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Le choix de Gramsci.

L’échange verbal entre le PTB et le PS, pour que les premiers acceptent d’entrer dans une coalition, montre la position du PS assez gênante. Les négociateurs socialistes se disent contraints d’obéir aux directives européennes concernant les projets sociaux.
Cela signifie que le PTB devrait, par exemple, abandonner son projet de la construction de quelques milliers de logements sociaux dans un plan de lutte contre la paupérisation de quartiers entiers, sous la coupe de propriétaires maffieux, rackettant les locataires déjà impécunieux.
Est-ce que les électeurs prennent bien conscience de ce que cela signifie ?
L’objectif premier d’un gouvernement de gauche devrait être d’éliminer l’esprit oligarchique libéral, lequel perdure au PS, dans une sorte de syndrome de la privatisation de tout, y compris de l’immobilier.
L’observateur impartial que je m’efforce d’être, trouve singulier que les négociateurs PS eux-mêmes ironisent sur le « communisme », le « marxisme » de leurs partenaires en négociation. Etonnons-nous dès lors, que la presse qui n’est pas social-démocrate mais carrément libérale, ricane et en rajoute dans l’espoir que les velléités socialistes de former un gouvernement avec le PTB disparaissent, pour revenir au bon vieil accord MR-PS, d’une société libérale de libre échange et parfaitement intégrée à l’Europe mondialiste.
Va-t-il encore falloir souffrir longtemps que l’Europe nous enjoigne à laisser le marché du continent à tout le monde, alors que l’Amérique conditionne de plus en plus le sien à ses lois ?
Depuis les années 1980, la ritournelle n’a cessé d’imprégner les politiques publiques, quels que soient les gouvernements, d’une orthodoxie parfaite de l’autorité européenne dont on voit les limites et l’absolue nocivité en matière d’environnement.
Tant pis si l’Europe perdure dans sa vision de l’avenir. Elle n’est plus en capacité de régir nos destinées quand elle se trompe à ce point. Et nous, nous sommes pratiquement dans la nécessité de lui désobéir.
A cause de cette vision tragique dont on moque encore ceux qui la prédisent, en les traitant de « communistes » et de « marxistes », sans que la plupart des imprécateurs sachent ce dont ils parlent, des communes à l’État, la gestion de nombreux biens et services publics a été confiée au privé, permettant la constitution de rentes et de puissances financières. Celles-ci en réclament toujours plus en restant à l’affût de la moindre bonne affaire.
Peut-on reprocher au PTB de chausser des bottes d’égoutier et d’y aller fort pour nettoyer cette version moderne des écuries d’Augias ?
Si l’odorat des gazettes s’est faite sur celle du PS et trouve supportable le nidoreux qu’exhale le libéralisme, je ne sais pas si le PTB, ni même Écolo, pourraient s’y faire, sans s’armer de désinfectant.

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Le dilemme est plutôt du côté du PS, la Commission européenne, qui va sortir bientôt des palabres hors-démocratie, pourra-t-elle imposer ses nouvelles privatisations et concurrence dans les transports en commun et les sources productives d’énergie, y compris dans le contrôle d’infrastructures aussi stratégiques que les barrages hydroélectriques dans le viseur de Bruxelles, privant ainsi les collectivités des moyens d’action ?
Est-ce que le PS est capable d’un retour à la réflexion sur l’ouverture à la concurrence dans les services publics et son lot de privatisations dès les années 80 et qui allaient permettre aux usagers de bénéficier de baisses de prix, aux entreprises d’innover et à la collectivité de s’enrichir. Trois décennies plus tard, le bilan est calamiteux : les privatisations ont surtout permis au secteur privé d’acheter à bas prix des actions de sociétés renflouées par le public et la concurrence échevelée a généré de nouveaux coûts collectifs.
Le consommateur a vu une augmentation constante des prix dès lors que les entreprises qui les fournissaient étaient privatisées.
Les faits économiques relevant de ce libéralisme ne plaident pas en faveur des privatisations. Les entreprises nationalisées après la seconde guerre mondiale ont permis de corriger les défaillances du marché, de relancer l’activité, d’assurer les missions de service public, et surtout de stabiliser la politique économique et industrielle du pays.
La Belgique sous l’impulsion des Michel et de l’auto-suffisant Reynders ont approuvé les économistes libéraux de l’école de Chicago, admiré Margaret Thatcher et idolâtré les États-Unis de Ronald Reagan. Le PS oublie-t-il qu’il a participé à mettre en œuvre des programmes de réduction des dépenses et d’ouverture du capital des entreprises publiques et à vendre des « bijoux de famille » ? Il a fait la part belle à Arcelor-Mittal en Région, fait des mamours à Caterpillar, bradé des concessions de Liège Air-port ! Les autorités ont abandonné d’incontestables leviers d’intervention économique et s’apprête encore à le faire avec le tram à Liège.
Oui, la balle est dans le camp du PS. Entre Adam Smith et la formule de Gransci « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », il faut choisir entre le peuple et les monstres.

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