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En France : Manu tension !

Une année de pression policière pour désorganiser les samedis de lutte des Gilets Jaunes n’a pas réussi à éteindre le mouvement. Les juges aux ordres de madame Belloubet ont enlevé les dernières hésitations sur l’indépendance de la justice. Ils se sont hissés au diapason des arrestations de masse de la police française, par des condamnations en série sur le simple témoignage de la police. On ne peut faire plus explicite d’une justice expéditive et instrumentalisée par Macron et son entourage.
Les dégradations et violences qui accompagnent presque toujours les déplacements de masse ne sauraient justifier les chiffres impressionnant des condamnations. Ils sont éloquents : près de 10.000 gardes à vue, 3.100 condamnations, 400 peines de prison ferme... Le pouvoir osera-t-il assimiler ces manifestants à des délinquants ? Déjà, la justice a franchi le pas, à sa manière, lourdement, grossièrement ! Les juges feront date dans le quinquennat d’une répression qui ne s’était jamais vue sous la Vme république. On se croirait revenu à Vichy en 1942. Sous ce régime, les magistrats y avaient appris à faire du zèle !
Le gouvernement a fait le choix de faire porter à la justice la gestion répressive d’un mouvement social, faute d’y apporter une réponse politique crédible. Les condamnations en chaîne ont relancé le débat sur l’absence d’indépendance du parquet.
La justice n’a pas à soutenir un gouvernement pour aider à résoudre un conflit social, dans une collaboration avec la force publique. C’est un peu ce qui se passe en Belgique pour les mêmes raisons, lorsque la presse qualifie les jugements « d’exemplaires ».
Sauf pour Bruno Jeudy de Paris-Match qui n’y voit pas d’abus, cette dérive de la justice s’est matérialisée en France par une infraction liée à une « participation à une bande ayant des visées violentes », qui permet de poursuivre en justice immédiate des citoyens qui ne font qu’exercer leur droit à l’expression politique, rien que par des signes de présomptions, port d’un casque de moto, respirateur anti-poussière, parapluie ( !), voire appareil photographique et Smartphone !
D’habitude d’une extrême lenteur (le procès d’Édouard Balladur est à plus de dix ans d’instruction, ceux de Sarkozy et de Fillon passeront-ils jamais ?), par contre, c’est le turbo avec les Gilets Jaunes. C’est curieux que malgré son peu de moyens, la justice se soit montrée aussi performante et zélée à l’égard des gens.

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C’était une tactique évidemment, ce qui prouve bien la collusion entre le gouvernement, la justice et la police. Ainsi les nombreuses gardes à vue, les poursuites, les condamnations auront participé à l’essoufflement du mouvement, en dissuadant ses acteurs de persister dans leur engagement. Comme les personnes présentées étaient toutes d’origines modestes, des amendes de 1000 € et plus, des emprisonnements immédiats donnant ainsi à l’employeur le moyen légal de licencier la personne condamnée, ont été des armes de lâche tombant sur de pauvres gens, mais par ailleurs efficace.
Lorsque l’arbitraire des régimes forts s’abat sur le pays, il étouffe la démocratie. Le conflit civil est aussi ressenti dans le rapport entre les manifestants et les forces de l’ordre : la police du peuple, contre le peuple !
On entre dans l’inouï d’une situation : des citoyens français risquent leur liberté au nom de leurs convictions, sans être entendu par le pouvoir politique qui, au contraire, déchaîne contre eux la police et la justice !
N’entre-t-il pas dans la mission de tout représentant du peuple de répondre à des mouvements sociaux aussi importants ? L’expression démocratique n’est-elle pas un bien de tous et qui doit être protégée ? Qui peut croire que la tournée des mairies organisée par Macron fût une réponse, alors qu’elle poursuivait un but de propagande : répandre la parole du « chef ».
Le premier sentiment que m’évoque cette année folle c’est l’indignation et le second, c’est l’incompréhension. Comment le pouvoir a-t-il pu descendre aussi bas dans l’ignominie sans s’apercevoir qu’il sortait des règles de la démocratie ?
Il peut se dire actuellement soutenu par la presse dans son ensemble, par sa police dont il a relevé les salaires et les avantages comme le prix du sang et sa justice en révélant au grand jour l’accablant avilissement des magistrats à servir la garde-des-sceaux dans sa vindicte à l’égard des Gilets Jaunes.
Mais après, comment Macron pourra-t-il parler des droits de l’Homme sans rougir ? De quoi l’avenir sera fait aux yeux de l’Europe, d’un État sorti de la démocratie?
Le Peuple français résigné prendra-t-il sur lui d’abandonner ses droits pour assister bientôt à une suite attendue d’un match qui lui échappe entre Macron et Le Pen ? Faudra-t-il des morts pour changer la donne ? Est-ce cela l’avenir pour la majorité des gens ?

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