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Le turbin à 10 h/jour bientôt ?

On confond facilement travail et travailleur. Quel que soit le locuteur, patron, politicien ou syndicaliste, on parle d’horaire, pénibilité, salaire avec un travailleur. Peut-être aime-t-il Mozart, s’intéresse-t-il à la recherche du zéro absolu ? On s’en fout. On fait comme si la société n’était composée que de gens qui vont au travail et qui en parlent à longueur de journée et d’autres qui les envient, faute de ne pouvoir y aller, sans mentionner autre chose, comme si le travailleur n’était que cela.
Voilà vingt ans, on parlait encore de la société des loisirs. Des illusionnistes pensaient que les robots travailleraient pour nous et qu’après une heure ou deux de prestations le travailleur aurait fini journée. Le reste du temps il le consacrerait aux loisirs et à se cultiver. Ainsi, logiquement, on emploierait tout le monde, ou presque. Thomas Moore l’avait prévu, les cités idéales pousseraient comme des champignons d’automne. Avec le revenu universel garanti, même les pauvres seraient hors du besoin.
Cette utopie n’était pas partagée par tout le monde. Ceux qui étaient confrontés au monde des affaires, les libéraux, droite et gauche confondues laissaient relire « Le droit à la paresse » de Paul Lafargue (1880). Ils faisaient la différence entre le riche oisif et le fainéant.
Depuis l'Antiquité, les philosophes ont fait l'éloge de l'oisiveté contre le dogme du travail. On ne les étudie plus à l’université, toute entière engagée dans l’économie de marché.
Tout est clair, l’évidence crève les yeux : le système économique n’est pas conçu pour faire le bonheur de l’humanité. C’est un combat de chacun contre tous.
« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » écrivait La Fontaine à propos des Animaux malades de la peste.
Nous en sommes tous malades et ceux qui devaient nous soigner, les médecins de la démocratie, depuis 1830, font office de rats et de puces, propagateurs du fléau.

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Au nom de la formule « tout pour moi et rien pour les autres » il y aura de plus en plus de chômeurs. Ceux qui auront un boulot presteront le double de ce qu’ils prestent actuellement.
Les chiffres viennent à l’appui de ce qui précède : plus de 400 millions de personnes employées travailleraient plus de 49 heures par semaine, soit environ 22% des 1,8 milliards de personnes employées dans le monde. C'est déjà le cas lorsqu'on monte sa propre entreprise ou qu’on devient freelance ou pigiste, on accepte tous projets pour boucler les fins de mois.
Les beaux messieurs de l’ordre économique font de l’entreprise le nirvana suprême.
Pourtant, travailler à la japonaise et sans horaires fixes a des conséquences néfastes, sur la vie familiale et sur la santé.
Les libéraux pourraient imaginer le travail bien au-dessus des horaires actuels. Cela se devine sur le choix des sujets de discussion. Le triomphe du libéralisme viendra quand il n’existera plus aucune règle, ni convention et que celui qui aura un emploi convoité aura à démontrer sa capacité de résistance au sommeil.
Une étude américaine étalées sur 13 annuités montre que travailler dix à douze heures par jour fait augmenter de 61% le risque de se blesser au travail.
Le behaviorisme du temps d’Henri Ford a été remplacé par les algorithmes qui trient et évaluent les personnes les plus performantes. L'uberisation du système est en marche. Il n’y aura plus de contrat que sous forme de gérance. Seule condition, être disponible tout le temps et accepter l'impossible, sous peine de chuter dans le classement et donc moins de contrats.
Les moyens sont devenus le but, la seule raison qui pousse les personnes concernées à accepter toujours plus de travail, c'est l'argent…. par manque d'argent ! Charles Michel emploie le truc pour les chômeurs. En diminuant les indemnités, ce type veut les acculer à accepter n’importe quelle merde, sous peine de crever de faim.
Ces besoins parfois inutiles qu’on met sous le nez des travailleurs, c’est pour qu’ils ressentent la nécessité de travailler plus pour les atteindre. Mais l’idéal pour les employeurs, ce n’est pas que les personnels vivent à l’abri du besoin, c’est au contraire qu’ils soient contraints de faire des heures supplémentaires pour seulement exister.
Les nouvelles technologies poussent au travail à domicile, au contrat gérance et à des journées à rallonges. L’employé est relié en permanence à son patron qui en profite. Certes, quand il vous appelle à 11 heures du soir, c’est qu’il travaille, mais comme il n’est pas tenu de dire ce qu’il fait, il peut le lendemain faire la grasse matinée ou un petit voyage d’études et d’agréments.

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