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La main de velours.

On bute presque toujours sur une question de rémunération, quand on aborde la question de la trésorerie selon la sacro sainte règle libérale, qui estime que moins on paie de salaires, mieux l’économie se porte. En vertu de quoi, les responsables des entreprises font du zèle pour réduire les salaires du tout-venant au maximum et augmenter jusqu’au-delà du raisonnable, quelques CEO et cadres ; idem dans l’économie mixte ou d’État, à l’appétit contingenté par le rapport de force entre les partis politiques du pouvoir et l’opposition.
Cela signifie plusieurs choses dans le curieux développement qu’a pris la démocratie.
a) les salaires ne sont plus calculés en fonction des compétences et des services rendus, mais selon d’autres critères qui tiennent plus à des subjectivités nées de différents pouvoir ;
b) dans l’organisation actuelle, compte tenu de la bureautique et des progrès de gestion automatisée, les plus hauts emplois ne sont pas nécessairement tenus par les plus hautes compétences, mais par les plus opportunes ; la concurrence y serait autant active entre postulants que dans les plus bas emplois, si on en démocratisait l’accès ;
c) il y a très peu d’entreprises dans le management qui soit l’apanage d’un seul ayant pouvoir de décision ;
d) les hauts cadres n’ont jamais été des perles rares. Les critères de sélection sont uniquement destinés à en limiter le nombre et à en justifier les salaires ;
f) le système n’a jamais eu qu’un modèle depuis la plus haute antiquité pour la conservation du pouvoir : clientélisme et garde prétorienne des despotes qui parsèment l’histoire ;

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Plus personne ne conteste le tour inattendu des évolutions salariales des hauts cadres et dirigeants – quoique déjà désaxé par rapport au salaire moyen d’un travailleur qualifié dans l’industrie d’il y a cinquante ans – les salaires distribués aujourd’hui au niveau supérieur dépassent l’imagination.
Les efforts des personnels politiques pour atteindre les salaires élevés du privé ont conduit, toute proportion gardée, l’électeur à se poser des questions sur les motivations réelles des élus.
La poursuite du bien public par un engagement militant n’est même plus considérée à l’intérieur même des partis, comme un critère faisant progresser la démocratie.
Parfois, à l’occasion d’un déballage, l’électeur reste sans voix devant des faits attestant les appétits sans fin d’un personnel en qui il avait confiance.
C’est le cas, ces temps-ci de Paul-Émile Mottard qui parle de « maladresse évidente » le fait de s’être approprié le droit de modifier le rapport trimestriel de Publifin suite à la mise en œuvre des recommandations de la commission d'enquête du parlement wallon.
Ce qui ne manque pas de sel, ceux qui dénoncent cette pratique délictueuse ne valent pas mieux que lui. S’ils ne font pas montre de solidarité afin que le public n’en sache rien, c’est pour l’unique raison qu’ils sont dans les partis du pouvoir et que Mottard est dans un parti d’opposition (PS).
La Libre et la DH (journaux du pouvoir en activité) ont révélé jeudi que le dernier rapport reçu par la ministre wallonne des Pouvoirs locaux Valérie De Bue n'est pas le même que celui qui a été avalisé par le conseil d'administration. Trois paragraphes ont été ajoutés dans l'annexe. Paul-Emile Mottard admet vendredi dans les colonnes de Sudpresse avoir apporté ces modifications.
Petite information complémentaire qui va droit au cœur des citoyens du bas de l’échelle, c’est-à-dire le plus clair de la population, 23 cadres dépassent le plafond de 245.000 euros chez Nethys. Publifin a fait savoir jeudi par voie de communiqué qu'elle ne demandait pas l'exception au plafond des rémunérations pour les cadres de Nethys.
Ciel ! on va les diminuer, on comprend l’inquiétude d’Émile…
Nous sommes au temps d’Aetius (395-454) général et sénateur romain, déjà cumulard et CEO dans la Rome au bout de sa « civilisation ». Il meurt poignardé de la main de l'empereur Valentinien III le 21 septembre 454. Procope relate que, d'un Romain à qui Valentinien demandait s'il avait bien fait, reçut cette réponse : « Je ne sais si vous avez bien ou mal fait, mais je sais que de la main gauche, vous vous êtes coupé la droite ».
À les voir tous bien replets, rubiconds et sûrs d’eux-mêmes, on se demande s’ils ne sont pas déjà manchots, tant les mains que leur clientèle serre dans leur descente triomphale d’estrade, ont l’air d’être des prothèses froides et déshumanisées.

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