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Une caverne pour la démocratie

Les journaux ont beau parler d’autre chose, les politiques s’enfoncer un peu plus dans la négation d’une situation dégradée, les Belges vivent pourtant au quotidien une crise de la démocratie dont on n’a pas encore mesuré la profondeur. Sans doute aussi parce que, de toute évidence, la crise économique, on la touche du doigt tous les jours, elle prend tout l’espace dans les esprits.
Ce que j’en dis vient du fond de la pensée de quelqu’un qui se situe à gauche sans faire de la politique. La preuve, mon blog d’hier. Y a-t-il quelque chose de plus improductif pour le militant de critiquer le manque d’empathie des gens ? Un bon partisan de gauche se garde bien de souligner une évidence, l’argent gagné à la pelle et souvent malhonnêtement ne détient pas l’absolu contingent de salauds. Il y en a à gauche aussi, sauf qu’à gauche, la misère et la somme des malheurs font des circonstances atténuantes.
La première cause du désenchantement démocratique est le manque de résultats dans les programmes annoncés à coups de discours séducteurs. Les gens de pouvoir n’aiment que le pouvoir, le confort qui s’y attache et l’absolue certitude de leur grande intelligence, enfin tout ce qui flatte leur ego. C’est inscrit sur le visage de Charles Michel ! Ce type ne nous aime pas ! Quand il plonge davantage les gens dans le besoin, cela ne l’empêche pas de dormir et à l’occasion de tirer un coup avec la personne qui partage son lit.
Dans ce pays, quoique tourneboulé par le superflu et le prêt-à-porter, l’ersatz du paraître, les citoyens s’intéressent plus que les médias imaginent de ce qu’on fait pour eux et en leur nom. Ils s’y reconnaissent de moins en moins. La crise démocratique n'en est que plus grave.
La démocratie est en perdition parce que les citoyens n’ont plus d’exemple d’altruisme et d’intelligence à suivre. Oui, si les politiciens prennent les électeurs pour des cons, ces derniers le leur rendent bien. La seule supériorité de l’élu, c’est que justement pris pour un menteur et un con, il est réélu quand même !

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Le risque de régression démocratique nous pend sous le nez. Pourtant cette démocratie a toujours été balbutiante, ténébreuse, injuste. Mais, elle a en plus aujourd’hui ce qu’elle cachait très bien avant : un absolu aplatissement devant le pouvoir économique.
Pour recréer de la confiance, la recette est toute simple. Il faut des personnels nouveaux au pouvoir. Des gens venus de tous les bords de la société et pas seulement des avocats et des docteurs en sciences économico-politique. La peste des universités qui à l’heure actuelle ne produisent plus que des cuistres unidimensionnels ! Basta la pensée unique, même si pour faire moderne, la nomenklatura a abandonné la cravate.
Je me demande même si ce coup d’air frais venait, il y aurait besoin de remanier sans cesse la Constitution, sauf dans la perspective d’éliminer les doublons électifs et administratifs ?
Une fois les dinosaures des partis évacués vers des retraites dorées à l’or fin par leurs propres soins, il serait indispensable de propager l'idéal démocratique hors du champ politique. Ce serait une des tâches principales de la nouvelle génération. La démocratie doit régner partout, dans les usines comme sur la place publique, toute la société doit en être pénétrée.
Les Flamands ont vu et certains voient encore des Fransquillons partout. Leur chasse aux sorcières n’a pas peu contribué à embrouiller les pistes et fait de la Belgique d’épouvantables entrelacs gonflant les effectifs des divers parlements et institutions, gorgeant jusqu’à plus soif fonctionnaires et élus pour un résultat contre nature, alors que manifestement selon les avis et les discours, la Belgique fédérale allait produire des merveilles de démocratie.
Comment changer le merdier dans lequel on patauge en une démocratie participative et incontestable ? Il est aberrant de voir les réseaux sociaux aussi peu sollicités. Les blogs, qui ne sont pas que les comptables des branlettes d’adolescents, sont parfois pétris de réflexions pertinentes. Ils restent peu exploités.
L'aspiration des Belges à la transparence et à la participation des processus de prises de décision est très grande. Le pouvoir n’a pas d’arguments pour refuser ce genre de bénévolat et pourtant il le fait, jaloux de son autorité.
La volonté de changement qui se manifeste partout semble ne rencontrer aucun écho dans les sphères du pouvoir trop conservateur.
Le gouvernement Michel a scellé la porte d’entrée de la caverne de Platon, nous y sommes bien condamnés à y ruminer nos pensées pour l’éternité.

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