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Règlement de compte.

Décembre, c’est le mois des rapports. Après celui d’OXFAM faisant de la Belgique un État voyou favorisant les classes aisées au détriment des travailleurs et des pensionnés, appelant les grosses fortunes à venir s’installer chez nous par des réductions d’impôt et toutes sortes de facilité, voici celui du FMI, selon lequel on ne serre pas assez la ceinture des citoyens et suggère l’accélération de réformes susceptibles de renforcer le potentiel de croissance et d'améliorer l'efficacité des services publics.
En clair, cela signifie plus de TVA, moins de fonctionnaires et une austérité générale accrue.
Le FMI félicite à mots couverts les efforts du gouvernement en matière de réformes économiques, de pensions, de modération salariale et de réduction ciblée de la pression fiscale via le glissement fiscal (tax shift), mais ce n’est pas assez !
Ces deux rapports contradictoires et cependant complémentaires sont les marqueurs du divorce entre deux cultures et deux visions de l’économie, entre une aile libérale englobant largement la droite avec le socialisme de gouvernement et les tenants d’une société ouverte aux progrès par une autre économie basée sur des principes et une réelle souveraineté du peuple.
Cela se traduit en Europe par un malaise généralisé et une incompréhension accrue entre les gouvernants et les gouvernés.
C’est à l’issue d’un malentendu des années 80, entre la soumission des citoyens à un système injuste mais suffisamment porteur de conquêtes sociales pour qu’il soit respecté et soutenu et ce qu’il est devenu en 2016, une sorte de concours Lépine sur l’art de dépouiller les classes inférieures. Le citoyen n’a jamais adhéré au système, même dans les années 80, s’il l’a accompagné durant ces années de « progrès », c’est parce qu’il en tirait un profit relatif, mais profit quand même. Aujourd’hui, comme il n’en retire plus avantage, pourquoi voulez-vous qu’il le soutienne dans ses nouvelles règles ?
Le clash actuel tient dans la volonté des « élites » de poursuivre l’aventure du système en l’accompagnant quoi qu’il arrive, soutenu par deux idées (toutes deux fausses selon moi) la première tient dans l’inexorabilité du système et l’impossibilité de le changer, surtout depuis qu’il est devenu mondial ; la seconde, consiste à en accepter les contraintes parce qu’on ne saurait faire autrement, toute autre voie serait dangereuse et populiste.
C’est surtout cette seconde idée qui a bouleversé la donne et qui met directement en cause le parti socialiste de Di Rupo qui a choisi les politiques économiques d’ajustement structurel, le choix de l’offre du privé pour réduire les dépenses publiques, en somme, la politique de Tony Blair et de Schröder.

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Comment le citoyen pourrait-il encore admettre le bien fondé du rapport du FMI dans l’état actuel de fracture entre lui et l’exécutif ?
Le FMI ne voit pas la chose ainsi. Il compte sur la fermeté des dirigeants pour éviter que la détérioration des finances publiques se poursuive. Le FMI, on l’a compris, est un de ces organismes complètement dans le clan des « élites ». Il voit tous les malheurs de la Belgique dans les finances qui ont souffert d'un recul des recettes, "dû au fait que le financement de la phase initiale du tax shift n'a pas encore été totalement réalisé".
La suite est prévisible : la Belgique doit poursuivre les réformes afin d'améliorer son potentiel de croissance économique et d'accroître l'efficacité des services publics. Une réduction du niveau élevé des subsides, une répartition plus efficace des tâches entre les niveaux de pouvoir, une accélération de la réduction des effectifs publics, une meilleure coordination et un meilleur contrôle du processus budgétaire entre les niveaux de pouvoir, c’est la mouture traditionnelle de tous les économistes officiels et le programme de toutes les écoles de l’économie qui produisent ces phénomènes.
Le FMI se garde bien d’évoquer l’organisation des pouvoirs politiques en Belgique, avec cinq gouvernements, une flopée de doublons avec les Provinces, les Gouvernements régionaux et fédéral et les parlements multipliés par cinq ! Du jamais vu, nulle part ailleurs.
Cette gabegie qui grève chaque année les budgets, bien plus que « l’indigence » wallonne, soi-disant subventionnée par la Flandre trop « généreuse ». nous la devons aux pointus du nord du pays qui multiplie les barrières qui sont à la fois linguistiques, politiques et administratives, si bien qu’on se demande si le séparatisme complet ne serait pas une forme rapide de diminution des effectifs au niveau des représentations électives et beaucoup moins onéreuse pour tout le monde.
Pour le solde, ce gouvernement Michel sera le pire que nous ayons connu. L'Institut pour un Développement Durable (IDD) relevait que l’emploi a plus augmenté lors des 541 jours sans gouvernement avant celui formé par Di Rupo, que sous celui du gouvernement libéral actuel !

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