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Luc Ferry, bourgeois militant !

Ferrailleur actif et grand pourfendeur de toute sédition, pourvu qu’elle fût de la classe en-dessous, Luc Ferry, l’ancien ministre de Sarko, s’est fait le porte-parole de ses compères sur une radio complaisante, à propos des manifestations du samedi des Gilets Jaunes. Sa parole est si caractéristique du milieu bourgeois, qu’on pourrait repasser cette infamie en boucle, pour l’enseignement des foules.
“On ne donne pas les moyens aux policiers de mettre fin à ces violences. C’est insupportable. Écoutez, franchement. Quand on voit des types qui tabassent à coups de pieds un malheureux policier qui est par terre, mais enfin ! Voilà, qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois voilà, ça suffit ! A un moment, ces nervis, ces salopards d’extrême droite ou d’extrême gauche ou des quartiers qui viennent taper du policier, ça suffit ! (…) on a, je crois, la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ses saloperies, faut dire les choses comme elles sont “
Ce serait facile de broder sur les ignominies de ce type et de traiter ce bourgeois de franc salaud. Ce serait passer en deuxième ou troisième rideau, depuis la bonne semaine que ces paroles mémorables ont été dites et que des répliques cinglantes ont été proférées.
Mais l’occasion est trop belle pour montrer l’importance de la bourgeoisie et sa responsabilité dans la tournure franchement inquiétante de la démocratie en 2019. Finir cette chronique de Richard3.com en injures ne serait pas profitable.
Hé oui ! ce que pense et dit tout haut le bourgeois Luc Ferry, d’autres le pensent tout bas, à droite comme à gauche, car il y a des bourgeois de gauche ! Des bourgeois qui dans l’attente de faire fortune et sortir du lot, utilisent des idées de gauche à toutes fins utiles. On les rencontre un peu partout, mais ils sont surtout rassemblés en banc, comme les sardines, dans le parti socialiste. Le centre socialo-libéral soft est capable de rêver au carnage des pauvres, comme l’extrême droite, dans les nuances de Le Pen ou dans la version « allégée » de Marine.
Richard3.com ne le dira jamais assez, les bourgeois se camouflent derrière la « légitimité » démocratique, usant et abusant d’un système qui leur est favorable. Ils n’ont qu’un nom sous beaucoup d’étiquettes : bourgeois !

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Peu nombreux sont ceux qui le sont effectivement, par rapport à ceux qui croient l’être. Ils forment quand même un paquet de voix qui bouche l’avenir du peuple et empêche la justice sociale.
Parmi eux, les faux-riches sont récupérables. Bon nombre sont conjoncturellement de gauche, mais demeurent structurellement bourgeois.
Dans cette association des deux mots « bourgeois » et « gauche », il y a une classisification variable, un racisme léger parfois, une ignorance crasse de ce qu’est la bourgeoisie souvent. C’est une étrange association d’individus qui se jouent la comédie. Entre le vrai bourgeois, le rentier, le planqué politique, l’industriel qui a fait prospérer l’atelier de papa, le promoteur innovant, qui va de l’immobilier à l’assaut des coffres-forts et celui qui revendique d’en être avec la foi du charbonnier, mais qui, gratte sous par sou, existe un étrange deal où le bourgeois de gauche, quoi qu’il fasse, est déjà baisé avant d’avoir clamé son bourgeoisisme sous la forme d’un vote rose-bleu.
En votant rosé, le bourgeois va jusqu’à se croire « un prolo ». Mais attention, un prolo qui sait se tenir à l’écart des Gilets Jaunes dont il fustige le côté violent, comme Luc Ferry. Il se félicite de la faculté d’endurer le mauvais sort du « bon » peuple, qui confond dignité et résignation.
C’est le mot du bourgeois de gauche : rester digne ! Même en rentrant l’estomac vide dans une cuisine aux allures de chiotte, payée hors de prix à un usurier, il réclame la parité avec les autres qui ont une villa à Knokke-Le Zoute ou à Lasne et voisinent à Uccle, avec le sémillant indemnisé complet du peuple : Didier Reynders.
Les bourgeois, les vrais, ceux qui le pensent et qui agissent pour sauver leur système des « convoitises du peuple », ne se reconnaissent plus comme avant. Ils ont tous l’allure du prof sympa en chemise sans cravate et chaussures Adidas. Finis les costumes trois pièces, le macaron d’une distinction importante à la boutonnière. Bientôt, comme la mode évolue, ils seront en sweet-shirt, col rond, comme Laurent Ruquier. On ne les reconnaît qu’à leur voiture. Aussi ils la cachent, laissent la grosse bagnole des ministères à Charles Michel. La leur reste au garage. Quand ils ont rendez-vous avec les syndicats, ils viennent en bus ou en taxi. Désormais la classe ouvrière est aspirée par la classe bourgeoise. Il faut avoir l’œil d’un expert pour faire la différence entre un mohair de chez Arnys ou un veston agreste de chez H&M.
Les catégories sont dans le flou. Le bourgeois aime cette dissolution. Il disparaît sous le nombre. Il réapparaît dans des endroits où vous n’irez jamais, servis par d’autres prolétaires, auxquels il montre sa Rolex et tout le tapage, jusqu’au slip de l’épouse, sans risquer d’avoir à la sortie d’un bar, un pavé sur la gueule.

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