l’attitude d’un seul homme à son égard. Il le lui a été souvent reproché. Qu’aurait-ce été s’il s’était adressé à tous comme Hollande ? Il n’aurait pas fini son mandat.
Platon, Socrate et Calliclès posent le problème de l’autorité.
Il est resté le même en 2016, qu’au siècle de Périclès : pour commander aux autres, il faut pouvoir commander à soi-même afin de ne montrer aux gouvernés que ce qui peut vous valoir un progrès dans la bonne opinion que vos admirateurs se font de vous.
C’est toujours ainsi que ça fonctionne dans nos partis traditionnels. Suivez bien le petit Magnette. Il remplacera un jour Di Rupo, à moins que d’ici là, la démocratie passe les pieds devant, terrassée par le système économique.
Ne vous tracassez pas pour Magnette. Si pareille éventualité survenait, vous le verriez bientôt rejoindre Barroso chez Goldmann-Sachs.

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