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Arrêtez-moi, si je déconne !

Nous sommes dans une économie libérale.
Il faut bien comprendre que ce qui a fait le succès de ce système, c’est bien la faculté de tout citoyen de monter une affaire, même individuelle et artisanale. La récompense ou la sanction vient au bout d’un certain temps de travail, réussite ou faillite, succès ou sanction.
Pour que ce système fonctionne et soit jouable, il faut qu’il n’y ait aucune dérogation, ni passe-droit, sinon il n’est plus libéral.
On n’a pas trouvé mieux pour faire simple. C’est net et sans morale.
Dans cette logique, l’UE pousse les États à privatiser autant il est possible de le faire, y compris dans l’administration et les services à la population.
Seul, dans ce système, survit le poisson qui nagera le mieux pour manger l’autre.
Le parcours ancien de Tapie, le triomphant prédateur sans état d’âme, est l’illustration parfaite de l’économie telle définie : une impitoyable réalité appliquée au quotidien.
Les grandes fortunes se sont établies dans ce contexte, souvent par des rachats opportuns d’entreprises au bord du dépôt de bilan ou carrément en faillite, reprises pour trois rien, avec souvent la complicité de curateurs vénaux.
Avoir en tête cela est capital pour comprendre la crise de 2008/2009, où là, rien ne s’est passé selon les règles du libéralisme énoncées plus haut.
Combien d’entreprises, moyennes ou grandes ont cessé leurs activités ou décentralisé leurs productions dans des pays à bas salaires, sans que l’État n’intervienne ? Mais, pardon ! quand il s’agit des banques, c’est autre chose, l’humanité se réveille chez nos grands fauves…
Cette crise n’a pas été traitée comme celle de 1929. Et c’est cela qui change tout et jette un jour nouveau sur le capitalisme d’aujourd’hui.
La date clé qu’il faut retenir est le 15 septembre 2008 : La banque d’investissement multinationale Lehman Brothers fait faillite. Les États-Unis ne font rien pour la sauver, en bonne orthodoxie libérale.
Les subprimes (créances non couvertes par garanties) parties des États-Unis, touchent rapidement les banques européennes. La Banque Centrale Européenne (BCE) rompt avec l’économie libérale et débloque 125 milliards d’euros en une semaine, qu’elle injecte dans des refinancements des banques, alors que les USA laissent périr Lehman Brothers. Mais très vite, devant le concurrent européen, le gouvernement des États-Unis a repris via une structure de défaisance une partie des actifs toxiques.
C’est fini.
Dans ces journées historiques le capitalisme est mort ! Les seuls critères qui le faisaient tenir debout : le combat économique individuel, sans contrainte, avec pour seul garde-fou les lois du commerce sur les agissements criminels et malhonnêtes.
En réagissant de manière concertée, les gouvernements et les banques centrales, à très court terme, maintenaient la continuité des paiements du marché interbancaire qui auraient été très affectés par la faillite de plusieurs grandes banques.
Ce faisant, ils contrevenaient à la loi du marché capitaliste qui veut qu’on ne secoure pas une affaire en faillite sauf raisons spéculatives. On entrait paradoxalement dans une pratique « communiste », mais un communisme limité à une seule communauté, qui sortira de la crise plus riche qu’elle n’y était entrée.

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En clair, Didier Reynders, ministre des finances de l’époque, a empêché les contribuables de devenir propriétaires des grandes banques belges par leur rachat estimé à quelques centaines de millions alors, six mois plus tard, elles valaient des milliards !
Et comment ? En faisant une opération illégale : avancer des fonds sans garantie à des banques en état de cessation de paiement et cela avec l’argent des contribuables ! Reynders aura beau rétorquer après que ces entreprises en faillite se sont redressées et ont remboursé ce qu’on leur avait avancé, en oubliant de dire qu’elles se sont refaites grâce aux plus-values obtenues en nous prêtant l’argent généreusement avancé, lorsqu’elles étaient en cessation de paiement !
C’est inouï quand on y pense !
Seul le Royaume Uni était allé presque au bout de la logique capitaliste en nationalisant huit banques, pour rétropédaler et se mettre à niveau de concurrence.
Dix années plus tard, nous payons toujours ce déni du monde libéral.
Le citoyen lambda reste convaincu qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement.
Ce qui m’épate, c’est la facilité avec laquelle on a transféré l’argent public à des faillis, sans demander l’avis des électeurs !
Cette crise a été le départ du prodigieux endettement des États qui se poursuit presque partout, à l’exception de l’Allemagne et des pays scandinaves.
Détrompez-moi, si je déconne… mais de voir les acteurs de cette spoliation du peuple, toujours au pouvoir, me fait douter du suffrage universel et de la démocratie.

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