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L’ersatz du bonheur.

Et si l’Europe bien à droite, solidement réactionnaire, sortie étrangement comme un drôle de canard du panier de la ménagère, était devenue la planche de salut d’un capitalisme groggy, qu’un Macron et un Michel veulent sauver malgré nous ?
Les règles communes, adoptées d’enthousiasme par le parti libéral, sont devenues le paravent derrière lequel se cache la droite pour ne pas rire en public, afin de ne pas faire mauvais effet, du bon tour qu’elle joue aux populations sous son joug.
Cela sera toujours possible tant qu’elle trouvera des collaborations mi-bénévoles, mi-intéressées des Laurent Berger de la CFDT et Marie-Hélène Ska de la CSC, une télévision complice, un enseignement stérilisé sans esprit critique ;
L’austérité, la pension par point sous prétexte d’universalité, la règle des 3 % de déficit, les normes et gabarits communs pour les choses les plus incongrues, les traités internes et externes, la privatisation des entreprises d’État, la marchandisation des soins dans des hôpitaux privés, l’européanisation des bas salaires par le statut de la main-d’œuvre voyageuse, il n’y a rien pour nous faire aimer l’Europe.
Le dernier hyppe tient d’une volonté politique d’en finir avec la responsabilité de l’élite dans le désastre des rapports avec les citoyens, sous prétexte des ukases de l’UE fixant des calendriers stricts de mise à niveau. Philippe est faussement navré, mais il a des impératifs de gestion qu’il ne peut contourner. Sophie Wilmès se lamente de la perte de temps dans la mise aux normes de l’UE pour cause de paralysie du gouvernement en intérim. Merci l’Europe.
Cette autorité supérieure que les chefs ont voulue veut dissoudre les résistances dans le marché, afin de ne plus y voir que des populations dans leurs désirs singuliers de s’individualiser, oublieuse du collectif.
Le libéralisme prend une attitude tranchante de dureté en interne, par la puissance singulière des manipulateurs d’argent parvenus au sommet de la puissance spéculative.
Un agglomérat d’intérêts prend à l’aise le vent des restrictions et des reculs sociaux infligés aux populations, assurés d’avoir réussi à faire partager le dégoût du « matérialisme mortifère du communisme" (alors qu'il n’existe plus sur le continent) par les électeurs qui votent « libéral » contre leurs propres intérêts.
Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais en rendant l’addiction populaire, l’argent est devenu le critère de la réussite et la justification des injustices sociales.
Un autre Orwell associé à un autre Huxley pourrait écrire la « dictature du bonheur » dont la caractéristique serait que tout le monde devrait se dire « heureux » et non malheureux par apriori, comme l’a dit encore Macron dans son étonnement de voir la France si belle, alors que les mélancoliques la trouvent socialement si laide !
N’est-ce pas l’épanouissement de l’ego que le capitalisme rend possible ?

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En même temps, on assiste à la désagrégation du sentiment de vivre ensemble. Les gens se recroquevillent sur eux-mêmes. Le pouvoir leur dit d’avoir peur et ils l’ont, en effet.
Le nœud du drame tient dans la fusion historique de la droite libérale avec la gauche libérale, sur les grands principes du vivre ensemble. Entre elles, pas de différences véritables, si bien que la gauche non-libérale, s’en trouve déforcée.
Ces deux composantes au pouvoir, droite et gauche, œuvrent à la marchandisation généralisée, à la « mobilité » présentée comme une liberté, au clientélisme des identités, au fantasme de la possibilité de se réinventer.
Ce serait presque un conte de Noël de voir cette gauche libérale rejoindre la gauche de combat qu’elle n’aurait jamais dû quitter, dans le refus de « la domination de la finance », le souci d’une vraie souveraineté du peuple.
Et c’est possible aujourd’hui, tant sont énormes les sacrifices que le libéralisme demande aux gens des plus petites conditions possibles, comme s’il avait de la haine pour ceux qui sont leurs reproches vivants.
A quand la « common decency » de George Orwell, avec le sens de l’honneur si particulier du don de soi, sans sombrer dans « l’honneur bête » qui consiste à remercier celui qui vous donne des pieds au cul ! Rares sont les intellectuels de gauche à glorifier les vertus ordinaires, en les attribuant au mode de vie des gens simples. Charles Dickens n’admire rien, si ce n’est la common decency (l’honnêteté des mœurs), écrit Orwell. Cette « décence commune » ordinaire est la pierre angulaire sur laquelle Orwell a bâti sa vision de la politique. Un populisme moralisateur pour petit-bourgeois, dirent ses adversaires. Personnellement, je crois que le seul groupe humain disant la morale est celui du peuple. On n’est pas dépravé lorsqu’on a faim, que l’on est humilié ou quand le travail dégrade l’ouvrier. On est victime ! Toute cette misère se transcende dans la révolte. Une révolte raisonnée, est une révolte vertueuse, menée par des gens vertueux.

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