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Du fric pour tout le monde…

Les pleins aux as n’auront rien de plus, pour ceux qui survivent, c’est différent. Enfin, pour abaisser le pouvoir jusqu’à présent absolu de l’argent, rien de tel que d’en donner à tout le monde !
Benoit Hamon est le seul candidat socialiste à l’investiture du parti à intégrer le revenu universel dans son programme.
À l’exception d’un seul, tous les autres candidats sont contre. Or, s’il y a bien un débat qui intéresse les gens, c’est bien celui-là.
Dès 1995, Jeremy Rifkin reprend la vieille idée du revenu universel qu’il actualise dans son livre « The End of Work » (Publishing Group). Best-seller aux États-Unis, il est resté dans les rayons du bas des bibliothèques en Europe, seulement repris et commenté par une partie de la gauche... et une droite qui pourrait bien en détourner les buts. La récente remise en service de cette idée par Hamon est l’occasion de mettre en discussion des thèmes importants sur le travail et son organisation. À noté la farouche désapprobation des socialistes français par les voix de Peillon, Valls et Montebourg, l’avant-veille du scrutin organisé par le PS français. Cette désapprobation porte sur le coût d’une pareille mesure, oubliant que la plus importante des interrogations reste concentrée sur le travail et le chômage endémique, bien avant les dépenses qu’une telle mesure entraînerait.
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l'histoire, explique Jeremy Rifkin. Elle se distingue par le déclin inexorable de l'emploi. Le monde du travail est en train de se cliver : d'une part l’élite de chercheurs et de manipulateurs d'information surqualifiés, d’autre part, une forte majorité de travailleurs tour à tour chômeurs, puis occasionnels. Il devient nécessaire d’imaginer une économie qui supprime l'emploi de masse dans la production et la distribution. Pour cela il faut agir dans la réduction du temps de travail et le développement d’un secteur des services.

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Quid du sort des travailleurs précaires qui constitueront l’essentiel de la population demain ? Les temps partiels, les mères célibataires, les étudiants dont les parents se saignent aux quatre veines, dire que ce revenu serait un incroyable progrès, serait peu dire.
Une solution passe par le revenu universel pour tous, mais c’est aussi, faut-il le rappeler, l'aveu d'un échec de la gauche à peser sur les causes des inégalités, pour se concentrer sur leurs effets, notamment les inégalités entre le travail intellectuel et manuel. Dans l’absolu, il faut autant de temps pour former un bon maçon que pour former un ingénieur. À l’arrivée, c’est l’ingénieur qui perçoit le double du salaire de l’autre.
Évidemment, ce sont les moyens de production augmentés exponentiellement par la machine qui sont à la base des interrogations d’aujourd’hui.
Benoît Hamon défend son projet en ces termes : «Parce qu’il est trop souvent synonyme de souffrance et de perte de sens, nous voulons refonder notre rapport au travail. Nous défendons un travail choisi et non plus subi, un travail partagé et dont la valeur dépasse la seule contribution au PIB. C’est ainsi que nous répondrons au défi de la raréfaction du travail et de la révolution numérique. Nous voulons en finir avec la précarité, et donner la possibilité à tous de s’émanciper et de s’engager librement dans l’activité qui répond à ses aspirations. C’est pourquoi nous créerons le Revenu Universel d’Existence, protection sociale du XXIe siècle.»
Qu’on se le dise, à gauche et à l’extrême gauche, le revenu universel est une sorte d’aveu d’impuissance d’arrêter le chômage de masse. Mais, il faut parer au plus pressé et voler au secours des plus misérables d’entre nous le plus rapidement possible et qu’importent les coûts. Ils devront être prélevés là où il y a trop plein de numéraires. Ce n’est pas une révolution, c’est justement pour en éviter une.
Le revenu universel accepte l'inéluctabilité du chômage en même temps il reconnaît que le chômeur n’est pas la cause de la dépression de l’économie, mais la victime. Il met un terme aux songes creux d’une croissance continue et sans limite, comme l’affirme Charles Michel qui pense qu’un nouveau départ de croissance remettrait tout le système en marche « comme il était avant ».
Ce qui pour un premier ministre est un manque de réflexion et une méconnaissance grave de l’évolution de l’économie.
Et si Hamon l’emportait à la primaire rien que par l’effet de sa proposition de revenu universel ?

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