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Un soutien à deux balles du CETA.

Les journaux, les plus farouchement convaincus que les Flamands ont raison de pousser à la signature du CETA, mettent la pédale douce sur certaines dispositions économiques du traité, devant l’hostilité wallonne. Des économistes de l’étranger, mais aussi de Belgique soulèvent des objections à la ratification. En France, des personnalités écologistes craignent que les accords de Paris sur l’environnement (COP 21) ne soient menacés par l’importation de pétrole des sables bitumineux et les produits d’une agriculture industrielle. Accepter le CETA reviendrait à clamer haut et fort que la COP21 n’a rien changé et que la transition énergétique n’est pas pour demain
C’est dans ce climat tendu et incertain qu’un blogueur à deux balles s’est lancé dans un soutien inconditionnel à ce traité, accumulant les tableaux et expliquant les conséquences d’autres accords, avec des amalgames et des maladresses rendant pratiquement illisible son hymne à l’accord.
L’entêtement d’avoir raison partout et dans tout pousse parfois les présomptueux à des excès qui desservent la cause qu’ils veulent défendre. Je parle en expert, puisque c’est mon cas aussi dans des indignations qui me montent des tripes dans certains cas et que je regrette parfois dans leur forme absolutiste qui n’est pas toujours la bonne.
Pour rappel, le Ceta veut libérer des échanges et de l’investissement entre l’UE et le Canada. Bruxelles souhaitait le valider le 18 octobre, puis officiellement recevoir en grande pompe le Premier Ministre canadien Justin Trudeau le 27 octobre.
Cet accord est considéré comme les préludes d’un autre, plus vaste encore, le Tafta (l’Accord UE-Etats-Unis),

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Je doute que les admirateurs de ce document de 1600 pages, l’aient lu en entier, ils se sont bornés à en admirer des extraits par journaux intermédiaires. Voilà quatre ans que les négociateurs « secrets » de l’UE et du Canada peaufinent le bidule et ce n’est qu’en début d’année que les États ont pu en obtenir des ébauches. Il contiendrait quelques passages en petits caractères, qui nous apprennent que l’enjeu ne se limite pas au libre-échange mais concerne également, la question de savoir ce que l’on peut retrouver dans la bière et le chocolat, par exemple. Technique d’écriture que les sociétés pharmaceutiques emploient couramment pour ne pas que les intéressés mettent trop facilement le nez dans leurs posologies
Le CETA est donc bien plus qu’une autorisation de douane, c’est également une affaire de normes de qualité et de régulation. Celles-ci sont plus sévères en Europe qu’aux Amériques, c’est bien connu. Des produits made in Canada, parce qu’ils sont moins chers pour des raisons de qualité inonderont le marché de l’UE.
Les agriculteurs et pas seulement wallons et des éleveurs de porcs, pas seulement qu’en Flandre, ont compris le danger que représente le CETA. Le contrôle de la qualité et de bien-être animalier ont un prix, mais ce prix est supérieur à celui du Canada. L’exemple vient des USA. Le Canada a des fermes de plusieurs milliers de bovins, les éleveurs de porcs les gardent dans des cages à engraissement dont ils ne sortent jamais, comme cela se fait sans problème aux USA.
Ce qu’on a voulu est de faire signer quasiment de force la Wallonie à l’extension du système de libre-échange, en contraignant le partenaire qui applique les normes qualitatives les plus élevées à les adapter à la baisse. C’est le même principe que la libre circulation des travailleurs au sein de l’UE qui a conduit à une concurrence sur les salaires dont les industriels se frottent les mains.
Après avoir avalé le CETA, il va de soi que le plat de résistance allait suivre avec le Tafta.
Pour le blogueur à deux balles, il n’est pas trop tard.
D’autres graphiques vont démontrer que ceux qui veulent arrêter les destructions de salaire et les façons de produire, dans le respect des normes européennes, sont des naïfs manipulés par… la nouvelle génération de vipères lubriques !
La liquidation de l’État de droit est en cours, ni plus ni moins.
Qu’est-ce qu’on est bête d’imaginer cela ! Vite, un bon coup de graphiques, de chiffres détournés, de cours d’économie par un apprenti sorcier blogueur… S’il a fallu trois jours au téméraire bruxellois, apologiste du gouvernement fédéral pour réunir sa documentation, la réponse à cet article n’est pas pour tout de suite… ouf, on respire !

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