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Cyborg du temps présent.

Je fus longtemps un spectateur passionné de débats politiques à la télévision et à la radio. Est-ce une illusion ? Il me semble que les débats étaient moins à sens unique du temps de Sarkozy que ceux qui passent sous la présidence Macron.
Illusion sans doute, les patrons de chaînes n’ont pas changé et les journalistes non plus. Le consensus amoureux de la presse pour le pouvoir libéral est toujours aussi fort.
C’est probablement une lassitude de ma part des discours à sens unique, antiennes adressées au peuple selon lesquelles tout est au mieux dans le meilleur des mondes.
À vrai dire, on n’entend pas ou presque pas l’opposition de droite ni de gauche. C’est ce silence après la parole officielle portée par les acteurs principaux de l’info qui dérange. Qu’est-il arrivé à l’opposition ? Elle n’a plus ses champions dans la presse ? Les journalistes sont-ils tous macronisés ? À moins que la politique de Macron soit tellement mauvaise, qu’elle se suffit à elle-même pour produire sa propre controverse ?
Quand par hasard, l’opposition s’exprime, aussitôt en face, les personnels de l’audio-visuel se réveillent. Ils retrouvent leur métier de journaliste. Rouletabille devient coupant, pose hardiment des questions. Il interrompt, cherche à déstabiliser. Il fait enfin le boulot. On le dirait libéré d’une surveillance : celle du patron dans la pièce à côté et d’un Big-Brother invisible, dont on sent la présence redoutée.
À la longue, les ficelles du métier finissent par se voir, d’où l’impossibilité de rester deux heures devant la télé, comme je le faisais avant. Le journaliste a changé, il flagorne ou il s’essaie à la mise à mort. Il est déconnecté d’une vision intelligente.
La spéculation devient une sorte de discussion sémantique sur les décorations intérieures de Sainte-Sophie, dans Byzance, le 28 mai 1453 très exactement, alors que Mehmed II entrera dans la ville le lendemain, mettant un terme à l’Empire d’Orient.
Cela ne crève-t-il pas les yeux d’une urgence médiatique qui fait défaut ?
Les raisons pour n’en rien faire sont de tous ordres et correspondent chaque fois à une urgence qui n’en est pas une, comme la question du foulard.

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Développer les sujets impératifs serait trop long. En ressortir quelques-uns est à peine possible dans cette chronique, dont on dit qu’elle est trop bavarde. L’économie libérale telle qu’elle se développe prend une méchante tournure. La mondialisation heureuse était une bêtise. La privatisation des biens communs détenus par l’État en est un avatar local. Même le camp bourgeois en convient. Une sourdine est mise à ce niveau. Il reste assez de jugement du public pour qualifier la mondialisation de faillite. De ce point de vue, la discussion hier sur « C dans l’air » France 5, sur la privatisation de la Française des jeux et celle des aéroports parisiens, nous reconduit sur les bords du Bosphore en 1453.
Le phénomène de transhumance des populations est un problème majeur. Il est relié aux disjonctions économiques d’un continent à l’autre, conséquences lointaines de la colonisation, des guerres d’intérêt des grandes puissances et au dérèglement climatique.
Va-t-on reprendre les travaux du britannique Thomas Malthus sur la restriction démographique, et les nécessaires réformes proposées par Pierre-Joseph Proudhon ? Non. On se moque. Ce sont de vieilles lunes de deux siècles qui ne correspondent pas aux défis du XXIme siècle. On ferait quand même bien d’en extraire quelques vérités intemporelles.
Quelqu’un a dit, il y a vingt ans « le temps presse, nous n’avons plus que dix ans devant nous pour changer notre mode de vie ». On tient le même langage aujourd’hui, mais ceux qui le tiennent, retombent sans coup férir avec le sujet suivant, dans la basse-cour du politiquement correct. Il est vrai, on nous avait certifié scientifiquement il y a cinquante ans que les réserves des nappes pétrolifères seraient épuisées dans… 35 ans !
Évidemment, de telles inepties soutenues par de grands scientifiques, devraient au moins perturber l’assurance de ceux qui font du capitalisme, une économie en croissance constante sous peine de crise et de récession grave.
Voitures de 350 chevaux, savons moussant à l’or fin, parfums magiques, exciting soap for fast bandages, mirobolants analgésiques : le petit écran hypnotise le consommateur et rendort le citoyen qui est en lui. Parfois, quelques images de faim et de guerre, presque subliminales, traversent l’écran. Cette réalité tombe pile au moment où Mbappé frappe au but l’adversaire du PSG. Le côté paradisiaque de la société de consommation est un masque qui nous transporte à un carnaval de Venise perpétuel.

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