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Légitime/illégitime ?

Qu’est-ce que la légitimité en démocratie ?
Depuis que les pouvoirs se diluent dans des Institutions régionales et afin de maintenir si possible les Flamands dans une Belgique multiformes, la légitimité devient « des légitimités » qui ne sont malheureusement pas complémentaires. Parfois, ce qui est légitime au fédéral ne l’est plus en région flamande.
Dans le système libéral qui pousse à la braderie d’activités qui touchent à l’état, l’économie s’adjuge de grandes parts de la légitimité, autrefois gérées démocratiquement. Ainsi les distributions d’énergie, la poste et bientôt les chemins de fer vendus au privé, prendront à leur compte des activités de surveillance de la population allégeant les coûts collectifs, mais donnant des pouvoirs à des organisations industrielles en dehors de toutes charges et tous devoirs dans une démocratie ordinaire.
Quand un gouvernement est légitime à lui tout seul, il y a moins de fraudeurs et moins d’interprétation malveillante du pouvoir économique.
La question actuelle de l’État libéral n’est plus de savoir comment on acquiert de la légitimité et comment faire pour la conserver, mais le contraire : comment s’en débarrasser ?
Mais attention, il n’est pas question de se défaire de quelque chose sans contrepartie. L’état belge entend bien conserver toutes ses prérogatives dans le fonctionnement de ses six gouvernements dans le paiement des ministres et des fonctionnaires, comme s’ils possédaient encore l’ensemble des responsabilités et des tâches de l’État.
Pour cela, il conserve la Justice et la Police, les deux fers de lance du maintien de l’ordre d’une certaine idée qui n’est plus tout à fait la démocratie et pas encore une ploutocratie autoritaire. En attendant que les sociétés de surveillance et de gardiennage obtiennent plus de concessions, des auxiliaires de police de sociétés privées relèvent des infractions de parking et on pense à privatiser les radars.
Le paradoxe de la légitimité tient dans les droits des citoyens. Plus ils sont faibles, plus grandes sont les obligations de l’État, dans ce sens que les gouvernants sont tenus de promettre plus qu’ils ne tiendront jamais, pour arrêter dans l’œuf tout désir de révolte.
En Belgique, la légitimité de la forme bizarroïde de l’Etat n’est pas contestée pour le moment. Les Belges vivent toujours dans l’illusion de la transformation nécessaire.
En réalité, cette « modernité » célébrée dans les discours de ces messieurs, est le chant du cygne de la démocratie, puisque cette « transformation nécessaire » n’est rien d’autre que les effets d’une augmentation du pouvoir économique sur le pouvoir politique.

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Ce qui fait une démocratie tient dans une phrase de « L’Esprit des Lois » de Montesquieu : plus libre est un pays au plan politique, plus élevé doit être le prélèvement de l’État.
À cela deux ou trois précisions qui tiennent sur la progression des prélèvements et la rigueur avec lesquelles ils sont prélevés, de l’honnêteté scrupuleuse des mandatés, des rapports détaillés sur les répartitions justes de ces prélèvements et leur utilité.
Évidemment les libéraux tomberont de leur chaise en criant au communisme même s’il s’agit de la pensée de Montesquieu.
Et pourtant la démocratie idéale est bien toute là-dedans !
L’État protège ses citoyens, relève les pauvres de leur pauvreté et assure les riches de la nécessaire solidarité. C’est la vision de Montesquieu. Ce n’est pas celle de Charles Michel.
Cet État est possible sans tomber dans le rousseauisme. L’allocation universelle, par exemple, était déjà une idée intéressante pour tendre à ce but. Il n’en reste pas moins que l’adversaire le plus résolu à la remise en question du système est le libéralisme dans toutes ses outrances et ses dérives actuelles (1).
Ce qui retient le libéralisme de procéder à la braderie finale de l’État au plus offrant, tient dans les définitions d’un Holcombe et d’un Kelsen, à savoir que même dictatorial, tout État doit être un État de droit. Même le régime nazi était lié par certaines procédures, ne divergeant, mais c’est une divergence de taille, que sur la qualification d’assassin, de saboteurs, de fraudeurs, etc.
Quand elle est ou se croit attaquée la démocratie prend vite des dispositions qui ne l’éloigne guère d’une dictature. Après l’intégrisme musulman, le système économique libéral pourrait conserver les procédures accélérées et la justice à la louche, si la « démocratie » ne protégeait plus assez la liberté de dépouiller les gens dans les règles du commerce libéral.
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1. Le revenu universel vu par le système libéral est l’attrape-nigaud à cause duquel la gauche s’est désintéressée de ce vieux rêve. Évidemment, on ne parle pas de la même chose.

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