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Erdogan, dictateur débutant.

Qu’il y ait eu bourrage des urnes ou non, le président turc Recep Tayyip Erdogan a gagné les élections avec 52,8 %. C’est le début d’une dictature, si l’on tient compte des modifications qui vont avoir lieu dans la prochaine législature. Comme près de la moitié des électeurs turcs n’ont pas voté pour lui, il devra faire face à une forte minorité hostile, qu’il devra mater selon sa méthode, c’est-à-dire brutalement.
Quand le Régime a perdu ses illusions d’intégrer l’Europe, Erdogan et les religieux se mirent à repenser une autre manière de pouvoir, attendu que les contraintes pour plus de démocratie liées à l’entrée du pays dans l’Europe n’existaient plus. L’insurrection inspirée de Fethullah Gülen, fut l’occasion d’un premier pas vers le pouvoir absolu avec la mise à l’écart de l’administration de tous les opposants supposés, l’atteinte aux libertés fondamentales par l’emprisonnement des médias trop critiques et la mainmise sur le pouvoir judiciaire, tout de suite après le limogeage ou l’incarcération des chefs de l’armée.
Le rapprochement avec la Russie, alors que ces deux pays se haïssent depuis toujours, n’est que de façade et de circonstance, par ce biais, Erdogan compte trouver un allié pour remplacer l’Europe. Il a oublié qu’il faisait partie de l’OTAN et qu’il y avait chez lui des fusées américaines pointées sur la Russie. Il est question aujourd’hui de faire sortir la Turquie de l’OTAN, seuls les Américains ne le souhaitent pas.
Le refus de poursuivre l’intégration de la Turquie à l’Europe avait été approuvé par une grosse majorité des pays européens, surtout dès qu’il fut avéré qu’Erdogan jouait un double jeu avec Daech au temps où ce dernier contrôlait une partie de la Syrie et une autre de l’Irak, le combattant officiellement, mais faisant du commerce avec les intégristes, allant jusqu’à leur fournir des armes, contre du pétrole.
La répression contre les Kurdes à l’extérieur de la Turquie avec l’invasion illégale d’une zone frontalière syrienne met un point final à toute velléité de rapprochement avec l’Europe.
Le pays tout un temps prospère, ne l’est plus aujourd’hui. Erdogan n’a pas réussi son pari du bond économique promis dans ses discours, jamais réalisé sur le terrain. La livre turque perd tous les jours de sa valeur face à l’euro et au dollar. Les grands projets d’infrastructure se sont bornés à la construction d’un palais gigantesque pour le nouveau dictateur, le reste s’est perdu en pots-de-vin et autres dessous de table, Erdogan étant lui-même impliqué dans la curée.
Soutenu par la paysannerie religieuse, Erdogan va devoir serrer la vis dans les grandes villes et renforcer sa police dans les zones kurdes du pays.
"Les résultats non officiels des élections sont clairs. Selon eux, notre nation m'a confié la responsabilité de président de la République", a déclaré Recep Tayyip Erdogan depuis Istanbul, revendiquant également la majorité parlementaire pour l'alliance dominée par son parti, l'AKP.

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On devrait pouvoir dire à Erdogan « Bon. Et maintenant qu’est-ce qu’on fait des 50.000 fonctionnaires mis à pied ou emprisonnés, de la presse d’opposition sans cesse inquiétée, d’une partie de l’armée tenue pour responsable du putsch avorté ? ».
Erdogan assuré de modifier la Constitution pour la rendre davantage présidentialisée, maître du pays à 100 % avec 50 % des voix, a deux options : partir à la conquête des opposants en dirigeant le pays en « despote éclairé » ou concourir de plus belle à l’asservissement de la Turquie au pouvoir religieux, en devenant le chef suprême des croyants ?
Toutes les prédictions vont vers cette deuxième option. Ce qui dans un délai rapproché va conduire ce pays à l’instabilité et aux troubles, dans des désordres publics qui pourraient conduire à la renaissance de foyers insurrectionnels.
Déjà, des contestataires réclament un second tour. Le parti de Muharrem Ince, le CHP, a contesté les résultats publiés par Anadolu, affirmant que ses propres chiffres montraient que Recep Tayyip Erdogan avait obtenu moins des 50% des voix.
L’Europe a deux raisons de se méfier d’Erdogan. Comme tous les dictateurs il est imprévisible. En plus, il utilise un parler brutal et sans nuance que son manque de culture générale traduit, un peu comme Trump. Il est à sa façon un autre Trump par sa nature conquérante parce que profondément égoïste et une absence d’humanisme. Mais la comparaison s’arrête-la, tant les USA ont des barrières administratives et des Lois que la Turquie n’a pas, pour empêcher la dérive vers une dictature.
Erdogan était déjà un fardeau pour l’Europe. Il va devenir une épine dans le pied des 27 si l’on songe à la diaspora turque, toutes communautés confondues, surtout en Allemagne, en France et en Belgique, farouchement pro Erdogan.

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