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Chut ! Interdit d’en parler.

La question sociale dans le libre-échange tant souhaité par les Libéraux n’a vraiment jamais été débattue sur le fond par les supporters les plus acharnés de ce commerce high-tech.
Ils y ont vu une manière nouvelle et plus rapide de satisfaire le besoin des actifs dans un genre d’opération qui ressemble un peu au CEC (1).
Voilà bien le traité sur la table dont on aurait « oublié » le plus important, à savoir : le libre-échange satisfait-il les communautés ?
Bien timides sont les études des économistes ! La plupart des conclusions aboutissent à de vagues formules sur un avenir meilleur des populations, au fur et à mesure de l’organisation des échanges et de leur ampleur.
Bien entendu tant Belges que Français, les libéraux ont leurs chantres et leurs petites entrées dans les médias. On y compte même un prix Nobel de l’économie parmi les habitués.
Cet iconoclaste de Trump coupe court à ces grandes promesses libérales de profit. Le président décrète un retour à un nationalisme économique dont il faudra bien mesurer le décalage avec le libre-échange. Aujourd’hui les libéraux des démocraties occidentales sont perplexes. Leur clientélisme à l’égard des États-Unis, leur idolâtrie du dollar et leur foi dans le commerce rayonnant autour du bateau amiral américain se heurtent à quelques règles, dont la principale, la libre circulation des biens et des personnes, dans le collimateur de Trump. Le milliardaire a commencé par les personnes de certains pays. Il y a de bonnes raisons de croire à une pause dans le TTIP. Ce n’est pas la plus grande priorité pour la nouvelle administration Trump.

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En Europe, l’histoire du plombier polonais qui enclenche la descente des salaires dans toutes les activités va-t-elle se tarir ou se clore par une nouvelle approche ? L’effet Trump y serait-il pour quelque chose ?
L’occasion est belle de revenir à une réflexion sur la part que représentent les salaires de 1947 à nos jours. Leur part continuelle et spectaculaire de décroissance alimente évidemment les commentaires dont se sont emparés les nationalistes qui y voient un moyen de plaider leur cause devant le peuple.
Le danger est justement là, puisque le peuple ne se sentant plus défendu par son avocat naturel, le parti socialiste, s’est justement tourné vers une nouvelle gauche, mais aussi vers un extrémisme de droite qui commence seulement à faire des ravages. Ne devient-il pas urgent de parer au danger en désertant une social-démocratie en plein désarroi pour une gauche plus radicale ?
Aujourd’hui le vecteur populiste parfait est la dénonciation du libre-échange. Ce n’est plus les seuls partis d’extrême gauche qui dénoncent cette arme libérale anti-salaire, mais aussi les dresseurs de frontières, les discriminateurs entre les peuples et les différenciateurs des bonnes et des mauvaises civilisations.
Voisin des Français, nous y suivons les péripéties politiques. À notre grand étonnement, mis-à-part les thèses nationalistes, les prises de position de Marine Le Pen sur les conditions de travail, les salaires et la justice sociale sont tout à fait compatibles avec les critiques envers le système libéral de Jean-Luc Mélenchon. Le FN pourrait très bien coller aussi à la politique de Trump sur un premier point, celle de la fermeture des frontières à certains ressortissants.
Parti ultra moulant, caméléon et machine à reproduire à l’identique, le FN n’est-il pas le parti le plus adapté à ce que j’expliquais ailleurs « La société du spectacle » de Guy Debord ?
L’histoire de Marine Le Pen est toute simple. C’est celle d’un hold-up commis par des malfrats qui se sont déguisés en policier afin de faciliter leur vol.
C’est ainsi qu’une partie de l’ancienne clientèle socialiste leurrée a déserté la gauche pour l’extrême droite.
Ce paysage sociétal confus masque une question importante dans ce climat nouveau de la mondialisation, c’est celle de l’OPA sur toute l’activité humaine y compris politique par le capital financier. La dénonciation du libre-échange reste malgré, les interférences politiques et ses double-jeux, une manière de protester contre l’affaiblissement de la puissance publique et le triomphe des forces du capitalisme financier.
Jusqu’où pourrait aller cette alliance contre nature de l’extrême gauche et de l’extrême droite ? On y pense depuis l’avènement de Trump aux États-Unis. C’est un sujet tabou et comme tous les sujets tabous, il est défendu d’en discuter le moindre sens.
C’est une erreur. Il est toujours utile de débrider les plaies.
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1. Le CEC (Centre d'échange et de compensation) est le système belge automatisé de paiement interbancaire pour les transactions de petits montants.

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