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L’art de mentir à bon escient !

Ce qui nous irrite tant chez ceux qui nous représentent en politique, tient dans leur manière de présenter leur programme aux citoyens. Ils se prétendent tous « le meilleur ». Ils n’acceptent aucun compromis. Tous les autres vont de médiocres à carrément mauvais.
Les débats contradictoires sont de la même espèce. Il faut croire que l’intransigeance est une qualité qui finit par les faire élire, puisqu’indifféremment, un a tort et l’autre raison et vice versa, si bien qu’un des deux sera élu, tout en ayant tort pour les partisans de l’autre.
Sur cent électeurs, quatre-vingts s’en fichent. Celui qui aura eu tort pourrait être élu, si onze électeurs sur les vingt qui restent estiment qu’il a raison, et par conséquent, l’emporte.
Si vous avez suivi mon raisonnement jusque là, c’est vous dire combien est aléatoire la façon dont nous nous encombrons de nos maîtres.
D’autant que sur les onze qui ont fait le pouvoir, il y en a peut-être un ou deux qui se sont trompés de bulletin ou de nom, par confusion mentale ou distraction.
Que va faire l’élu, après s’être rassuré sur ses fins de mois ? Chercher avec qui gouverner ! Si son parti n’est pas majoritaire, il faudra qu’il se trouve des alliés. Autrement dit, ce qui l’a fait élire, l’intransigeance de son programme, ne lui permettait pas de briguer le pouvoir. Il va falloir qu’il intègre en tout ou partie celui de son adversaire.
Le plus bel exemple d’éristique, est la campagne électorale de Charles Michel. Adversaire résolu de la N-VA, devisant en termes forts contre Bart De Wever, dès qu’il fut possible d’être premier ministre, à la condition d’une coalition avec la N-VA, voilà qu’il affirme le contraire de ce pourquoi on l’a élu, tout cela sérieusement et sans montrer aucune gêne à se déjuger publiquement.
Il a donc sciemment trompé cette frange libérale francophone qui ne voulait à aucun prix d’alliance avec la N-VA !
C’est le plus bel exemple d’un élu sur un programme, qui en fait un autre, au grand dommage de la casuistique, encore que je le soupçonne de ne même pas attribuer une définition à ce terme !
Le comble, reste encore l’électeur, pas surpris du tout de ces voltefaces ! Certains iront même jusqu’à dire « C’est bien joué. Michel est très fort ». Mais non, il n’est pas très fort. Il s’est appuyé sur l’éristique que l’on peut lire dans Schopenhauer « L’Art d’avoir toujours raison », dont Euthydème de Chios, sophiste, est l’inventeur, 350 ans avant JC, c’est dire si cette posture en politique nous vient de loin.
Cela s’appelle faire de la malhonnêteté une forme d’art de convaincre.

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Peu importe diront les pragmatiques réjouis du vilain tour, qu’il ait raison ou tort, l’essentiel est qu’il dirige le pays. Ce n’est pas le premier malhonnête homme à bien le diriger. Enfin, ceux qui sont plus avisés encore et qui savent comme la démocratie s’est fait doubler par l’économique, pourront conclure que cela n’a guère d’importance de voir un pur libéral ou un social-libéral ou encore un chrétien libéral de gauche s’asseoir dans le fauteuil de premier ministre, puisque la machine comptable prend le pas sur la démocratie, et que 1+ 1 a toujours fait 2, et non pas 3.
À voir l’Europe comme elle va, la Belgique comme elle suit, il est incontestable que nos hommes politiques comptent moins à Bruxelles, qu’une décision à Washington de Donald Trump ou à Pékin de Xi Jinping.
Il n’est même pas dit qu’une poussée régionale de fièvre séparatiste des Flamands, les intérêts économiques des actionnaires n’étoufferaient pas dans l’œuf ces velléités d’autonomie, un peu comme la Catalogne, driblée par l’Espagne. Jean-Claude Juncker apporterait le soutien de l’Europe, Donald Trump tweeterait que la démocratie n’a pas besoin de trublions et Xi Jinping enverrait peut-être un panda supplémentaire pour détourner l’opinion.
Il ne reste donc d’après « L’art d’avoir toujours raison ou Dialectique éristique » publié en 1864 à Leipzig, par Arthur Schopenhauer, qu’appliquer l’auto-défense intellectuelle ou de communication de crise. En 2018, cela s’appelle changer le personnel politique, le système économique et l’ordre mondial de l’offre et de la demande.
Pour cela, élisons un anti-Michel qui ne veut plus appliquer les traités, omet de rembourser la dette, prie Juncker d’aller emberlificoter les Européens dans une autre capitale que la nôtre, demande à l’OTAN d’aller foutre la pagaille ailleurs.
Rien que ces petites mesures seront suffisantes pour qu’aussitôt d’autres dialecticiens de ce charmant pays, plus proches de leur tiroir-caisse que nous, se fassent le plaisir d’accueillir dans nos murs, des alliés venus de l’extérieur pour nous botter le cul, exactement comme les Allemands vont se faire un plaisir de renvoyer Puigdemont dans une geôle du côté de Madrid.
Vous voyez, comme il est devenu impossible de faire une bonne politique sociale en Belgique !
Et pourtant, la démocratie, bouleversée par un politicien enfin original, serait à l’orée d’une nouvelle politique plus honnête. Elle aurait raison et l’économie aurait tort. C’est un choix finalement, car les deux sont devenues incompatibles.
La conjoncture socio-économique ne peut évidemment s’améliorer par une compétitivité accrue, moins encore par sa généralisation aux secteurs publics de la vie sociale. Le néo-libéralisme ne produit que de nouveaux obstacles à quoi s’ajoutent les anciens.
Puisqu’il ne conçoit la liberté qu’en compétition des acteurs du drame social, il ne peut que déboucher à terme sur une guerre civile.
Autrement dit, la majorité libérale propose la paix en préparant la guerre !

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