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Meneur !

C’est la deuxième fois que le pouvoir judiciaire français se disqualifie en suivant servilement les consignes de l’Élysée par l’arrestation du Gilet Jaune emblématique Éric Drouet.
Quand le pouvoir sort des grands rôles de l’État de droit, le respect des institutions et des décisions du peuple souverain, ce pouvoir fait la même chose que ce qu’il dénonce. Alors les articles de la Première République concernant le droit du peuple à l’insurrection doivent inspirer ce dernier et le conduire à sauver la République en danger.
Ce n’est pas une incitation à l’émeute, c’est la logique de la République !
Que veut le pouvoir en matraquant des gens qui gagnent mille euros par mois, sinon faire durer pour lui le bonheur de vivre avec vingt fois plus !
Le gilet jaune Eric Drouet était toujours en garde à vue jeudi matin, après avoir été interpellé mercredi soir à Paris, une arrestation « totalement injustifiée et arbitraire », selon son avocat et selon Richard3.com, compte-tenu des motifs de l’interpellation : « organisation d’une manifestation sans déclaration préalable ».
Le « crime » de M. Drouet mercredi soir a été de déposer « des bougies (…) sur la place de la Concorde à Paris en hommage aux victimes Gilets jaunes décédées pour des motifs variés à l’occasion des manifestations et de l’occupation des ronds-points ». Assez curieusement, s’il n’était pas le seul actif à cet acte de mémoire, il n’y a que lui qui a été arrêté, comme s’il était le seul organisateur de cette manifestation pacifique, quasiment de la même inspiration que les bougies sur le trottoir du Bataclan après l’attentat terroriste, sans que l’on ait arrêté « les meneurs ».
« Il a une nouvelle fois été arrêté arbitrairement et placé en garde à vue à la demande de la Préfecture de police de Paris et sans que le parquet de Paris, décidément bien docile et accommodant, n’émette aucune objection ou joue son rôle de contrôle des gardes à vue », a écrit Me Kheops Lara dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux dans la nuit de mercredi à jeudi.
La boucle est bouclée. On a à la fois le bras armé, le préfet donneur d’ordre, l’inspirateur, Christophe Castaner et sa complice Nicole Belloubet, sous l’œil de Zeus à l’Élysée.
Le pouvoir a toujours été ainsi, très citoyen et très respectueux des lois quand il s’agit de traiter du haut de l’estrade le petit peuple grouillant en bas. Qu’une inspiration libératrice traverse la foule, on voit le pouvoir tenir un langage vieux comme le monde « Le peuple est trop inculte pour comprendre que sa force c’est le nombre. Si quelqu’un le lui souffle à l’oreille, c’est lui le danger. C’est lui qu’il faut abattre par tous les moyens, quand on le repère dans la foule ». Le meneur, pour l’État, c’est la reine d’un rucher. Si vous tuez la reine, il n’y a plus de rucher.
Tous les ministres savent cela. La Belgique l’a toujours expérimenté en même temps que la France avec le plus grand succès, briser toutes les grèves, anéantir tous les rassemblements et décréter délictueux tout qui touche « aux intérêts de la Nation » à savoir, cibler le ou les responsables et les neutraliser par tous les moyens légaux et illégaux. Sauf, qu’une foule en colère n’a plus besoin de meneur. Elle tient le rôle à elle toute seule.

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Le pouvoir pour tout contrôler a des auxiliaires évidents, la presse, les milieux financiers, une partie de l’opinion publique manipulée, les partis de droite, rejoints par les partis centristes.
Tous les prétextes sont bons. Dans le cas de Drouet, un bâton qu’on lui a peut-être fourré dans les mains la première fois et un rassemblement bougies la deuxième.
L’indignation de qui est arrêté ainsi arbitrairement est l’alliée du pouvoir. On attribuera au prévenu tout geste un peu brusque comme une rébellion, non seulement cela aggravera son cas, mais il risque que les gaillards qui l’entourent n’attendent que ça pour se croire menacer et lui casser la figure, au grand plaisir des gazetiers stipendiés par l’argent et les patrons.
À cette belle mécanique, bien huilée et ayant fait ses preuves depuis la nuit des temps, un grain de sable peut la gripper : l’informatique, les réseaux sociaux, le téléphone portable, en un mot la façon nouvelle de communiquer, d’échanger, de filmer les exactions.
Sans les photos de rue sur portable, on ne saurait rien des exercices musclés de Benalla aux côtés de la police, des provocations tactiques des chefs de la police jouant à la blitzkrieg contre les manifestants.
Et cette technique diffusée sur la Toile change tout.
Le pouvoir n’a pas encore compris, malgré le nombre imposant de têtes d’œuf qui vivent sur la bête, c’est-à-dire nous, que c’est une protestation inédite. On n’a plus besoin de tenir les gens par la main, ils marchent tout seuls.
Le match n’est pas fini. Le pouvoir a des ressources et va trouver la parade. En attendant, c’est le pauvre Drouet qui trinque et qui, par son martyr, fait tellement de tort au pouvoir que celui-ci va s’en apercevoir vite et qu’on va le relâcher, à moins qu’on ne le fasse disparaître, c’est toujours a craindre.
L’affaire Khashoggi peut donner des idées aux fournisseurs de l’Arabie Saoudite !

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