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Juste un mot encore !

Dernières petites choses sur les élections américaines. Après avoir pronostiqué Hillary Clinton gagnante et avant les deux ou trois jours qui restent, c’était le moins.
Le poissonnier a tenu la dragée haute à tout le monde et y compris à Hillary, madame Justes-Propos.
La Madame Sans-gêne du vaudeville était un homme ! Face au jeu électoral qui se dénoue, il aura au moins eu le temps de démontrer qu’une grande gueule inculte peut clouer le bec à une nomenklatura qui lit Dante en latin.
Il reste à trouver pour le Nouveau Monde et l’Ancien, une Madame Sans-gêne plus cultivée, moins imbue de sa personne, mais tout aussi agressive pour river le clou à l’arrogance des parvenus.
Ce n’est pas facile. En France Mélenchon pourrait tenir ce rôle, s’il n’était pas enclin à remplacer une équipe de football à lui tout seul.
Trump est bien ce phénomène qui s’est lancé dans une campagne comme on fait une OPA sur une entreprise. L’inconscience aura été payante. Il aura fait une campagne comme personne, avant lui, avait osé faire. Il est en train de nous faire une leçon de marketing. Il tire profit d’un business de la matière première en démocratie : les acteurs malchanceux de la vie sociale. Il exploite des votes populaires en faveur d’un milliardaire sans scrupule !
C’est un salaud, mais un salaud qui a de l’allure…
Sa connaissance profonde des conséquences de la crise est l’une des raisons de son pouvoir de séduction. Cela ne veut pas dire qu’il entend appliquer des remèdes là où il voit les écorchures sociales, au contraire, cela veut dire qu’il entend bien user de cette connaissance à son profit et, pour commencer, le mettre en position de briguer le poste suprême en Amérique, celui de président ! Il ne faut jamais oublier que cet homme est un prédateur et pas un Robin des Bois.
Le discours d’Obama à propos des terroristes islamistes, est rempli de termes forts, d’objurgations pathétiques. Que fait-il après les solennels instants ? Rien ou pas grand-chose. Trump sait les paroles que les gens attendent. Il raccourcit les distances et pour un peu, élu, à l’heure même il partirait à l’action, ainsi donne-t-il l’illusion de l’immédiat. Pour en connaître davantage, il suffirait de le mettre à la barre et vous verriez des choses bien différentes.
Ce qui compte n’est pas ce qu’il ferait au cas où il tiendrait ses promesses (une personne tant soit peu instruite de la situation aux États-Unis sait qu’il ne pourrait en tenir aucune), c’est d’atteindre un plan de carrière ambitieux, une part du gâteau de ce qu’il croit lui être dû.
Fatalement, il arrivera un jour, un autre Trump en Amérique et en Europe une autre Marine Le Pen, si elle loupe son coup l’année prochaine. Cette nouvelle espèce d’experts en décryptage populiste en prenant sa part de responsabilités, assumera aussi son bilan. Les dégâts seront là. Il sera trop tard.

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C’est toute l’hypocrisie qui se dégage du scrutin universel et le rôle de la médiocrité glorieuse des nouveaux virtuoses du vibrato populaire.
On pourrait qualifier Trump d’alternative à une classe dirigeante hégémonique, tirant son pouvoir de l’artifice et des tromperies, s’il n’était lui-même membre de la classe dirigeante. Il joue le rôle du prestidigitateur qui à la fin de ses numéros, les explique.
Brutalement, il dit à peu près « bande de cons, vous regardiez ma main droite, alors que cela se passait dans ma main gauche ». Les gens sont ravis. Le culot paie.
Trump est un capitaliste, ces trucs, il les a appris sur le terrain, parfois à ses dépens. Où il devient fort intéressant, c’est quand il dépeint la politique moderne comme étant la tromperie universelle de la promesse d’un bonheur collectif qui se ferait en-dehors de l’argent, comme si cette société pouvait se passer de son moteur à explosion sociale !
Ainsi, il fait admettre le bien-fondé de son immense richesse comme étant naturellement le produit de son travail honnêtement gagné. Il en éblouit ses partisans, d’autant qu’ils sont le plus souvent démunis, tout en ayant soin de désigner les politiciens comme les uniques tourmenteurs, alors qu’ils sont bel et bien de la même espèce que Trump dans leur technique d’enrichissement.
Sa réalité exprime un capitalisme prêt à attirer les clients. Il dit tout haut ce qu’Hillary Clinton pense sans l’oser pouvoir dire. Pour le reste, son racisme, ses foucades de murs protecteurs et ses interdits sur les musulmans, etc. sont des conneries qui ne résisteraient pas à l’examen dès la première seconde, assis à la place d’Obama dans le bureau ovale.

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