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Je te tolère si tu me tolères.

La tolérance va de soi. C’est une forme de progrès lié à la démocratie. On n’est pas d’accord et on en discute. C’est normal de chercher à convaincre. Si l’autre n’est pas convaincu, on admet que les points de vue diffèrent, néanmoins on les tolère.
Pour qu’il y ait tolérance et cohabitation, il faut que les parties soient à égalité dans la citoyenneté et encore mieux, dans les professions, tout à fait idéalement, dans l’égalité des études.
Immédiatement se pose la question de savoir ce qu’on entend par tolérance dans l’inégalité profonde des parties.
Est-ce qu’un patron à la même tolérance vis-à-vis de ses ouvriers que ceux-ci vis-à-vis de lui ?
Cela ne se peut. Ce sont deux tolérances différentes, inégalitaires et qui portent sur des considérations opposées.
Que dire de la tolérance unilatérale de celui qui accepte de partager son lieu de vie avec des réfugiés ! Cette tolérance ne s’exerce que dans un sens. Le bénéficiaire n’a pas les moyens d’exprimer la sienne, d’ailleurs on ne la lui demande pas.
La gratitude n’est pas une forme de tolérance. Dans le cas précis, ce n’est souvent qu’une forme d’humiliation.
On voit bien la contradiction : le principe de la tolérance se pose comme un absolu, alors qu’il n’y a pas d’absolu sous peine d’intolérance.
Les sociétés fondées sur le pluralisme sont tolérantes d’une manière telle qu’elles dissimulent leurs inégalités profondes et leur intolérance irrémédiable.
Dans « L’être et le néant » (Edition Tel) Sartre dénonce la tolérance comme la négation de la liberté de l’autre.
Avec le peu d’enthousiasme des Européens pour accueillir leurs semblables en souffrance en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, on découvre une autre facette de la tolérance, celle qui laisse faire sans plus celui qui souscrit à la tolérance « sous toute réserve ». À la limite, si une catastrophe plus grande qu’une guerre civile, un cataclysme par exemple, venait à débarrasser la conscience européenne d’une tolérance qu’elle accorde du bout des lèvres, elle s’en trouverait soulagée !
La tolérance peut être donc une attitude d’indifférence, voire de désintérêt ou de mépris des autres.

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Les gauches révolutionnaires ne sont pas tolérantes, elles font mieux. Elles se sont donné comme mission d’accueillir à bras ouverts toutes les victimes des guerres et des discriminations de toutes sortes. Ce faisant, elles montrent une capacité d’intégrer à soi la diversité de l’humanité dans ce qu’elle a de plus misérable que soi. L’idée en elle-même est admirable et on a le cœur fendu de voir nos semblables affamés et malmenés par des religieux, des dictateurs, des multinationales et des guerriers égoïstes.
En réalité, cette humanité débordante et sans limite est virtuelle. Il y a une forte résistance des autres partis à cet accueil illimité. Et l’extrême gauche n’est pas au pouvoir. Cette résistance agite le monde socialo-libéral des partis dits modérés. La gauche se sent brimées dans sa volonté d’agir, et pourtant…
Si cette minorité devenait majoritaire, sous peine de déchoir dans l’opinion, elle serait obligée de couper court à la politique des vases communicants rendant immédiatement irréaliste l’abaissement général volontaire des conditions de vie, par l’afflux des demandeurs. Des barrières au déferlement de toutes les misères du monde seraient mises en place. C’est le postulat de Michel Rocard.
Alors que la modération exaspère à gauche comme à droite, c’est bien à cette modération que s’attache la notion de tolérance.
Comme a écrit Bourdieu « Il est toujours très difficile d’être cohérent jusqu’au bout. »… et tolérant donc !

Commentaires

Il est très difficile de pouvoir exprimer en quelques lignes, ce que pourrait faire l'extrême gauche "au pouvoir" mais, c'est sûr qu'il y a des alternatives pour arrêter l'immigration, si croire à la paix, alors c'est une utopie...

Je regrette seulement de ne pas vous avoir croisé lors de votre passage lors de votre visite dans le quartier du Laveu...Bonne continuation mon cher Duc

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