« Esprit, es-tu là ?... Non ! | Accueil | Charlitude et déprime. »

Le grand rassemblement.

De la largeur des bas de pantalon à la hauteur des jupes, la mode, en déclarant obsolète les tendances de l’année dernière, espère séduire la clientèle de l’année qui suit. La gentry libérale, c’est pareil. Elle espère séduire la clientèle réformatrice, avec l’idée que le libéralisme économique est de gauche ! Faute d’un bon bilan, Charles et les designs du MR n’ont rien trouvé de mieux que de « se porter à gauche » pour faire oublier la droite !
Sauf que ces élites n’ont rien inventé du tout.
En 2007, Richard Miller relançait déjà la machine libérale par une déclaration similaire à la Libre Belgique « Le libéralisme est par nature, authentiquement social. ». Yves Leterme le 20 mars 2008 reprendra les rênes du gouvernement des mains de Verhofstadt qui avait assuré l’intérim, l’authentiquement social s’était fait attendre plus de 140 jours. Il faudra patienter encore un peu, malgré la relance de cette idée au niveau de l’Europe, puisqu’en 2018, les gens sérieux s’étonnent qu’on puisse remettre sur le tapis une telle affirmation, fausse historiquement et irréelle, en cette période de régression sociale et du nationalisme d’extrême droite, en progrès partout en Europe.
Onze ans plus tard, Miller revient sur le coup. Le voilà chaud bouillant, volubile à souhait, sur le rôle social du libéralisme. D’accord avec la théorie de l’Américain Arthur Laffer « L'Etat providence ne réduit pas les inégalités, il les augmente ! », Richard essaie de nous faire croire que plus le privé prendra sa part de la société civile, plus le libéralisme sera social !
Le patron d’entreprise aurait plus le cœur sur la main, qu’un député du PS, trop égoïste ?
Le libre-échange confond parfois la revendication de libertés politiques, culturelles ou idéologiques, avec le commerce. C’est classique, les bourgeois nous font croire que le libre-échange est essentiel à la liberté en droit des citoyens. Il faut être un fondu comme Viktor Orban, avoir vécu sa jeunesse dans un goulag ou avoir lu la vie de Jean Gol racontée par Richard Miller, pour croire que la vraie gauche, c’est le Mouvement Réformateur !

1szmpbg2lo.jpg

Toute abscon soit-elle, cette idée sert de paravent à tout le système économico-politique, en jetant le trouble dans ce qui reste de la gauche social-démocrate.
C’est entendu, le MR est de gauche. Si les décisions de Charles Michel profondément imprégnées de l’idéologie économique flamande ne le paraissent pas, c’est pour mieux tromper la vigilance des capitalistes du CAC 4O !
Miller est à l’exemple d’un blogueur de la capitale, Marcel Sel, qui écrit à propos de Mélenchon « c’est parce que je suis de gauche que Mélenchon me dégoûte » ! Miller sera donc plus à gauche que Di Rupo, qui le dégoûte. Vous me direz, ce n’est pas difficile et il aurait pu choisir quelqu’un d’autre. Si on devait être au MR plus à gauche que ceux qui vous dégoûtent, Reynders le serait certainement par rapport aux deux Michel !
La réticence des libéraux à se revendiquer de droite trouve ici son explication, par des raisons psychologiques autant que stratégiques. Avec des lascars comme Bart De Wever, Viktor Orban, Jarosław Kaczyński, dirigeant de facto la Pologne, tous bien libéraux francs de collier à droite, pour fêter le 1er mai en 2018, comme ce fut le cas l’année dernière à l'ancien parc à Mitrailles de Court-Saint-Etienne (tout un symbole)… il vaut mieux que le MR se dise de gauche, plutôt que jouer les bons amis de cette droite européenne.
L’étiquette de droite est pesante et plombe les velléitaires du MR. La droite inspire des idées de pouvoir, de conservatisme, d’immobilisme, tout ce que les Michel jurent qu’ils ne sont pas. La gauche évoque le progrès, une certaine empathie, l’égalité, le social.
La stratégie d’inverser les rôles est la base de l’éristique de Schopenhauer. À l’Europe, c’est la SPD en Allemagne, le PASOK en Grèce ou encore le PSOE en Espagne qui deviennent sous les effets de la propagande libérale des partis de la « droite » complexée ! Le mot est de Frédéric Lordon, qui qualifie le Parti socialiste français de « droite complexée ».
La farce devient tragique, puisqu’elle se traduit par un choix électoral entre la droite du capitalisme libéral, et la gauche du capitalisme libéral. La confusion a des conséquences graves sur l’imaginaire politique et dénonce une tromperie volontaire afin de perturber les choix électoraux.
En France, cette confusion aboutit à Macron : la gauche et la droite ne sont pas ennemies par définition et peuvent donc être réconciliées. Elle consacre surtout la victoire du capitalisme sur les autres formules du vivre ensemble. Les caméléons de la politique, dès qu’ils sont élus, retrouvent vite leur couleur d’origine.
J’ai même trouvé le discours de Richard Miller dans ses dernières interventions sur RTL, plus à droite et impérieux que jamais, par sa célébration des bienfaits du libre-échange.
Le capitalisme libéral est-il vraiment la garantie d’une société où il fait bon vivre ?
Il n’y a qu’une liberté garantie par le système, celle du capital ! Pour celle du travail, on peut repasser.
On ne peut pas dire que leurs théoriciens historiques : Adam Smith, Jeremy Bentham et John Stuart Mill, aient eu de la réussite dans leur prédiction.
Si l’idée foire, Richard Miller pourra toujours demander la nationalité hongroise. Je suis certain qu’on la lui accordera immédiatement. Orban cherche justement des hommes de gauche pour s’autocritiquer sur la scène d’un futur grand meeting.

Poster un commentaire