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Sabir et pidgin.

Nous allons de la culture européenne à la culture américaine sans espoir de retour.
C’est le travail d’une économie mondiale articulée en anglais et véhiculée par nos hommes politiques qui permet de nous dépouiller de ce nous avons été.
Le Belgique est particulièrement en pointe dans ce renoncement à notre culture au sein de l’UE. Elle en est presque la pionnière.
La langue néerlandaise parlée par une majorité de Belge en a été le prétexte. Cette langue coincée entre deux immenses cultures, la française et l’allemande, elle qui n’en a aucune, pour la défendre les dirigeants flamands ont choisi la culture d’un autre continent, plutôt que rester une sous-culture de seconde main, dépendante de l’allemande et mise à mal par une francisation de ses ressortissants à ses frontières.
Certains pays ont fait de même pour d’autres raisons, si bien que la langue véhiculaire à l’UE est à présent une langue dont le pays d’origine s’apprête à quitter la Communauté européenne. C’est-à-dire ne sera plus parlée officiellement – en principe – par les 27, à l’exception de l’Irlande.
C’est une des raisons d’une Belgique sans repère et sans culture. C’est le sacre d’une civilisation américaine de l’Europe. à l’exception de sa partie slave, la langue russe et ses dérivées étant une culture suffisamment forte et riche pour résister à la culture américaine.
Régis Debray situe l’époque charnière de ce basculement de la francophonie (1) à partir des années 1960, qu’il appelle l’influence «linguistic turn».
Contrairement au philosophe qui conteste à la civilisation arabe d’être une menace sérieuse de la culture européenne, je considère que s’il n’est pas question qu’elle prenne le même chemin que l’américaine pour nous circonvenir, elle contribue néanmoins à notre liquéfaction culturelle, d’une autre manière.
La civilisation américaine nous submerge par ses produits. En réalité, les Américains ne sont pas présents sur le sol européen ou en si petit nombre qu’ils n’ont physiquement aucune influence. Nous périssons par la lecture en anglais des notices de ses gadgets. Le commerce ne peut internationalement se développer sans l’usage de cette langue. Nos ministres échangent en anglais, partout en Europe. Nos écoles ont fait chavirer le français, le grec et le latin pour la seule connaissance de l’anglais.

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La venue en masse pour s’implanter définitivement en Europe des ressortissants d’Afrique du Nord a introduit l’usage de l’arabe comme langue véhiculaire d’un pays de l’Europe à un autre en concurrence du français.
Initiée par une politique généreuse d’intégration, le mélange des cultures a forcément contribué à celui des langues d’importations avec la langue parlée antérieure à savoir le français.
Ce phénomène est en train d’altérer la culture des deux langues.
Le dommage est moins grand pour l’arabe dont la culture peut toujours se régénérer dans les pays d’origine. Il n’en va pas de même de la langue française, puisque c’est dans le berceau même de celle-ci que l’altération se produit sans possibilité de ressourcement.
Cette croyance d’un mélange propre à rehausser la culture de l’une et l’autre langue a été dictée par le souci de défendre une juste cause, celle de l’égalité entre les hommes et la dénonciation du racisme, ce qui est une noble démarche. Sauf que le mélange culturel désastreux achève de ruiner la culture française, que l’américaine avait déjà fortement entamée.
L’erreur de Régis Debray n’est pas dans les relations entre culture dominée et culture dominante, avec l’intrusion d’une sous-culture arabe dans le pré carré de la langue française. En l'état de la cohabitation linguistique, ce serait plutôt la langue française qui corromprait l’autre.
L’islam ne paraît pas porteur des ferments nécessaires d’une civilisation pour émerger.
Mais le poids des deux intruses se conjuguent et s’associent par les circonstances, l’une par l’objet, l’autre par le vivant. Elles finiront par être fatales à la langue française.
En Belgique, c’est déjà fait, en France, c’est pour demain.
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1. Seule la francophonie européenne est concernée. Le Canada et les autres pays francophones d’Afrique ou d’Asie constituent un autre enjeu qui n’est pas abordé ici.

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