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Du pot chez Nutella !

On s’est beaucoup gaussé dans les milieux chics de la ruée sur les pots de Nutella. On n’aurait pas dû.
Parce que c’était se moquer facilement de gens aux revenus modestes, comme c’était aussi faire ce que les « Prout-ma-chère » du MR appellent du populisme. La bande à Michel fait de l’amalgame ce faisant. Le plus clair de la population aurait en horreur de se taper dessus pour atteindre au dernier pot de Nutella au rabais.
Des dizaines de magasins, dans le Nord, le Pas-de-Calais, mais aussi le Rhône, la Loire ou le sud de la France, furent le théâtre de véritables émeutes. Des bagarres telles que plusieurs fois, les gendarmes durent intervenir. Alors que les étals se vidaient en quelques minutes, certains en sont même venus aux mains (1).
Et puisqu’il en est ainsi, parlons de l’état d’esprit des populations paupérisées.
D’abord la lourde responsabilité des casés de la droite triomphante qui font de la politique un business et de leurs mandats issus des élections, une belle carrière financière.
Les directives pour l’éducation de nos enfants et le travail épié de nos enseignants tendent vers la formation « esprit capitaliste » et diplôme utilitaire.
On n’a pas l’ambition d’en faire des idiots automatisés d’horloge pointeuse, mais c’est un idéal quand même. Et on s’étonne du résultat : des hordes fiévreuses courant la démarque d’une pâte à tartiner, à la limite de s’appeler chocolat !
Certes, la foule n’a pas l’élégance d’un de Decker, ni l’aisance d’un Alain Mathot, encore moins l’entregent d’un Stéphane Moreau, cependant cette démarche d’apparence sauvage assure quand même aux commerçants qu’ils seront payés cash, scrupuleusement, honnêtement, même si entre clients, ça s’engueule ferme.
Il n’en va pas de même de cette pseudo élite, intéressée au centuple et beaucoup moins digne que la dernière maman acheteuse qui sort du rayon les mains en sang, puisque de l’aîné au cadet, on ne met que ça sur les tartines à la maison.
Jachère intellectuelle, déshérence libidinale, certes, mais les péteux du MR sont des ânes qui ne savent pas dans quels termes Diogène de Sinope invectivait les passants. Évidemment, il avait des références, son père, qui tenait la banque publique, fabriqua de la fausse monnaie.
On ne sait pas si, transposé dans ce siècle dédié au libre échange, comment il se serait comporté dans un grand magasin, rayons confiserie, ni ce qu’il aurait dit aux gens qui le piétinaient pour être avant lui devant les pots de Nutella.
Je subodore qu’à peine sorti de la mêlée, il aurait été à la direction terminer le pugilat avec les responsables. En philosophie, il est plus intéressant d’aller à l’origine des événements que contempler les événements eux-mêmes.
Non, le futur ne dépend plus de nos actions et de choix. La gestion dépend de ceux qui l’organisent pour leur seul bénéfice.
Le pot de 950 gr de Nutella à 4 € 70 vendu à 1 € 14, ce qui produisit 3 jours de promotion et d’émeutes, s’il était vendu à ce dernier prix de façon permanente permettrait encore à Ferrero de gagner des millions d’euros par an ! Peut-être même davantage, puisqu’il en vendrait plus.
Il est là le scandale, et pas ailleurs !
Ce qui s’est passé en France, aurait très bien pu se passer en Belgique !

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On nous enseigne trop d’être gagne-petit et heureux de l’être. L’école, puis les partis de gestion du capitalisme décadent, le MR en tête, mais aussi le CDH et le PS, nous ont fait perdre les moyens de discerner quel paysage est en train d’émerger. Nous ne parvenons plus à penser ce qui va survenir sur ce qu’on nous a dit de fabriquer.
Paradoxalement, nous allons de plus en plus dépendre de choses qui dépendent de nous ! Qui croyez-vous qui fabrique le Nutella, dose la pâte, le met en pot, l’étiquette et le distribue ?
Si nous en sommes là pour les petites choses, a fortiori nous subirons les grandes, comme les changements climatiques, la disparition des espèces animales qui ne sont pas d’élevage, les océans poubelles des continents, etc.
Nous devons cela au même titre que les pots de Nutella à nos dirigeants qui ne cessent de nous vanter les mérites de l’immense foire commerciale mondiale !
Nous avons un mauvais pressentiment : cet avenir, que nous sommes en train d’anticiper nous ruant sur des rayons de Nutella, pourrait se révéler radicalement autre. D’autres penseurs que les corrompus du clan de Charles Michel, le craignent en relais à nos inquiétudes.
Je ne suis marchand de rien. Je ne vends mes salades à personne. Les cueille qui veut pour en faire ce que bon lui semble. Je ne dirai donc pas avec les écologistes, les économistes sérieux et les philosophes honnêtes, que nous sommes à moins le quart d’un basculement vers quelque chose, je dirai plutôt que c’est fichu… que nous y sommes fourrés jusqu’au cou… pour la petite histoire, je ne mange pas de Nutella.
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1. Explication sociologique :
«Les produits industriels touchent davantage des milieux défavorisés qui, du fait d’un niveau d‘éducation souvent plus faible que les milieux aisés, ont plus de mal à se déprendre de la rhétorique des marques sur le goût, le plaisir, la forme, etc. Ainsi, les produits industriels parviennent plus facilement à toucher les individus défavorisés économiquement alors que l’on va trouver davantage de produits frais dans les milieux aisés.»
« Les émeutes auraient donc eu lieu parce que sévit la pauvreté et la précarité. Les taux de chômage, largement supérieurs à la moyenne nationale, seraient un indicateur du niveau de confiance et de solidarité entre les individus. Le renforcement du sentiment d’individualisme et d’égoïsme, couplé à la détresse sociale, seraient-ils l’explication de cette «guerre du Nutella»? (Pierre Rondeau, in Slate Magazine).

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