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Boum !

La bourse, c’est comme la caldera de Yellowstone. Elle va péter un jour et ça fera des dégâts, mais on ne sait pas quand. La différence, entre les deux, tient dans la nature des dégâts.
Il se pourrait de la Bourse, que le krach renverse les tables de la loi de l’économie libérale. Le volcan ferait que le souffle de Yellowstone à Washington aille décoiffer le blondasse golfeur-président!
Les « fins » de civilisation sont pleins d’histoires de Bitcoin, de rue Quincampoix et de crise des subprimes. Depuis presque deux ans, des économistes s’alarment d’une future crise financière.
Aucun n’est gauchiste, ni dépressif. Ils arrivent à la même conclusion : la crise de 2008/9 qui devait servir de leçon et rendre les finances plus sûres, n’a pas servi de référence, même pas d’antidote à la spéculation qui refait surface.
Christopher Dembik, début d’année 2016, regrettait chez Saxo-Banque, que les leçons des subprimes de 2008 n’aient pas été tirées et prédit l’imminence d’un krach, convaincu que : « La bulle spéculative explosera tôt ou tard ». Vous me direz, c’est quoi « l’imminence » sur un calendrier financier, deux ans cela fait déjà un temps long ?
Quand les avis s’accordent sur la certitude d’une crise, celle-ci de probable passe à certaine. Plus elle tarde, plus la crise sera forte. Voilà deux ans que Dembik a raison.
L’ex-banquier et ancien régulateur à l’Autorité des marchés financiers, Jean-Michel Naulotin, est d’avis que « Trump est une petite aiguille qui pourraient crever la bulle financière »
Le 8 mars 2017 : Simon Johnson, économiste et professeur au MIT, a prévenu ses élèves, qu’il perçoit des signes du « retour de la bulle financière ».
L’expert des experts, la première fortune de France, Bernard Arnault, en annonçant son soutien à Macron, en avril 17, a dit aux journalistes pendus à ses basques « L’argent est très facile à trouver, distribué à flots par toutes les banques centrales dans le monde entier, à des taux parfois négatifs. Cela pousse d’ailleurs certains à faire des bêtises.».
Jim Rogers, analyste financier et ancien collègue de George Soros, surenchérit en juin « Nous sommes à la veille du pire krach boursier qu’on n’ait jamais connu »
Dans la chronique précédente, j’ai écrit que Dessertine et Lenglet ne se sont pas avancés sans biscuits à « C dans l’air ». Ces témoignages le confirment.
Le drame surprendra presque tout le monde. Les libéraux n’envoient sur le terrain que des comparses. Les gazettes, toutes libérales, qui devraient être là pour démêler le vrai du faux, jouent les amuseurs publics, s’indignent sur la situation du Venezuela et des ambitions de la Chine. Qui s’intéresse aux articles financiers de la presse spécialisée, quand, pour les lire, il faut descendre en-dessous de la troisième page ?

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Encore une fois, la responsabilité des partis est immense. Ils ne jouent pas le jeu de la démocratie. Ils ne se préoccupent que de leur réélection.
Si la crise « la plus importante de l’histoire » est certaine, reste la question de la date. Les experts refusent de jouer à Madame Soleil.
Pour comprendre, il faut remonter à 2008, la Fed lançait un programme dit « d’assouplissement quantitatif , pour empêcher le prolongement de la crise économique ».
L’idée était que les rachats d’actifs financiers, au départ essentiellement des obligations d’État, et la baisse des taux d’intérêt, stopperaient la chute des marchés et stimuleraient l’inflation et la croissance de l’économie réelle, jugées trop faibles. En 2009, la Banque d’Angleterre suivait, en mars 2015, la BCE.
Ces liquidités injectées sur les marchés financiers sont phénoménales et totalement déraisonnables vu la minceur des résultats obtenus.
On ne dira jamais assez que le coup de Jarnac du capitalisme financier qui permit d’éteindre la crise de 2008/9 sous des flots de papier monnaie, vient du temps où Nixon supprima les accords de Bretton Woods de 1944, sur la convertibilité de l’argent papier en or. Si bien que l’on put faire marcher la planche à billets 24 h sur 24 h.
Quand on refera l’histoire du système dans quelques générations, ce sera probablement l’acte de trop, à ne pas faire.
La Fed a injecté depuis 2008, près de 3 500 milliards de dollars en dix ans (3 125 milliards d’euros) son bilan est passé de 900 milliards de dollars à fin août 2007 à 4 400 milliards de dollars maintenant, sur le temps que la Banque d’Angleterre injectait plus de 375 milliards de livres (425 milliards d’euros).
Ayant démarré cette politique tardivement (mars 2015) la BCE a injecté 1.700 milliards d’euros en à peine plus de deux ans. La Banque centrale du Japon n’est pas en reste, depuis 2008, 520.000 milliards de yens (4 100 milliards d’euros), on été jeté dans le circuit.
C’est du jamais vu dans l’histoire financière mondiale !
Les bilans des principales banques centrales du monde est saisissant. L’augmentation depuis 2008 se monte à quelque 16 000 milliards de dollars, soit 22% du PIB annuel mondial, notamment si l’on intègre la forte contribution de la Banque centrale de Chine.
Les actifs financiers (papiers) ont augmenté fortement… mais pas l’économie réelle !
La hausse du bilan des principales banques centrales du monde s’est élevé à +229 % en 9 ans alors que le PIB mondial n’augmentait que de +25 % sur la même période ! Même constat pour la zone euro.
Voilà où nous rejoignons Dessertine et Lenglet : les injections massives de liquidité des banques centrales ne se retrouvent pas dans le PIB, donc dans l’économie réelle. La « bulle financière » est toute dans cet écart entre le monde de la finance réel et l’autre fictif.
Le système financier actuel n’est pas viable à terme. Jusqu’à quand va-t-il tenir ?
La défense au niveau des États se révèle à la fois inutile et terriblement nocive.
On touche à la plus grande bulle de l’histoire. Les banquiers centraux, ne peuvent faire machine arrière sous peine d’une crise financière qui déclencherait la hausse des taux d’intérêt. Les États empruntent à des taux négatifs. La remontée des taux les verrait en cessation de paiement de remboursement de la dette, ce qui entraînerait une crise économique sans précédent. Tout le système financier est donc entraîné dans un engrenage fatal, qui contraint à l’assouplissement à vie, sous peine de cataclysme.
À l’heure du bilan de 2017, il n’y a plus de « marché » ! Seules les banques centrales achètent massivement. Les prix n’ont donc plus aucune signification. Quels seront les signes qui feront obligation aux responsables politiques de dire la vérité sur le bilan du libéralisme, dans sa version de l’après Bretton Wood ? Peut-être une faillite d’un gros acteur financier, une banque ou une compagnie d’assurance ?
La directive européenne du « bail-in » de décembre 2013, aurait déjà dû nous alerter. Elle permet aux banques de ponctionner sur les comptes des gros épargnants en cas de difficultés pour un établissement financier.
L’Union européenne envisage d’instaurer le principe d’un « gel préventif » des comptes bancaires, pour empêcher les retraits de particuliers en cas de paniques bancaires…. une façon d’utiliser le « bail-in » et de voler les comptes des épargnants pour renflouer les banques en difficultés, à cause de leur mauvaise gestion !
En somme, le « coup Reynders en douce » de 2009, soit disant pour éviter les pertes d’emplois dans les banques, serait remplacé par un hold-up d’État pour sauver le capitalisme !
Quand je vous disais que nos dirigeants sont des voyous, là on aurait les preuves !

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