« Borsus le grand timonier… | Accueil | Un climat nidoreux. »

Dans Croissance, il y a croissant…

L’invention de l’argent, remplaçant le troc, fut certainement essentielle pour bâtir des empires. Inutile de revenir sur le processus qui nous a conduits aujourd’hui à confondre le but avec les moyens.
Au fait, quel est le but ?
Oui, après quoi courons-nous et pourquoi nous y courons ?
Quel est enfin le véritable rôle de l’économie ? Est-ce de savoir s’enrichir et dans quelle proportion ? Tous les hommes en-dehors du « je » ne seraient-ils importants que dans la mesure ils nous servent à acquérir de plus en plus de richesse et dans le cas opposé, n’avons-nous de cesse que de détruire cet ennemi qui veut notre pauvreté ?
Est-ce que le progrès consiste à faire tourner l’industrie avec un nombre élevé de gens, successeurs des esclaves des sociétés anciennes, sous prétexte d'une amélioration constante de la productivité nécessaire, mais menacée par la concurrence, pour décrocher le titre de meilleur producteur ?
Croissance, le mot sacré de l’économie mondiale est lâché.
Un enfant croît naturellement, jusqu’à obtenir sa taille d’adulte. En économie, la croissance est infinie et ne peut pas s’arrêter. Qui peut comprendre cela ? Qui voit une vertu de longue durée là dedans ?
Personne.
Et pourtant, Borsus à peine installé à Namur, Michel II rue de la Loi, tous enfin, ne parlent que d’elle avec une sorte de désir dans la voix, une envie quasi sexuelle comme pour une belle femme, à contempler ce mot !
Cette croissance avale tout, clôt toute discussion, arrête d’un haussement d’épaules les contradicteurs. Est-ce pourtant concevable d’imaginer une croissance continue et infinie ?
Dans les asiles d’aliénés même, les patients seraient incrédules.
Mais il y a mieux.
Quand nous parlons croissance, nos chefs en premiers, il s’agit d’ajouter là une machine supplémentaire à faire sortir plus de pièces, ici, un four à chauffer davantage, un peu plus loin, ouvrir un nouveau hall et y mettre des personnes recrutées sur le marché de l’emploi pour augmenter par deux ou trois le nombre de nouvelles automobiles ou de machines à café.
Comme les naissances, ce n’est pas ce qui manque, nous devenons de plus en plus nombreux, il faut donc pourvoir aux besoins de ce surnombre. On peut comprendre une partie du raisonnement de cette croissance là, jusqu’au moment où il deviendrait plus intelligent de contrôler les naissances.
Mais, la croissance bancaire, en quoi est-elle aussi « utile » que la croissance précédente ? Et pourtant, c’est de celle-là que ces Messieurs en chef de la démocratie pensent principalement,
Le principe de cette croissance n’est ni dans le produire, ni le maintenir. Elle est essentiellement abstraite.

1mqap2mpa.jpg

Les banques sont autorisées à prêter dix dollars pour chaque dollar qu’elles ont en caisse. 90 % des sommes déposées sur les comptes en banque n’existent pas en réalité et seraient inconvertibles en argent si une bonne partie des dépositaires soldaient leur compte !
C’est d’une certaine manière une croissance qui ressemble à la pyramide de Ponzi.
Ce qui saute aux yeux directement quand on aborde la croissance sous cet aspect bancaire, c’est un montage frauduleux ! Quand tout ce qui est frauduleux dans le système économique est indispensable, cet aspect de la fraude devenu nécessaire est aussitôt dénommé « vertu ».
Cette croissance là est célébrée dans les banques, en économie et dans l’adulation des foules démocratiques à cette économie. On en voudrait davantage, au risque de retomber dans les subprimes, les crédits inappropriés et la finance casino.
L’idéal serait une banque prêtant à l’infini sur simple demande, avec un grouillot à fabriquer des billets dans l’arrière-salle.
Personne, parmi les célébrants, n’a vu que si tout ce montage bancaire est frauduleux, alors toute l’économie moderne n’est qu’une fraude organisée sciemment par les grands argentiers, conduite par nos milliardaires et accueillie à bras ouverts par nos plus grand démocrates.
On tient là sans doute le secret de la croissance éternelle et pourquoi nous croyons à l’impossible.
C’est notre confiance dans le futur qui est en jeu !
Pourvu, mais pourvu que les populations y croient pour toujours à cette croissance définitive, prient tous les jours nos élites, enfin ceux qui en ont conscience. Les autres, comme Borsus, Michel, Crucke, Reynders et compagnie prient aussi, mais à la différence des initiés, ils ne savent pas pourquoi.

Poster un commentaire