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Touffeur alcaline d'une fosse d'aisance

L’enquête du New Yorker sur Harvey Weinstein a fait tomber un cavaleur hors-pair du box office. Le journaliste n’est pas n’importe qui, Ronan Farrow, fils de Mia Farrow et de Woody Allen, un orfèvre puisque témoin à pied d’œuvre des sauts de carpe des playboys du cinéma.
On raffole de ces incongruités en Belgique, en tenant à peine compte des souffrances des victimes. Les gazettes nationales ne s’étendent sur ces retentissantes affaires que si elles viennent d’ailleurs. C’est l’omerta, dès qu’elles sont locales.
Certes on ne nous épargne pas le fait-divers de proximité, mais c’est quand il est sordide, sur des matelas regorgeant de punaises, dans des galetas où s’entassent des familles sans un rond.
Nos gazetiers s’y sentent à l’aise. Ils ne nous épargnent pas le moindre détail. On croirait lire des textes salaces de Restif de la Bretonne, ces voyeurs auraient-ils des lettres ?
Si je comprends bien, le sexe déshonorant, c’est uniquement une affaire de pauvre. L’agression de rue, c’est l’apprenti maçon immature. La plaisanterie grasse, vient de l’étranger frustré et illettré.
Il est vrai qu’un pervers qui a une suite dans un hôtel ne va pas s’encanailler sur les trottoirs. Il a d’autres sources d’approvisionnements plus discrètes, d’autres pressions qu’un sifflement vulgaire. C’est Weinstein en toute impunité. Peut-être même qu’en vrai salaud, il s’entendra dire que le viol est un crime dans les studios où il se répand.
Pourtant, pour qui se frotte à la psychologie, voire à la psychiatrie, il n’y a pas de barrière de comportements entre un important et un sous-produit de la société de consommation.
On est tous pareils et statistiquement les délits sexuels s’équilibrent entre les classes sociales. Il doit y en avoir un paquet dans les partis politiques, l’industrie et la haute finance.
Il faut croire que l’influence de la notoriété, de la fortune ou mieux encore, des deux conjugués font que cela ne se voit pas trop, que les victimes ont un dédommagement en vertu (si je puis dire) du préjudice subi ou n’ont pas intérêt à la ramener.
Dans cette société que capitalisent les faux-culs, les faibles dont la femme fait partie doivent se battre davantage que les forts (les hommes), pour qu’on reconnaisse leurs droits, leur dignité et leur intégrité physique.

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La Meuse et ses consœurs préfèrent s’intéresser au « Chômeur des Caraïbes », son scandale n’est pas sexuel, mais l’affaire est tout aussi « intéressante » vue d’un certain angle.
Cela doit fonctionner de la même manière à Hollywood.
Alors comment se fait-il que Harvey Weinstein, le grand producteur, celui qu’on s’arrache au générique d’un film, après avoir dépucelé la moitié des starlettes qui rêvent d’avoir leur nom sur Sunset Boulevard, est dans les cordes et viré de ses emplois au cinéma, lui, le glorieux porteur de la Légion d’Honneur ?
Une courageuse a déballé tout ce qu’elle savait du vieux routard de l’amour et un journaliste l’a crue. Il n’a pas classé l’affaire sans suite, comme à Liège, dans une grave affaire de mœurs, permettant à un pervers de passer à l’acte trois ans plus tard.
On ne sait pas combien il doit y avoir d’Harvey Weinstein, violeur hollywoodien, dans la « bonne » société belge, certes, connus pour d’autres fonctions, chefs de parti, ministres, parlementaires, patrons de grandes entreprises, jusqu’aux contremaîtres abusifs qui ont monté leur petit lupanar dans un coin d’atelier ; mais il doit y en avoir un paquet, que ce soit dans la politique, les affaires ou le showbiz.
Jusqu’à présent aucune découverte en psychiatrie n’a pu être faite sur le comportement des individus selon leur catégorie sociale, par exemple qu’un ministre ou un grand patron serait psychologiquement à l’abri de toute perversion.
Tout proportion gardée, il semblerait que la délinquance du côté de la braguette ne soit pas une exclusivité des classes dites défavorisées, comment se fait-il que l’on n’entende jamais ou très rarement une affaire de sexe de la haute société, défrayer la chronique ?
Je suis persuadé que si les stars de Hollywood ont mis vingt ans avant de balancer les turpitudes de ce porc d’Harvey Weinstein, la même pudeur de gazelle doit encore effaroucher nos rédacteurs et chefs des infos de nos médias belges, qui savent des choses sans l’oser dire.
Sous le joug des conservateurs farouches défenseurs de la tradition « pas vu, pas pris », le pouvoir dû à la notoriété joue à plein. Ce pouvoir de la notoriété se fonde évidemment sur la capacité qu’ont les puissants de nuire et de peser sur les carrières de leurs subordonnés qui ne leur conviennent pas, pour d’autres raisons que professionnelles. L’admiration béate de certains, de la vedette, du patron et du député, joue aussi en faveur des puissants.
Ce pouvoir hollywoodien d’un producteur qui peut donner ou pas un rôle dans un film important à une jeune actrice de talent, se retrouve quasiment aux mêmes conditions dans les partis politiques et dans les entreprises, à un tel point qu’on en est toujours à soupçonner la manière dont une jolie femme a eu de l’avancement, alors qu’on laisse pour rien, la manœuvre et les calculs du potentat égrillard qui assouvit ses instincts par le chantage et la pression.
C’est que la société conservatrice est fondée sur le machisme et la prépondérance du mâle.
Vous verrez rarement une femme en position de supériorité faire du chantage au sexe vis-à-vis d’un inférieur masculin, sinon ce sera une femme qui s’est taillée son chemin comme un homme et en aura copié les attributs et les défauts.
Quelle femme belge aura l’honneur de briser l’omerta la première ?
Un petit conseil aux courageuses, ce n’est pas à la rédaction des quotidiens belges qu’elles devront déballer leurs histoires !

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