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Un Nobel nu-nudge !

Le Nobel, c’est comme RTL le dimanche avec Deborsu, on est toujours déçu !
Surtout en économie ! Le système fonctionne « au mieux » selon les économistes médiatiques, « au mieux » pour eux, c’est « au pire » pour les autres.
La Suède a attribué sa frite d’honneur à l’Américain Richard H. Thaler, de l’université de Chicago. Je ne le connaissais pas. Göran Hansson, le secrétaire général de l’Académie royale des sciences de Suède, non plus. Mais cela ne l’a pas empêché de faire comme si… et de le diplômer pour « des travaux sur les mécanismes psychologiques et sociaux à l’œuvre dans les décisions des consommateurs ou des investisseurs ».
On voit le genre.
Alors, j’ai fait comme tout le monde, je me suis informé.
Richard H. Thaler a montré comment les limites de la rationalité et les préférences sociales, « affectent systématiquement les décisions individuelles et les orientations des marchés ».
Avant Thaler, le consommateur consommait, non pas selon ses besoins mais selon des incitations à la consommation, au prorata de son compte en banque, évidemment.
Après Thaler, le consommateur est toujours aussi impulsif et peu raisonnable, au prorata du niveau de dettes possibles avant qu’un banquier ne saisisse ses meubles.
Pour lui, rien n’a changé puisqu’il n’a pas lu l’œuvrette de H. Thaler.
Par contre, toute une gamme de spécialistes hauts niveaux dans une flopée d’écoles de commerce, de droits et de marketing ont dévoré son ouvrage, pillé sa vaste intelligence et réalisé de sérieux gains dans leurs vies professionnelles.
Ma grand-mère avait compris, bien avant le troisième millénaire, la stratégie des riches pour s’engraisser, rien qu’à faire bosser les travailleurs pauvres. Elle aurait touché les 9 millions de couronnes suédoises (944 000 euros), quatre-vingts ans avant Thaler, rien qu’en dénonçant le scandale, si on l’avait écoutée.
Richard H. Thaler, lui ne dénonce rien du tout. Il exalte, au contraire, le génie de l’astucieux contre le laborieux. C’est un comportementaliste qui puise sa science, non pas dans les manuels d’économie, mais dans le DSM de la psychiatrie moderne.
Il a théorisé le concept de « comptabilité mentale » expliquant la façon dont les individus « simplifient la prise de décision en matière financière, en créant des cases séparées dans leur tête, en se concentrant sur chaque décision individuelle plutôt que sur l’effet global. »
Et ce n’est pas tout : « Il a aussi montré combien l’aversion aux pertes peut expliquer pourquoi les individus accordent une plus grande valeur à une chose s’ils la possèdent que s’ils ne la possèdent pas ».
Göran Hansson, tout ébloui de ses nouvelles connaissances, a expliqué devant le roi de Suède, que Thaler avait mis en lumière le phénomène « d’aversion à la dépossession ».
Ceux qui n’ont pas compris peuvent aller au zoo d’Anvers voir le comportement des chimpanzés, pour tout comprendre, quand un mâle dominant assomme une femelle pour lui bouffer sa gamelle.
À l‘alchimie qui consiste à payer le travail en monnaie de singe, c’est-à-dire changer l’or en confettis, les Américains sont les plus forts !
Tellement forts qu’à l’heure où je vous écris, je leur paie mon abonnement à Internet.
Thaler est de l’école de Milton Friedman, un autre forban qui a gagné sa vie dans le conseil pratique de ramasser vite fait les biftons de la clientèle.
Thaler s’est dit « très heureux » et a dit promettre d’essayer « de dépenser son prix de la façon la plus irrationnelle possible ». On aura compris que les pauvres de Chicago dont Thaler est citoyen pourront se brosser. Ils ne verront jamais une seule couronne suédoise.
Richard Thaler et Cass Sunstein sont donc les inventeurs de l’économie comportementale. Ils nous ont donné un livre « Nudge » (coup de pouce), Improving Decisions about Health, Wealth, and Happiness ou la bonne décision.
Ils défendent un paternalisme happiness ou libertarien (libertarian paternalism (en).
L'« architecture du choix », nos patrons l’appliquaient déjà vers 1930. Ils décidaient ce qui était bon pour l’ouvrier, à présent celui-ci n’a plus besoin d’eux pour faire exactement la même chose. Progrès !
L’application « Nudge » la plus connue est celle des toilettes publiques. Afin de réduire les coûts, on a peint des mouches sur les urinoirs (Cinéma Churchill à Liège). Il paraît que les pisseurs ne font plus pipi à côté. Ils visent la mouche. Gaïa soutient le contraire par respect pour la mouche. Vu le nombre de flaques au Churchill, il se pourrait qu’il ait raison.

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À Stockholm, on incite à prendre les escaliers du métro, grâce aux «escaliers musicaux». On crée un son en posant le pied sur une marche, fini l’escalator. La pancarte « Voie sans issue » incite les usagers de la SNCF à ne plus sauter les barrières, etc.
L’incitation par le ludique ou le faux interdit est vieux comme le monde. « Zone de chasse » en forêt, vaut mieux que « Circulation interdite ».
Le prix de l’économie devrait aller à qui aurait un plan dégageant quelques milliards des banques pour détruire la mouche tsé-tsé ou le moustique du paludisme, plutôt que la mouche bleue domestique des faïences d’urinoirs. À défaut, le prix à une fondation paraît plus judicieux.

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