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La pesanteur et la grâce (1).

Mon comportement n’a rien de particulier, il est semblable aux citoyens ordinaires qui s’intéressent à la politique. Je m’étais bien juré de ne plus perdre mon temps devant la télé à « C’est pas tous les jours dimanche » de l’ineffable et content de lui Deborsu.
Cette émission est en réalité le porte-serviette du pouvoir de classe. Les chroniqueurs sont médiocres, suffisants et surtout convaincus de leur ouverture à toutes les opinions, même s’ils accordent moins la parole à celles qui contrarient le concept libéral.
L’État social est une partie où les malins amusent le plus grand nombre, pour faire en catimini leurs petites affaires. Les journalistes du plateau de ce dimanche s’enorgueillissent d’exercer un métier, qu’ils dénaturent au point d’y perdre le côté professionnel honorable.
Sachant cela, dans un réflexe matinal (toujours se méfier des brumes du matin) après le petit-déjeuner, je pousse machinalement sur le bouton et le processus s’enclenche.
Je tombe sur le débat Paul Magnette et Charleroi.
On n’a pas besoin de réfléchir longtemps. Un débat, étant par définition contradictoire, on met en présence des personnes ayant des avis opposé, sauf que le rapport de force s’établit à chaque fois de la manière dont le public devrait prendre conscience, il n’y a jamais qu’un seul véritable opposant, tous les autres sont des comparses ou compères, des affidés du consensus de l’économie de marcher, bien drivée par les lobbys de pouvoir.
Ce dimanche, c’était la courageuse Sofie Merckx du PTB qui était opposée à l’ensemble des debaters.

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Si l’on considère la répartition en deux parties des « presque-d’accord-sur-tout » et l’opposante, on en arrive à un tel écart du temps de parole, qu’on peut sérieusement se poser la question « est-ce que la gauche ne devrait pas boycotter les émissions de Deborsu ? ».
Avant, on avait eu droit à une mise au point de Paul Magnette sur son salaire de bourgmestre de Charleroi que Sofie Merckx avait proposé, la semaine dernière, de diviser par deux.
Personne – mais vraiment personne – n’a relevé une erreur volontaire de l’intéressé et encore moins Deborsu qui n’est pas là pour ça, sur la question du salaire « net » de Paul Magnette.
Celui-ci, en déclarant qu’il gagne net 4.000 € par mois, a trompé les téléspectateurs (les 99 % ne gagne pas ces 4.000 €). Il les a trompés sur la notion du salaire « net » et du salaire « brut ».
Le salaire « net », c’est le salaire brut défalqué des taxes et des cotisations de la sécurité sociale, et rien d’autre. Les rétrocessions au parti n’ont rien à voir dans le décompte. C’est comme si un salarié au salaire de 1.500 € net décomptait son loyer de 500 € pour s’en aller dire que son salaire net est de 1.000 € !
Parce que si Magnette est logique avec lui-même, il devrait considérer que les bas salaires en Belgique sont encore bien plus bas qu’on le dit, puisqu’il y a dans le bas salaire, l’obligation de se loger, de se soigner, etc. Pourquoi ne pas rendre certains frais obligatoires, déductibles de l’impôt quand on gagne tellement si peu que Magnette n’en a même pas l’idée ?
C’est une honte d’avoir laisser passer cela dans le show Deborsu.
Reste que l’homme s’était déjà répandu sur sa « misérable » condition, alors qu’on avait devant lui une femme médecin qui, elle, avait volontairement fait le choix de vivre avec un bas salaire, afin de pouvoir faire l’expérience sur sa personne de ce que cela signifie dans la vie de tous les jours de vivre avec si peu d’argent.
En surfant sur son salaire net supposé, Paul Magnette porte atteinte à la réelle valeur du sacrifice volontaire, par esprit de justice, de Madame Sofie Merckx, en tous les cas, il en banalise la portée. Je trouve cela indécent, médiocre et indigne de la part de Paul Magnette.
Ces gens de RTL dégradent la profession de journaliste. Ils n’informent pas les téléspectateurs de la situation réelle de la Belgique et du Monde. Ils font de la communication de la classe dirigeante à la classe inférieure (2).
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1. « La Pesanteur et la Grâce » Ouvrage philosophiquee de Simone Weil, ne pas confondre avec Simone Veil, entrée au Panthéon, L’auteure de la Pesanteur et la Grâce a suivi un parcours étonnant, qui la mènera d'un statut de jeune fille de la bourgeoisie aux confins de la plus atroce misère matérielle. Animée d'une soif d'absolu qui la fait vivre – comme d'autres vivent de pain –, elle rend compte, dans ses écrits, de l’aventure exceptionnelle d’une intellectuelle devenue ouvrière d’usine par amour de l’Humanité et de la Justice sociale. Par certains aspects, la vie de Sofie Merckx, quitte à ce que sa modestie dût en souffrir, est un peu celle de Simone Weil.
2. Le même jour, mais le soir, « C dimanche" sur France 5. Autrement mieux présenté par de vrais journalistes. J’y ai relevé que l’écrivain François Bégaudeau publie « En Guerre », qui raconte une histoire d’amour impossible sur fond de fracture sociale. Dès lundi, je me procurerai le livre, faites-en autant, je pense que vous ne le regretterez pas.

Commentaires

En vous lisant, je réalise que j'ai échappé à une crise de nerf en oubliant de programmer l'enregistrement de l'émission que je me promet chaque week-end, de ne plus regarder. Merci cher Duc.

En vous lisant, je réalise que j'ai échappé à une crise de nerf en oubliant de programmer l'enregistrement de l'émission que je me promet chaque week-end, de ne plus regarder. Merci cher Duc.

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