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Le four et le moulin.

L’élection au second tour du président de la République française pose un problème inédit et qui intéresse au plus haut point l’Europe et les Nations qui la composent.
Deux candidats hors système s’affrontent.
Macron, parce qu’il est tout neuf et qu’il n’entre pas dans le moule traditionnel gauche/droite, quoique ayant fait partie du gouvernement Hollande.
Marine Le Pen, parce que son parti a été proscrit par le pacte républicain, une sorte d’association des partis traditionnels qui a exclu le Front National des partis fréquentables.
D’un côté nous avons un candidat s’appuyant en gros sur les anciennes valeurs dans le cadre d’une Europe des Nations avec sa monnaie unique. De l’autre, une candidate, dont le corps électoral est principalement composé des classes moyennes et des classes sociales défavorisées, mais pas que… dans une dernière partie sont rassemblés les nostalgiques et les cathos intégristes.
Que beaucoup d’électeurs de Marine Le Pen se soient trompés de camp, c’est une évidence. Oui, mais lequel ? En plaçant Mélenchon quatrième dans la course à l’Élysée, l’électeur a fait disparaître l’alternative d’un autre choix que celui de Macron.
Ça aurait pu être pire, si le sulfureux Fillon l’avait emporté.
Reste que le débat porte aussi le sceau du choix impossible.
Inutile de revenir sur le départ du Front National, de ses suppôts d’un ordre fascisants dont le champion tendait à rendre plus feutrés, mais audibles quand même, des bruits de bottes. Esbroufe d’une Propagandastaffel sous le ton patelin d’une communication clean aux médias ou changement à 180° d’un parti à la fois nationaliste et social ?
Qu’est-ce qu’on peut dire à des gens qui perdent leur emploi tous les jours et à qui on prêche la patience afin de surmonter un jour les dures lois de la mondialisation ?
Que cela soit utopique et méchamment habile, mais à quelqu’un qui n’a plus aucun choix et que le destin condamne à la misère, à qui on dit « je ferme la frontière, j’interdis la fermeture de votre usine et je chasse les étrangers qui prennent vos emplois », vous en connaissez beaucoup qui vont hésiter à saisir la bouée qu’on leur lance, même si cette bouée est en plastic et va vous conduire aussi vite par le fond que si vous ne l’aviez pas saisie ?

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La carte de la France politique est révélatrice du climat délétère de cette élection. L’Est est profondément touché par les fermetures et la désertification des villes et des villages. L’Ouest est au contraire rempli d’un espoir de s’en sortir, sans rien changer à l’économie mondialisée.
Marine Le Pen est donc obligée de tenir un double langage. Celui de la France qui souffre d’un côté et celui de la France qui espère de l’autre.
Quitte à déléguer Marion Maréchal-Le Pen sur la Côte d’Azur raviver les prêches de grand-papa Jean-Marie.
Le programme de Macron n’est pas exaltant. Mélenchon avait bien vu que c’était la loi Myriam El Khomri en pire, cette loi qui a fabriqué le plus d’électeurs nouveaux pour le Front National.
Le choix appartient aux Français.
La mort dans l’âme et en traînant les pieds, je pense que les Français voteront Macron et échapperont à la démagogie du Front National. Mais, ce sera la toute dernière chance pour le système. Si Macron fait du Hollande, ce sera la fin des illusions dans cinq ans. On ne pourra plus nier une lutte des classes qui malgré les bavardages des sociaux-démocrates n’a jamais cessé.
Il est même possible que Marine Le Pen soit balayée aussi dans cinq ans !
On assiste à la disparition de l’ensemble des classes moyennes qui était un réservoir de voix important pour la droite. La France comme la Belgique a vécu et vit encore dans l’illusion d’une certaine vitalité due aux fonctionnaires et personnels politiques enrichis. Ce leurre va tomber devant la conscience de classe et les événements (Macron va sabrer dans la fonction publique).
Le système économique capitaliste tombera-t-il de lui-même à cause de sa gourmandise ?
La prochaine décennie sera intéressante de ce point de vue.
On pourrait imaginer un Front National regroupant une partie des LR les plus durs, un centre fait des débris du socialisme et des modérés de type Bayrou, enfin une gauche recentrée autour « des Insoumis ».
En toute hypothèse, l’Europe tient à un fil… à moins qu’elle ne disparaisse bien avant.
À l’heure où j’écris ces lignes, des lycéens apprennent la castagne à Paris. Ils n’en veulent pas du choix Macron-Le Pen. Voilà qui promet !

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