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Une « démocratie » autoritaire.

Dans la démocratie belge, le droit de manifester est inscrit dans la loi. Mais, il n’est inscrit nulle part comment doivent se comporter ceux qui la font respecter, avant et lors de manifestations. Quand descendre dans la rue est un droit et que le pouvoir a la charge de maintenir la foule dans le cadre de la loi, rien n’indique quel devrait être son comportement.
L’ordre est à la merci d’un provocateur dans la foule. Les journaux sont pleins d’incidents produits par les manifestants, habituellement suivis par les casseurs. Mais, pas une ligne sur la possibilité que la police ait aussi ses casseurs et la hiérarchie ses provocateurs, instrumentalisés eux-mêmes par les plus hauts personnages de l’État.
Serait-ce vrai ce que nous racontent les journaux : les troubles sont toujours du côté des manifestants. La police est la vertu même. Le pouvoir est sage, etc.
Et comment le pouvoir ne serait-il pas hostile dans les mains d’un parti défendant une idéologie agressive de droite, comme c’est le cas avec ce gouvernement expédiant les affaires courantes. Il n’est qu’à lire le compte-rendu du dernier Congrès du MR pour être fixé.
Et à y regarder de près, la loi est unilatérale. Elle est conçue pour qu’il n’y ait des délinquants que d’un seul côté !
Et pour cause, le pouvoir qui fait les lois est l’adversaire résolu à tout mouvement de foule qui le conteste.
Autrement dit, c’est le pouvoir contesté par les manifestants qui a la mission de faire respecter la loi, alors que préalablement, il ne la respecte pas lui-même en n’étant pas neutre.
Les lois « anticasseurs » que Macron fait adopter en France (nous en avons aussi en Belgique) s’inscrivent dans l’histoire des « démocraties » autoritaires.
Le couplet bonapartiste de Charles Michel dans son dernier discours sur la liberté et le respect des « droits de l’Homme » est détestable à plus d’un titre, quand la Belgique se fait régulièrement rappelée à l’ordre par le Conseil de l’Europe sur l’accueil des émigrés, mais aussi sur la manière de traiter les manifestations sur la voie publique.
Nous devrions considérer le récent avis du même Conseil de l’Europe au gouvernement français, comme étant une remarque valable pour nous également « les membres des forces de l’ordre ont, en tant que dépositaires de l’autorité publique, une responsabilité particulière », et que « leur tâche première consiste à protéger les citoyens et les droits de l’homme ».
Si la police n’en est pas encore en Belgique à éborgner et arracher les mains des manifestants, il ne faut pour autant pas perdre de vue la compatibilité des méthodes employées dans les opérations de maintien de l’ordre avec le respect des droits. Ceci en prévision des heures sombres que l’obstination des partis libéraux de maintenir le néolibéralisme comme fil conducteur, va faire courir lors d’affrontements inévitables dans les prochaines années.

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Les tenants d’une démocratie à l’ancienne, c’est-à-dire gérée par la bourgeoisie et contestée par le peuple, ne peut être que conflictuelle. L’ordre que le pouvoir entend défendre relève d’une iniquité établissant que le nombre est assujetti à l’élite, dans l’illusion d’une représentativité équitable produit du suffrage universel. Si l’on veut bien considérer que la plupart des partis sélectionnent eux-mêmes leur propre élite, on aura ainsi dans l’ensemble des partis de pouvoir, l’assiette idéale d’une sélection bourgeoise, que le pouvoir soit entre les mains du MR ou du PS.
Le système français reflète à peu de choses près la même aporie.
Nous sommes dans la suite logique d’une confrontation vieille de deux siècles qui oppose le monde « ouvrier » – que l’on peut traduire aujourd’hui par le monde « d’en bas » – à l’autoritarisme répressif.
Ce qui porte atteinte aux fondements de la démocratie, ce ne sont pas les regroupements par la colère de ne pas être entendus sur les injustices et les souffrances du quotidien, c’est la délinquance invisible, « la criminalité organisée et la délinquance financière qui sont liés ».
Un puissant outil de lutte contre tous les abus de pouvoirs – notamment en matière économique et sociale –, ne saurait être conçu en Belgique que par le PTB et en France par les Insoumis. Il est plus que temps de redécouvrir ce principe révolutionnaire de l’égalité proportionnelle à ses moyens devant l’impôt, seul capable d’arrêter la spirale de la violence donnant sur l’impasse sécuritaire.
L’isolement de ces deux partis de gauche, tenant en mains la seule solution possible, fait redouter le pire non seulement pour l’avenir de la Wallonie, mais aussi pour celui de l’Europe, avec comme seule perspective un affrontement entre bourgeois opposés, Magnette contre Borsus et Verhofstadt contre Orban, le peuple se regroupant dans la rue, étranger à ce combat de stars.
Cela augure pour demain d’autres formes d’opposition du type des Gilets Jaunes, et d’autres formes de répression pouvant aller jusqu’à tirer sur les gens à balles réelles.

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