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Le retour du bunga-bunga !

Silvio Berlusconi, l’insubmersible est de retour ! Tout baigne ! Pleine forme ! Plein de fric ! Plein de suffisance ! Plein d’électeurs !... Plein d’idées fausses et de songes creux, juste ce qu’il faut pour enthousiasmer ceux qui n’en avaient plus. Étrange, non ?
Vous me direz en quoi la politique italienne nous concerne-t-elle ?
En rien, si ce n’est sur les principes de ce que devrait être une démocratie. Et de ce point de vue, nous avons beaucoup à apprendre de ce retour.
Il consacre définitivement le pouvoir de l’argent à commencer sur la justice.
Le fait d’être condamné et de faire sa peine en liberté est un privilège de riche. Cela nous concerne tous. Non pas que la prison soit un moyen exemplaire d’amender les hommes et de purifier les esprits, mais dans une démocratie dans laquelle un voleur à la tire peut faire deux ans de prison, il est catastrophique de montrer aux gens des situations inverses où des pires malfaisants s’en tirent avec les honneurs, au point de revenir sur le devant de la scène politique où, en principe, il ne devrait se trouver que les meilleurs des citoyens !
Nous connaissons ce genre de démocratie en Belgique, nous le vivons dans des affaires belges que nous suivons dans les gazettes, avec les commentaires appropriés, déférents ou méprisants, selon que vous êtes puissant ou misérable, dirait un La Fontaine contemporain.
Ainsi le cavaliere est de retour. Et pas seulement sur les estrades de la politique, mais sur des affiches, des journaux en première page et jusque dans un film de Paolo Sorrentino qui est inspiré par celui qui depuis 23 ans, est le symbole de la politique transalpine. Un drôle de symbole que détestent les citoyens honnêtes, qui ne sont pas majoritaires en Italie, puisque Berlusconi revient grâce aux électeurs de son parti Forza Italia.
Cette dégénérescence de la démocratie inquiète. Elle devrait aussi inquiéter toute l’Europe.
L’empire audiovisuel est une formidable machine de guerre de ce triste personnage adulé pourtant de nombre d’Italiens qui trouvent en lui toute la débrouillardise maffieuse qui plaît encore autant à l’homme démuni de la rue, de Milan l’industrielle à Naples de la Cosa Nostra.
Les scandales glissent sur Silvio Berlusconi et galvanisent ses électeurs. Les juges ont beau le condamner, il ne va jamais en prison, et c’est lui qui accuse !
Les affaires, les fraudes, les escroqueries lui font un peu plus de popularité. On l’apparente au jeu du comique Toto et au cinéma réaliste italien des années soixante. Le roublard qui s’en tire toujours et à qui on pardonne tout, parce qu’il fait rire, c’est lui.
Le nouveau deal est en marche en Italie. Silvio Berlusconi ne pose aucun veto au gouvernement que son allié veut constituer avec le M5S (Mouvement 5 étoiles). Ainsi ce non-éligible jusqu’à aujourd’hui, est encore apte aux yeux de tous de faire ou de défaire un gouvernement !

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L'UE pourrait se réveiller la semaine prochaine, avec des extrémistes de droite au pouvoir à Rome ! L'incapacité des partis modérés à convaincre l'électeur d’un destin commun avec les autres États membres aura eu raison de la fibre européenne pourtant encore solide il y a seulement quelques années.
Macron et Merkel s’inquiètent : l'Italie, pays fondateur et 3e économie de l'euro, est sur le point de basculer dans le camp du nationalisme. Le Brexit fait école !
Berlusconi est l’exemple vivant du capitaliste rondouillard qui aura réussi grâce à l’Europe de devenir paradoxalement, la réclame vivante de ceux qui n’en veulent plus.
On est à la fois horrifié de ce qui attend l’Europe dans les mains de l’extrême droite et en même temps, on a l'amère satisfaction de ce qu’on avait prévu, arrive : la défaite de la démocratie par l’absence de social dans l’organisation néolibérale de son économie !
Lorsque le système ouvert et libre n'est pas capable d'offrir des solutions, ni même un renouvellement des personnes, le consentement chute brutalement. L'époque post-démocratique (1) a-t-elle commencé en Europe ?
Peuple de gauche apprêtez vos mouchoirs !
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1. Déjà que la démocratie n’était pas très en forme, avec ce qui se prépare en Europe, on va finir par regretter ce qui en tenait lieu.

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