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Bourdieu : Gilet Jaune ?

Après avoir été nourri dans ma jeunesse, de la pensée du sociologue Pierre Bourdieu, cela jusqu’à sa mort il y a quinze ans, Richard3.com ne pouvait pas échapper au parallèle existant de sa philosophie socio-politique et celle, si difficile à décrire, des Gilets Jaunes.
Son travail sur « la Distinction » n’est-il pas précurseur de la suffisance et de la morgue des intellectuels actuellement au pouvoir et qui considèrent que tout qui n’est pas « à niveau » est vulgaire ! Alors que le drame actuel n’est que le résultat de leur aveuglement et pour tout dire de leur bêtise. Ce qui reviendrait à penser que la sottise dont leur intelligence se pare comme d’un signe distinctif du « vulgaire » n’est en réalité que sa sublimation !
Bourdieu avait déjà conscience fin du siècle dernier de l’affadissement du modèle français dans un consumérisme à l’américaine qui allait tout transformer, y compris les prisons qui verraient se gonfler leurs effectifs.
Comment pourrait-on adhérer aujourd’hui aux supposées valeurs françaises, alors que ce ne sont que les produits d’importations d’un nouveau monde, bien avant nous en dégénérescence !
L’absence d'une morale collective et publique, déjà visible au temps de Bourdieu allait réduire à des gesticulations d’énarques le modèle français de citoyenneté.
Et de citer Tallien, dantoniste révolutionnaire, dans sa définition du citoyen « quiconque est conforme à la définition du bon citoyen, c'est-à-dire quiconque est universel », vision rejetée par les extrémistes de droite à commencer par la N-VA, le Vlaams Belang en Belgique et le Rassemblement National de Marine Le Pen en France.

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Cette idée généreuse permet d’être respecté en tant qu'homme et d'accéder à la dignité de citoyen, à la condition d’en remplir aussi les devoirs. C’est tout ce que demande les Gilets Jaunes : la reconnaissance de leur existence parce qu’ils sont de bons citoyens plus qualifiés que quiconque de contribuer à la pérennité de l’État et, s’en trouvant maltraités par ceux qui ont profité d’une aberration du suffrage universel pour les trahir, en demande réparation !.
Bourdieu fustige "l'impérialisme de l'universel" parmi "les intellectuels français à l’arrogance insupportable pour la plupart des nations étrangères", tout en privant les citoyens de l’intérieur du droit d’afficher leur singularité.
Il ne sert à rien de rejoindre la communauté scientifique mondiale de haut-vol sur les domaines relevant de la sociologie, de l’environnement et de l’écologie, si c’est pour laisser en dévastation et déshérence jusqu’en-dessous parfois du seuil de pauvreté, des millions de citoyens.
Le génie du peuple français qu’incarnent aujourd’hui les Gilets Jaunes aura été capable de saisir cela sans le secours de « l’élite » et même en-dehors d’elle qui ne peut aborder un problème sans le falsifier.
Bourdieu revient souvent sur la citoyenneté française qui ne nie pas la diversité culturelle mais commande de doter chaque citoyen de moyens concrets par esprit d’égalité, afin de partager un socle commun.
Ce qui rend Bourdieu « imbuvable » de nos jours tient dans la difficulté du sociologue d’énoncer simplement des idées complexes. Le moins que l’on puisse dire, il ne s’embarrasse pas de style, seule la rigueur et la poursuite du concept l’intéressent.
Il faut « mériter » Bourdieu pour en tirer profit.
Tout ce que l’on en peut dire en cette fin d’année qui peut valoir un profond bouleversement à caractère révolutionnaire de l’État français, Bourdieu aurait certainement porté un gilet jaune sur le rond-point le plus proche de son quartier.
C’est à l’adresse de Macron et de Philippe que Bourdieu écrivit, sans le savoir dans « Ce que parler veut dire » « Ceux qui ont opposé au droit magique de l’Ordalie, un droit rationnel fondé sur la culpabilité et la prévisibilité, oublient que le droit le plus rigoureusement rationalisé n’est jamais qu’un acte de magie sociale qui réussit. » Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, a intérêt de réussir le sien, demain samedi, aux yeux de Macron. Les Gilets Jaunes doivent gagner le leur, au nom de la France et de l’Histoire.

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