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Brexit or not Brexit ?

Guy Verhofstadt vient de lancer un fameux pavé dans la mare du Brexit: “Cet accord est le même que celui refusé à Theresa May par le Parlement britannique ” a-t-il dit à la radio.
Il faut prendre ce député européen très au sérieux. L’ancien Premier ministre belge est l’un des négociateurs du Parlement européen sur le Brexit. Il a été omniprésent pendant tout le temps que l’UE a élaboré la proposition proposée par Theresa May et acceptée par celle-ci.
J’ai feuilleté les journaux, rares sont ceux qui évoquent cette interview sur Radio 1.
Pourtant cette nouvelle en dit long sur l’état de lassitude des parties. Il paraît qu’en Angleterre cela tourne pour certains à la dépression nerveuse. Des familles se divisent, d’autres se mettent d’accord de ne plus parler du Brexit quoiqu’il arrive dans les réunions familiales.
Côté continent, une sorte d’assoupissement général est visible comme devant un feuilleton peu captivant que l’on regarde en fin de soirée les yeux entrouverts.
Cette hystérie collective britannique est le seul élément nouveau qui pourrait faire que le parlement de Sa Majesté entérine l’accord de Boris Johnson.
Ce serait un match gagné par knockout debout qui pourrait rendre amère Theresa May sur le côté machiste du parlementarisme anglais.
Trois ans et demi après le vote sur le Brexit, le Royaume-Uni pourrait quitter l’Union européenne pour de bon, enfin diront certains, dont Guy Verhofstadt qui dans ses interpellations au parlement européen n’a eu de cesse de dénoncer la part négative que l’Angleterre a prise, dans la volonté de réunir les pays du continent pour en faire une puissance cohérente, un peu à l’image des États-Unis.
Tout n’est pas encore joué. Le vote de samedi des Anglais n’est pas acquis. Sur le papier, Johnson est même donné battu, à moins que les 22 députés qu’il a exclus des Conservateurs ne votent finalement avec lui.
Charles Michel, bien entendu, depuis qu’il fait « homme d’État d’envergure » n’a pas commenté les propos de Verhofstadt. Il souligne « un moment d’optimisme et d’espoir ». On ne sait pas ce qu’il a voulu dire par là, mais bon… c’est Charles Michel.
Si le dernier pneu de rechange de Bojo éclate, la patache sera à nouveau immobilisée au milieu du gué. En effet, le parlement a voté en l’occurrence pour un nouveau report en cas de rejet, or Boris est absolument contre. En cas de vote négatif et un report demandé automatiquement, il devrait démissionner ou ne pas en tenir compte. En clair, cela signifie qu’il pourrait se faire arrêter au Parlement pour trahison !
On n’en est pas là, mais cette affaire n’a que trop durer. Comme Bojo l’a justement fait remarquer à Bruxelles devant un JC Juncker visiblement fatigué et se tenant à peine debout, c’est tout le programme économique et social de la Grande-Bretagne qui est en cause.
On a perdu de vue aussi, que si les Britanniques sont l’objet de toute l’actualité sur le vote, les eurodéputés doivent également valider l’accord.
Les deux écueils passés, tout pourrait être prêt pour le 31 octobre, date de la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Mais à en croire Guy Verhofstadt, s’il y avait encore un couac, l’Europe n'acceptera un troisième report que si les députés britanniques peuvent expliquer comment sortir de l’impasse.

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L’espoir de ces messieurs attachés à l’UE comme la poule à ses poussins serait que les Britanniques abrogent l’article 50 et restent dans l’UE. Mais ça, c’est compter sans le caractère britannique indéfectiblement lié au suffrage universel, même si cela était à refaire, il est certain que le référendum n’aurait pas eu lieu. Malgré tout, c’est une leçon de démocratie que les Britanniques font aux États européens qui ne respectent pas toujours la volonté des électeurs.
Que croit vraiment Verhofstadt ?
Il lui semble impossible une sortie sans accord, pour la raison que Boris Johnson a réalisé qu’un Brexit dur serait catastrophique pour son pays.
Reste que tout le monde en a bien marre et serait bien content que ce cirque se termine d’une façon ou d’une autre.
Dans une autre chronique, j’avais déjà écrit sur le frein politique que les Anglais pratiquaient et sur leur attachement aux Etats-Unis dont ils étaient les complices, pour piéger l’Europe dans sa volonté d’être elle-même avant d’être « atlantiste ».
Leur départ, pourrait relancer la machine. Ce serait à la gauche européenne de voir si cela se ferait aussi dans le domaine social où là, l’Europe n’est nulle part.

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