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Une démocratie contestée.

La gauche, la vraie, pas celle en peau de lapin qui vient d’élire Magnette sur l’injonction expresse de son mentor Di Rupo, celle qui se reconnaît dans la lutte des peuples contre le pouvoir. Eh bien ! cette gauche là ferait bien de se méfier d’une situation explosive quasiment mondiale des gens qui en ont gros sur la patate. Ils rejettent en bloc toutes les structures politiques qui, à travers différentes combinaisons, associent tous les partis, même ceux qui dénoncent les pratiques oligarchiques du pouvoir.
Le cas des Gilets Jaunes est caractéristique de cet état d’esprit.
Les Insoumis, Lutte Ouvrière et le Nouveau Parti anticapitaliste, aucun des partis n’a eu raison de la méfiance des ronds-points, quoiqu’on en ait vu qui nouaient des amitiés qui perduraient au-delà des manifestations du samedi.
Les gens, aux points chauds de la planète paraissent se comporter comme les Gilets Jaunes français. Hong Kong, Barcelone (1), Santiago du Chili, Beyrouth, Alger, Bagdad, Paris et Khartoum, le monde est secoué par des révoltes et des protestations.
Qu'elles soient mal définies ou au contraire ciblées contre la hausse des taxes sur le carburant en France, du prix du ticket de métro au Chili, la dénonciation du manque d'eau et les pannes de courant au Liban, les manifestations contre les lois liberticides dans l'ancienne colonie britannique, voire contre des personnes corrompues accaparant le pouvoir, toutes ont un lien direct, même s’il n’est pas perçu, contre le système profondément inégalitaire de l’économie mondiale.
Presque tous les partis de gauche sont en général des partis d’opposition qui, même en semi-clandestinité, restent en rapport avec le semblant de forme démocratique que constituent des parlements. Ces partis croient encore pouvoir réformer de l’intérieur une démocratie sérieusement imbriquée dans l’économie libérale, par une élite corrompue. L’internationale des gens en colère devrait en principe se diriger vers les partis de la gauche d’avant-garde. Il n’en est rien. Est-ce à cause de l’absence de personnalités hors-normes pour donner à cette protestation un souffle universel, comme le fit Lénine ? On en est au constat, pas aux raisons.

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La contagion révolutionnaire gagne peu à peu l'Europe. Mais, elle ne se structure pas. C’est surtout dans la crainte de se faire aspirer par le système. Par contre, l’antidote lui fonctionne. De Macron à Merkel, comme de Juncker à von der Leyen des politiques de soutien au système ne manqueront pas. Les élites finiront par reconstituer une chape de plomb qui s’appelle la démocratie libérale, sur la tête des gens. Et tout sera à recommencer.
Demain des gouvernements autoritaires reprendront les choses en main, et surpasseront la violence de la rue par une garde prétorienne lourdement répressive et armée en conséquence. C’est déjà la politique de Castaner en France dont les polices éborgnent et maltraitent à tout va, prenant de l’avance sur les exactions de peur d’être un jour débordée.
Seuls les partis d’extrême droite, comme le Rassemblement National de Marine Le Pen échappent à la règle et poursuivent leur croissance sans apparemment ne souffrir de rien. J’ai une théorie là-dessus. Elle vaut ce qu’elle vaut. Ces partis profitent de la vindicte que les autres formations déversent sur eux à longueur d’année. C’est encore plus révélateur avec le Vlaams Belang en Belgique qui a bénéficié d’un coup de pouce électoral, à la suite de la participation de la N-VA au gouvernement Michel. C’est le plus condamné par l’opinion générale (le Belang) qui gagne à ce petit jeu de la notoriété inversée.
Autre différence, la gauche ne fait pas mystère d’un programme de partage des richesses. L’extrême droite ne propose rien de tel. Marine Le Pen s’est fabriqué un monde de réformes inapplicables mais qui ont le mérite, sur le papier, de faire croire que les riches ne perdront rien et que les pauvres gagneront tout.
De ces deux perspectives gauche/extrême droite, seule cette dernière tire son épingle du jeu. Pourtant les mouvements d'aujourd'hui ont des points communs avec les partis comme la France Insoumise ou le PTB en Belgique, ne serait-ce que celle d'être en protestation incessante contre les élites et les classes dirigeantes.
Ces mouvements sont encore à la recherche d’une démocratie directe qui ne soit pas le résultat de la composante des partis, du pouvoir économique et des élites oligarchiques. Pourquoi pas une démocratie populaire, même si ce mot fut galvaudé par le passé, pour ne pas dire plus ?
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1. Le conflit catalan avec le pouvoir central serait, avec la condamnation à la prison des leaders nationalistes, un peu en décalage avec les autres causes. Ce le serait moins, si sur les Ramblas avec les indépendantistes, la presse toujours de mauvaise foi là-dessus, comptait aussi les victimes du capitalisme.

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