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Les cendres du centre.

Le centrisme en Wallonie procède de la même philosophie que l’État et l’Europe, pour administrer un système à ambition démocratique.
Le MR, parti libéral et le PS, social-démocrate, se partagent le pouvoir dans une pratique qui consiste à rejeter tout parti qu’ils n’agréeraient pas, en le taxant de populisme.
De nouveaux partis entrent dans ce centrisme, quand il se trouve appauvrit faute d’électeurs. Au niveau fédéral, la N-VA est passée de populiste à démocrate centriste, à seule fin de rendre la majorité au centre.
En réalité, le centrisme est une association de partis conservateurs qui va de la conservation du libéralisme historique, aux expressions nouvelles du capitalisme productiviste qui maintient les dynasties politiques actuelles au pouvoir.
Ce système existe dans sa forme actuelle depuis le milieu des années cinquante. À l’aide d’une propagande coûteuse, les États libéraux concevèrent une guerre froide destinée à détruire dans l’opinion une image radicale de la gauche (communisme), la droite extrême avait été auparavant défaite à la chute des nazis.
Aujourd’hui cette oligarchie déguisée en démocratie est controversée par une opinion qui sort de cinquante années de chloroformisation par les médias, des sources nouvelles d’information lui ayant apporté la contradiction.
Entre la poudre aux yeux lancée par le centrisme et la réalité d’une vie dure et difficile sans progrès pour la plupart des gens, l’écart est enfin ressenti.
Les électeurs ne sont plus du tout certains que les populismes constituent, en Europe comme aux États-Unis, une menace pour la démocratie. La méfiance envers le centrisme, qu’enregistrent toutes les enquêtes d’opinion, permettent enfin de se poser quelques questions, par exemple au niveau régional wallon : « Le PTB ne ferait-il pas mieux le boulot que le PS ? » C’est-à-dire ne serait-il pas plus respectueux du programme qu’il a présenté à ses électeurs que le PS ?
Là-dessus les partis centristes arguent de la qualité de leurs électeurs et de leur parfaite incarnation de la démocratie, sous-entendant que les autres ne l’avaient pas, pour faire oublier le bilan désastreux.
David Adler, chercheur en sociologie politique, a écrit dans le New York Times une étude statistique relative à la croyance dans la démocratie. Le résultat est assez surprenant. Les électeurs qui se classent au centre sont ceux qui sont les moins attachés à la démocratie, ses valeurs et ses pratiques ! Ces électeurs sont les plus susceptibles – après ceux d’extrême droite – d’être séduits par des valeurs et des dirigeants autoritaires (pour référence, l’élection d’Adolphe Hitler au titre de chancelier, par une majorité centriste chrétienne libérale).

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On confond souvent par démagogie et pour tromper l’opinion publique, l’angoisse du lendemain, la précarité ressentie des contrats de travail, la perte d’autonomie dans des travaux de production intense, en somme l’exposition à la globalisation économique, avec un bouillonnement révolutionnaire quasiment anarchiste et irréfléchi dont on fait une étiquette que l’on colle sur les électeurs qui ne votent pas pour un parti centriste.
Les pratiquants de cet amalgame s’empressent, comme le sociologue Pascal Delwit, de limiter le cadre de leur recherche dans les seules dispositions des classes populaires à la démocratie, et leur insatisfaction politique.
Ils s’interdisent volontairement d’analyser les attitudes anti-démocratiques au cœur même du centrisme où il apparaît que ce sont les électeurs du centre qui expriment, de la manière la plus affirmée, un sentiment anti-démocratique.
La politique de désengagement de l’État en matière sociale, y compris les soins de santé et de l’éducation, pratiquée par le centre depuis longtemps, mais nettement accélérée après la crise de 2008 et la mondialisation du libéralisme, montre un visage peu connu parce que caché par les médias associés, d’une hostilité des électeurs centristes à l’égard des valeurs de la démocratie : l’importance des droits civiques, la solidarité du riche à l’égard du pauvre, une fiscalité équilibrée, etc. pour privilégier des sentiments justifiant les fraudes fiscales, le sentiment d’être la vache à lait de l’État et le dindon de la farce, si bien exprimé par Louis Michel quand il tirait son miel financier de l’électeur commerçant « classe moyenne ».
La colère envers des élites défaillantes ne signifie pas une disposition antidémocratique ; elle peut être l’expression d’une demande démocratique, et même le signe d’un attachement à la démocratie et ses procédures.
Je pense réellement que les Gilets Jaunes, ainsi que les partis d’extrême gauche français et belges, la France Insoumise et le PTB, auxquels on peut associer la frange des Écologistes sociaux, ont bien plus le sentiment d’appartenance à une démocratie que Messieurs du centre, socialistes, sociaux chrétiens et libéraux réunis.

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