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On brade Brussels Airlines.

Allons-nous vers un Sabena bis avec le rachat de Brussels Airlines par le groupe Lufthansa ?
C’est fort probable. Davignon était déjà dans le coup de la Sabena. On voit le genre. Les propos rassurants qu’il a tenus n’ont même pas convaincu le journaliste de RTL, télé qui passe pourtant pour complaisante au régime libéral.
Le public a bien compris. Les voyageurs et peut-être le personnel ont deux ans de bon devant eux, après on n’est pas sûr que la firme ne changera pas de nom. On n’est sûr de rien, comme avec la reprise de Sabena pas Swissair, une société dont on n’avait même pas enquêté sur la solidité et qui s’est avérée une entreprise sangsue qui a survécu un peu plus que celle qu’elle avait rendue exsangue, en la siphonnant depuis le début du rachat.
Ce qui inquiète, c’est le montant dérisoire de la reprise de Brussels Airlines, 2 millions d’€ ! Pourquoi pas l’euro symbolique, tant qu’on y est.
Nous sommes ici dans un cas de bradage d’une société qui recoupe deux avis intéressés. Celui des actionnaires belges qui se retirent avec une belle plus-value sur les conseils de Davignon qui leur a sans doute fait peur et un gouvernement libéral dont la devise est « tout pour le privé », même si les travailleurs vont grossir les rangs des chômeurs dans deux ans.
Cette désinvolture a déjà coûté la fin du bassin sidérurgique mosan. Quand on se frotte à un peu d’histoire des activités disparues, on s’aperçoit que déjà avant la fin de l’acier, la région liégeoise avait perdu les textiles avec les lainières de Verviers et la construction des automobiles et des motocyclettes, avec Impéria, Saroléa et FN, dans une période d’une quarantaine d’années et qui court de l’entre-deux guerres à la fin des années cinquante. Alors que des industries de ce genre ne sont pas mortes ailleurs, et ce malgré l’essor du bon marché des pays asiatiques, juste après la guerre de Corée. Au contraire, des entreprises similaires en Europe et en Amérique ont eu de bonnes et de mauvaises fortunes, en alternance, mais ont poursuivi une exploitation industrielle que nous avions abandonnée.
Nos entreprises étaient trop petites au départ, manquaient de capitaux, j’en conviens. Mais, comment cela se fait-il que leurs rivales, dans les mêmes conditions d’exploitation, s’en sont tirées au point que certaines, je pense à l’expansion des usines américaines et allemandes dans le domaine mécanique dès les années 60, sont devenues, en moins de vingt ans, des entreprises mondiales aujourd'hui florissantes ?

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Le capitalisme dans ces années là, nos « élites » le voyaient non pas mondialisé, mais spécialisé. Les autorités et les industriels belges et particulièrement wallons pensaient que l’âge d’or était dans l’exploitation des services. Nous aurions été les bureaux de l’organisation du travail mondial, et les pays en développement nos usiniers et nos hommes à tout faire. Les ouvriers transformés en gens de maison et nos ouvrières en soubrettes de direction, vivraient mieux et sans se salir les mains !
Et c’est sur ces conneries là que les politiques, déjà complètement enthousiastes et bégayant d’émotion à la seule évocation du libéralisme, sont tombés tête baissées dans le traquenard qui les a anéantis au sortir des trente glorieuses et complètement lessivés à la crise de 2008.
Le système économique change plus souvent de pied que nos socio-libéraux. Aujourd’hui, ils ne jurent plus que par la croissance dans le cadre d’un capitalisme mondialisé. Leur mot d’ordre rabâché tient en un mot « l’adaptation ». Nous devons nous adapter, oui, mais à quoi ?
À cette inorganisation chaotique d’une économie qui ne sait pas elle-même où elle va ?
Rebelote dans la connerie…
Malheureusement le gros des électeurs les suit et les conforte dans leur manque de clairvoyance.
La légèreté des autorités qui laissent quand même filer dans le portefeuille d’une compagnie étrangère, une compagnie aérienne de la capitale de l’Europe, voilà qui, dans le domaine stratégique, est déjà très préoccupant. En suivant le raisonnement d’un Davignon et d’un conseil d’administration composé avant tout d’hommes d’affaires avant d’être belges, c’est comme si on demandait à Poutine de régler nos problèmes linguistiques.
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le libéralisme est un système qui profite aux margoulins et aux escrocs qui ont du caractère et le sens de faire grandir leur patrimoine avant l’intérêt général. On peut regretter que Toyota ne soit pas belge et que Mittal ne soit pas né à Seraing, comme par exemple, on peut regretter que nos ministres régionaux et fédéraux soient de chez nous. Tout cela, bien entendu, dans le cadre d’un capitalisme voulu par une majorité d’électeurs.

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