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Bruxelles ville francophone ?

La Communauté française de Belgique a lancé une drôle d’idée : organiser un sommet international de la francophonie à Bruxelles !
Pourquoi pas, après tout ! La Belgique est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui réunit des pays dont le français est la langue de la population et à défaut, celle d’une importante minorité.
Le MR, au pouvoir avec la N-VA, a soutenu la demande.
Bien entendu comme la Communauté française est fauchée comme les blés et que la Belgique est membre de l’OIF, il va de soi que ce serait au Fédéral de sortir les biftons qui manquent.
Par le passé, on se souvient des premiers ministres flamands se payer des discours dans des pays d’accueil de cette Organisation francophone, au grand scandale du Sud du pays.
Ce fut même l’occasion pour les congressistes de se demander quelle était la langue que parlait l’orateur belge ? Le français assurément, mais sans le difficile accent québécois, une nouvelle langue inaudible, à moins de trois cents kilomètres de Paris !
Mais la Belgique était présente. C’était l’essentiel.
La N-VA n’a encore rien balancé d’aimable sur cette proposition d’accueil et l’empressement de Charles Michel d’approuver une telle demande.
Bart De Wever qui se lève tous les matins avec une pensée pour Poutine parce qu’il soutient les russophones du Donbass d’Ukraine, en s’imaginant le Poutine bruxellois pour sauver des horreurs du métissage linguistique la minorité flamande, n’a pas affiché sa couleur à cette proposition de réunir l’OIF à Bruxelles.
Sans doute, a-t-il connaissance de l’inimitié profonde entre Junior et Reynders et l’impact que pourrait avoir la publicité de ce genre de réunion sur le désir de Reynders d’imprimer son empreinte dans les Communales de la Capitale, en affichant d’entrée de jeu une alliance avec la N-VA. Or, une telle probabilité de l’OIF, dans les préparatifs d’une venue en grande pompe à Bruxelles, même si ce n’est pas pour demain, risque, presque à coup sûr, de réduire le vote de la communauté flamande à une peau de chagrin ; mais aussi d’irriter Bart De Wever contre Junior, qui n’aurait plus que l’alternative de se réfugier derrière le petit Chastel, après tout président du bidule.
Tout cela date de la semaine dernière et tout comme le rock’n’roll politique italien, les gazettes ont fermé leur grand clapet sur la question.
Évidemment, la gentry belgo-flamande marche sur des œufs en ce moment.
Cependant, qui lit la presse flamande n’est pas sans savoir qu’on se pose la question dans les rédactions.
On vient même de repêcher un ancien Nessie dans le lac de Kraenepoel en Flandre Orientale :
la Communauté française aurait été rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles, au mépris total de la Constitution !
Jusqu’à présent ce contre-feu n’est pas de nature à remobiliser la nation flamande, mais attention, la N-VA n’a pas émis son dernier fake-news.

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L’OIF compte 54 membres de plein droit, dont des pays aussi peu probables que l’Albanie, la Moldavie ou la Roumanie, ainsi qu’une trentaine de membres associés et observateurs. L’Arabie saoudite a introduit une demande d’assister aux assemblées de l’Organisation (Daardaar magazine).
Le comble, c’est qu’on n’est plus sûr que les francophones soient majoritaires à Bruxelles !
Comme le recensement linguistique est interdit en Belgique sous peine de mort politique, on n’est pas prêt d’admettre que Bruxelles est devenue une Babylone linguistique représentant 180 nationalités et dont plus de 60 pour cent des ménages ne parlent aucune des deux langues nationales.
Il est vrai qu’avec le Brexit l’UE va faire le ménage et on se demande si l’anglais va poursuivre sa carrière prépondérante dans les travées des Commissions et parlements divers européens. Le français y aurait une belle carte à jouer. Sauf qu’il est plus facile à un scandinave d’apprendre l’anglais que le français. Il y a même des fonctionnaires qui ne sont pas Anglais qui ne parlent que cette langue, la leur étant très minoritaire.
Ce qui est rafraîchissant à défaut des graves problèmes que l’on évite d’instinct, c’est de voir surgir les problèmes de ce type dans la tête de nos élites pensantes.
C’est peut-être une forme de sagesse de nos grands hommes d’État de ne vouloir traiter que des problèmes insignifiants, rejoignant ainsi la pensée délicate et ourlée de ce délicieux Oscar Wilde « Dans la vie, le premier devoir est d’être aussi artificiel que possible. Personne n’a encore découvert quel était le second ».

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