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Ontologie de la connerie.

Une sémiologue, spécialisée dans le langage et bodylanguage, Elodie Mielczareck, se pose une question « Comment reconnaître les "cons" et ne pas le devenir à son tour ? ». À sa place, je me méfierais. Beaucoup le sont devenus sans le savoir.
La connerie est sournoise. Elle rampe, invisible comme la calomnie, chacun en a sa part et tous en sont atteints ou le seront un jour. À commencer par votre serviteur.
Les plus gravement touchés sont ceux qui paraissent ne pas être de la confrérie. Ce sont les plus dangereux, parce qu’ils ont souvent des parchemins signés par de grands directeurs d’écoles, en foi de quoi ils savent le latin comme Bart De Wever, pourraient éventuellement porter la robe d’avocat, comme Charles Michel et Didier Reynders, sans avoir jamais pratiqué.
Pourquoi sont-ils redoutables ?
Parce qu’on ne s’en méfie pas. On leur suppose des capacités qui ne sont démontrées que sur le papier. Quand ils entrent en politique, comment savoir ?
Le gouvernement, c’est un peu comme à l’armée quand le juteux demande aux troufions « Qui parle anglais ? ». Si un couillon lève le doigt, il est bon pour la corvée chiotte. Quand un type passe des finances aux affaires étrangères, puis fait de l’intérim à la Défense, d’une façon ou d’une autre, il dira et fera des conneries. Il y a bien quelque part un ministère où il sera incompétent.
Elodie Mielczareck soulève un autre problème, celui de l’entraînement des foules à faire des conneries. « Des expériences ont montré que notre cerveau est prêt à modifier sa perception spatiale pour être en accord avec les autres. Si vous êtes entourés de "cons", il y a de fortes chances pour que vous ne vous en rendiez pas compte. »
Et d’enfoncer le clou : « Une expérience réalisée en psychologie sociale en 1950 montre qu’une personne qui a raison mais qui est entourée de gens l’assurant qu’elle a tort, va changer sa perception des choses pour s’aligner sur la pensée des autres. »
C’est ainsi que longtemps les gros partis ont été des attrape-mouches, des réserves à cons.
Dans une famille de MR, un enfant qui grandit avec la tronche de Louis Michel dans un cadre sur la cheminée du salon, que le père est industriel et la mère haut fonctionnaire à piston libéral, forcément son modèle sera Louis Michel, quelles que soient les conneries proférées depuis quarante ans par cet acrobate des suffrages.
Il est même fort possible que le jardinier et la femme d’ouvrage de cette famille exemplaire entraînés par l’enthousiasme du milieu voteront libéral, c’est-à-dire pour leurs patrons, contre leurs propres intérêts.

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Si le nombre fait le con, la connerie ça se pratique aussi à titre individuel. On peut très bien par timidité personnelle et se suggestionnant « inférieur » au vu de la supériorité que l’on suppose des autres, avoir l’absolue conviction que l’on est un con fini. (1)
Un psychologue qui aurait eu le temps de lire les discours et les interventions de Macron depuis les débuts de l’année, serait sans doute effrayé de s’apercevoir que soixante millions de Français sont administrés par un con !
Les soixante pour cent et quelques d’électeurs qui ont voté Macron au second tour ont eu en l’espace d’une semaine – tout au moins une bonne moitié d’entre eux – une modification du cerveau, pour se persuader que les pro-Macron avaient raison.
Elodie Mielczareck pose 3 questions fondamentales pour savoir si vous courez le risque d’être contaminés par la “connerie” : est-ce que vous voyez beaucoup de “cons” et de “connes” dans une semaine? Est-ce que ce contact est long, et enfin, est-ce que le ”con” ou la “conne” a plus de pouvoir hiérarchique que vous?
On a beau se dire qu’on est seul dans l’isoloir et que la connerie d’autrui ne modifie pas la pensée de l’électeur, pas sûr.
Le suffrage universel dont les uns disent monts et merveilles et les autres pis que pendre, rythme par cycle nos destinées, mais c’est le seul moyen qu’a la multitude de se faire entendre. Quand on voit la politique actuelle, comment le monde va et comme nos ministres sont peu doués, le suffrage universel ne serait-il pas la machine suprême à fabriquer les cons ?
Ceux qui jugent mes propos excessifs sont en général établis dans la croyance ferme que le système qu’ils appellent la démocratie est le meilleur, la preuve, il n’y en a pas d’autres – disent-ils – ce qui n’est pas rassurant. Ce genre de cons a besoin évidemment de croire aux hiérarchies, à la culture des dons naturels et à leur exploitation dans un travail « valorisant ».
Cela bouleverserait trop leurs habitudes dans leurs occupations, d’imaginer que, peut-être, le système puisse avoir quelques défauts.
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1. Le con, souvent, ignore qu’il l’est. Certains conserveront jusqu’à la fin de leur vie une haute opinion d’eux-mêmes.

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